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Le Quotidien N° 783 du 5/6/2013

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Armée malienne : Kidal, pour l’honneur
Publié le jeudi 6 juin 2013   |  Le Quotidien




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On le pressentait. Le contentieux entre l’Etat malien et les rebelles touareg avait de fortes chances de se régler par les armes. Le temps de la diplomatie s’est momentanément arrêté (jusqu’à nouvel ordre), pour faire place à celui de la guerre. Depuis ce mercredi, l’armée malienne est en train de laver l’affront de l’occupation d’une partie du territoire national par un groupe armé, en l’occurrence le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad). La prise de la localité des mains des rebelles touareg est le premier coup de semonce annonciateur de la marche de libération de Kidal.

Il fallait être dupe pour ne pas lire les signes avant-coureurs de la confrontation. L’attitude belliqueuse et intransigeante du MNLA ne pouvait avoir de réponse diplomatique. La voie des armes devenait dès lors la seule alternative offerte aux autorités maliennes. Et c’est ce à quoi s’emploie l’armée malienne. Encore une fois, la crise malienne prend un tour dramatique. Le dialogue demeure une chimère face à des groupes armés dont les revendications sont inacceptables. Hier c’était les djihadistes, aujourd’hui les Touareg, avec tout un dénominateur commun, celui de piétiner l’intégrité territoriale du Mali. Tous ont aussi cette aversion de la négociation et surtout de la démocratie. Le MNLA a toujours démontré, par ses louvoiements, qu’il n’accordait aucune espèce de respect aux vertus de dialogue. Pire, il ne s’inscrit pas dans une perspective démocratique. Il assistait à contrecœur à la normalisation au Mali et l’organisation prochaine de la présidentielle. La preuve, il a multiplié ces derniers temps des actes de provocation visant à déclencher un nouveau conflit et à semer le désordre. Il a réussi son entreprise avec les nouveaux cliquetis des armes.
L’assaut lancé par l’armée malienne met donc de facto fin à la négociation. C’est une deuxième gifle pour le médiateur, après celle que lui avait infligée la France avec l’opération Serval. Comment comprendre cette mauvaise lecture de la situation par la partie en charge de la médiation ? Rien que le 3 juin dernier, Djibril Bassolet, le missi dominici du médiateur, lançait à la cantonade : « La guerre est finie ». Les faits montrent aujourd’hui qu’il s’est mépris. La deuxième guerre du Mali a bel et bien commencé, mais avec un autre ennemi, le MNLA. Il est donc impératif pour la médiation burkinabè de se montrer plus pragmatique et moins naïve vis-à-vis des groupes armés maliens. Par deux fois, dans le même dossier, elle a été ridiculisée. Cela ne peut pas continuer. Ou elle en tire les conséquences et se retire du dossier, ou elle se fait respecter des différentes parties. Mais ce qu’il lui faut, c’est sans doute une plus grande fermeté à l’égard des rebelles touaregs. On ne peut pas mettre sur le même pied d’égalité un Etat et un groupuscule armé, de surcroît sans parole. Dans le cas du MNLA, il y avait beaucoup de raisons de lui dire les quatre vérités. Car ce mouvement est à la base de tous les malheurs du peuple malien, pour avoir accéléré l’invasion du Nord par les narco-islamistes. La médiation devrait aussi rappeler aux irrédentistes du MNLA les crimes contre l’humanité commis à Aguelok. Le MNLA, ce n’est pas Blanche-Neige, et le médiateur devrait l’intégrer dans sa démarche. Ce mouvement, après le terrible tort fait au Mali, devait être mis définitivement sur une liste noire. Cela n’a pas été fait. Qu’il ait donc l’humilité de savoir où se trouve sa place.

Des négociations, on en reparlera certainement un jour. Mais pour le moment, le vin de la guerre est tiré, il faut le boire. L’armée malienne a sans doute pris la mesure de la situation avant de déclencher les hostilités. Elle semble ne pas vouloir compter sur qui que ce soit pour mener à bien cette opération de reconquête de la seule ville encore hors de contrôle.

Elle peut exclure d’ores et déjà la France de sa liste de soutiens. Ce pays a en effet érodé son capital sympathie acquis après son intervention militaire, du fait de son double jeu avec le MNLA. Au finish, il y a même cette impression diffuse chez bien des Maliens, selon laquelle la France a fait tout ça non pas pour le Mali, mais pour le MNLA. Ce sont les troupes françaises qui ont offert Kidal aux rebelles touareg. Le président François Hollande et la classe politique française se montrent depuis toujours très conciliants avec le MNLA. Cette deuxième guerre, le Mali la mènera donc seul, à moins que des Etats amis et plus tard les casques bleus, ne lui donnent un coup de main. Toujours est-il que l’armée malienne a là une opportunité de redorer son blason. Mise en déroute aux premières heures du conflit, placée sous tutelle pendant la reconquête, elle n’a été jusque-là que l’ombre d’elle-même.

Pour l’institution militaire malienne, prendre Kidal est donc une question d’honneur. Reste à savoir si elle a les moyens de mener à bien et rapidement cette opération qui n’est pas sans risques .

La rédaction

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