Il y a de cela un an, la France était frappée en plein cœur par l’attentat terroriste le plus meurtrier contre un journal. En effet, le 7 janvier 2014, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo était la cible d’extrémistes musulmans qui ne sont pas passés par quatre chemins pour décimer la rédaction du canard qui avait commis le « crime » de lèse-majesté de caricaturer le Prophète Mahomet. La réaction des forces antiterroristes françaises permettra de mettre hors d’état de nuire les frères Kouachi, auteurs de ce carnage sans précédent. Cet acte, véritable attentat contre la liberté d’expression et de presse, sera unanimement condamné à travers le monde. S’en suivra une mobilisation extraordinaire et une vague de solidarité envers la France pour contrer les forces de l’obscurantisme.
L’attentat contre Charlie Hebdo peut être vu sous l’angle d’une guerre de civilisations
Un an après, c’est dans la douleur que les Français commémorent l’événement, et l’humanité est toujours en guerre contre les fondamentalistes qui continuent de semer la terreur et le chaos à travers la planète. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le monstre est loin d’avoir été vaincu. Pire, il est même plus actif que jamais. En témoignent les attentats du vendredi 13 novembre 2015, onze mois après ceux de Charlie Hebdo, qui ont secoué la capitale française, du stade de France au Bataclan, en passant par la terrasse de plusieurs cafés. Sans oublier la vague de terreur qui a traversé toute l’Europe au même moment, avec les reports successifs de rencontres de football en Espagne, en Allemagne, en Belgique, en raison de la forte menace terroriste. Plus près encore, les fêtes de fin d’année ont vu une mobilisation exceptionnelle de moyens de sécurité à travers plusieurs pays d’Europe, pour les mêmes raisons. La France et la Belgique, par exemple, étaient sur les dents et ont déployé des mesures exceptionnelles de sécurité pour la célébration des fêtes de Noël et de la Saint Sylvestre. Preuve, si besoin en était encore, que loin d’avoir été ébranlée, l’hydre terroriste est toujours présente et semble avoir pris du galon.
Au-delà, le drame de Charlie Hebdo traduit l’expression d’une lutte féroce entre le monde de la liberté et celui de l’intolérance. Il écœure par son horreur et son originalité, en ce sens que c’est toute une rédaction qui a été décimée, dans un contexte de paix, d’autant plus que la France n’était pas en guerre contre une partie de l’humanité. Toute chose qui pourrait justifier la vague d’émotion et le tollé général ressentis à travers la planète tout entière.
En même temps, l’attentat contre Charlie Hebdo peut être vu sous l’angle d’une guerre de civilisations entre un monde occidental jaloux de sa liberté qu’il veut totale, et un monde arabo-musulman fondamentaliste aux valeurs plus strictes. D’où cette difficile cohabitation, dans un monde aujourd’hui globalisé où les messages n’ont plus de frontière. Quoi qu’il en soit, pour un monde de paix, chacun devrait faire sien l’adage selon lequel « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Car, aussi contradictoire que cela puisse paraître, la liberté est une notion très complexe qui impose des contraintes aux citoyens. Et Voltaire ne défend pas autre chose, quand il dit « je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis, mais je me battrai pour que tu aies le droit de le dire ».
Jamais l’Occident ne voudrait céder à la peur
A ce titre, chacun devrait mettre de l’eau dans son vin, car l’intolérance et la provocation ne mènent nulle part. Et cela commence par la reconnaissance, le respect et l’acceptation de l’autre dans sa différence. Autrement, des Charlie Hebdo, il y en aura encore et toujours, des attentats aussi, mais cela n’émoussera pas les ardeurs des défenseurs de la liberté, ni celles des anges de la mort.
Pour en revenir à Charlie Hebdo, l’ironie du sort a voulu que cet attentat booste paradoxalement les ventes d’un journal qui n’était pas loin de mettre la clé sous le paillasson, englué qu’il était dans de grandes difficultés financières avec à peine 30 000 ventes hebdomadaires. Depuis les événements, le journal qui tournait en moyenne à 750 000 exemplaires jusqu’en juin, et 300 000 exemplaires en septembre, s’était dernièrement stabilisé à 100 000 exemplaires. Pour l’édition de la date anniversaire, il sera tiré à près de un million d’exemplaires. Au-delà des chiffres, c’est le signe de solidarité des combattants de la liberté contre ce qu’ils considèrent comme les forces de l’obscurantisme. Jamais, l’Occident ne voudrait céder à la peur. C’est pourquoi au lendemain des attentats du 13 novembre dernier, les Parisiens n’ont pas hésité à retourner au Bataclan et à prendre d’assaut les terrasses des Cafés. Et on peut les comprendre car, quelle qu’en soit la raison, rien ne justifie que l’on puisse perpétrer des actes d’une telle barbarie contre des humains en ce XXIe siècle, qui plus est, pour de simples caricatures. Cela est inacceptable. Comment éviter cela à l’avenir ? Là est la grande question. En tout état de cause, le combat de la liberté de presse est un défi permanent. Et la liberté de la presse doit être au service du mieux-vivre et du vivre-ensemble. Car la liberté d’expression est le fondement de la vie communautaire. Mais au grand jamais, l’intolérance ne doit triompher, d’où qu’elle vienne.
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