En quittant parents et amis, ils espéraient trouver leur terre promise où couleraient le lait et le miel. Finalement, ce rêve sera brisé face aux conditions difficiles auxquelles ces jeunes Burkinabè seront confrontés. Il est 20h56, quand le charter convoyant ces immigrés atterrit à l’aéroport international de Ouagadougou. Au total, ce sont 133 migrants qui ont regagné la mère patrie en provenance de Tripoli en Libye, ce jeudi 7 janvier 2016.
C’est avec le concours de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), que ces jeunes Burkinabè pour la majorité, ont pu regagner le pays de façon volontaire. Ces derniers, il faut le souligner étaient en situation de vulnérabilité dans leur pays d’accueil (Libye). A propos de ce retour, comme l’a si bien signalé Abdel Rahmane Diop, Chef de bureau OIM Burkina Faso, il n’est pas question de rapatriement mais plutôt « d’un mouvement de retour volontaire, car il revient aux migrants de se signaler d’eux-mêmes auprès des autorités dans le pays de départ. Ils expriment leur volonté de vouloir rentrer au Burkina Faso et notre bureau est essentiellement chargé de coordonner l’opération et de l’organiser ». Cette opération a été effective grâce à l’appui des autorités gouvernementales à travers le Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger qui relève du ministère des Affaires étrangères et le soutien de l’ambassadeur du Burkina Faso à Tripoli.
Pour les concernés, il était question pour eux d’aller à la quête d’un mieux être. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées pour la meilleure des manières une fois sur le sol Libyen. Ils disent même être victimes d’injustice. En témoigne les propos d’Adama Sanane: « Je suis parti pour la Libye il y a 2 ans de cela. Durant tout ce temps, c’était vraiment la misère. On était en insécurité et à la merci des Libyens. Sans aucune raison, nous étions maltraités. Et face à cette situation, moi, personnellement j’ai fais recours à l’ambassade pour envisager un retour au pays ».
Même son de cloche chez Bassirou Gningnin, parti il y a de cela 8 mois: « Pour dire vrai, les choses ne se passaient pas du tout bien pour nous. Moi par exemple, j’ai été victime d’acte de vandalisme. La maison dans laquelle je logeais a été saccagée. Par la suite j’ai été arrêté puis enfermé pendant 2 mois et 15 jours ».
Ce mouvement de retour volontaire piloté par l’OIM s’inscrit dans le cadre d’un projet intitulé « Prévention et gestion des flux de migration irrégulière du désert du Sahara à la méditerranée (SAHMED) », qui bénéficie du soutien financier de l’Union européenne et de la Coopération suisse. L’OIM Burkina, à travers un fonds (Global Assistance Fund), apporte une assistance au retour et à la réintégration des personnes victimes de traite. L’organisation effectue donc le retracement familial, assure l’accueil de la personne et sa réinsertion sociale.
Concernant les migrants rentrés au pays, il leur sera remis la somme de 29.500 francs CFA par personne pour regagner leurs familles respectives. Et par la suite, « un certain nombre aura droit à ce que nous appelons l’aide à la réintégration. C’est une aide que nous mettons à la disposition de ces personnes en vue de leur faciliter la réinsertion sociale et professionnelle », confie Abdel Rahmane Diop.
Pour ce retour qui en effet est le deuxième du genre, l’OIM est soutenue dans cette activité par le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR), qui s’est chargé de conduire les migrants vers un centre d’accueil en vue de leur hébergement avant que ceux-ci rejoignent leurs familles respectives.
Guy Serge AKA