Une année s’achève… Une autre commence… Et les élucubrations continuent.
De nouvelles affiches du Président Roch Marc Christian ont fait leur apparition sur les boulevards. Des affiches-posters à la gloire de notre tout nouveau Chef de l’Etat. La présidentielle du 29 novembre 2015 a beau être inscrite en lettres d’or dans les annales de notre pays, elle est désormais derrière nous. Il faut vite tourner la page et aller de l’avant. Comme disent les branchés, allons seulement.
Un adage du Mosstenga dit ceci : si au cours d’une bagarre acharnée tu parviens à me jeter à terre, je concéderai que tu es plus fort que moi. Mais si jamais pendant que je suis au sol, tu t’avises de monter sur moi, de me prendre par le cou pour me donner des coups sur la gueule, alors tu l’auras cherché. Je me saisis de ton nez ou de tes lèvres, de ta gorge ou de ta joue, ou de toute autre partie de ton corps… et je te mords fort avec les dents. Les dents c’est fait pour ça.
Ne parlons donc plus de win-vouka ni de tout ce qui rappelle le win-vouka. Il ne faut pas en rajouter à l’amertume de Zéphirin Diabré, qui, du reste a droit à tous les honneurs de la nation. Cette nouvelle campagne de posters géants n’était pas indispensable.
C’est le lieu de tirer au clair une expression employée à mauvais escient depuis la victoire de Roch Marc Christian Kaboré. Tout le monde parle de candidats malheureux pour qualifier les 13 autres candidats qui étaient en compétition avec Roch.
Candidats malheureux ? En quoi sont-ils malheureux ? Vous ont-ils déclaré qu’ils étaient malheureux ? Mais nooon… Le seul candidat qui pourrait être malheureux à l’issue de cette élection c’est Zéphirin Diabré. Pour la raison qu’il est le seul a avoir manqué d’être élu à la place de Roch. C’est-à-dire que Zeph était le seul à donner quelque souci à Roch.
Savez-vous ce que c’est que d’être malheureux ? C’est être dans une situation pénible, douloureuse. Si subir un échec à une élection présidentielle rendait malheureux, il n’y aurait pas de candidat à se présenter pour la deuxième fois, voire la troisième fois. Alors, des candidats malheureux, disons seulement qu’ils sont déçus, ou qu’ils ont été vaincus, ou qu’ils ont été battus, ou qu’ils ont échoué, mais pas qu’ils sont malheureux. D’ailleurs je vous l’ai déjà dit, en se présentant à la présidentielle, chaque candidat a son plan B. D’abord, la seule participation vous élève à la dignité de «PRESIDENTIABLE ». La présidentiabilité est une distinction honorifique qui vous donne des droits. Vous avez bien vu qu’à la cérémonie d’investiture, pour Kosyam, on avait réservé une place d’honneur aux soi-disant candidats malheureux à deux pas du fauteuil du Président du Faso. A l’issue de la cérémonie, le protocole les a conduits auprès du Chef de l’Etat pour une prise de photo sous les projecteurs et les flashs. Et sur un tapis rouge. Moi, je donnerais bien 25 millions pour de tels honneurs. Si j’avais 25 millions, évidemment. Ou plutôt si j’avais 10 fois 25 millions. Vous vous imaginez bien que pour claquer 25 millions en guise de caution, il faut avoir 10 fois ce montant dans une mallette dans sa chambre.
Comme il y a les « PRESIDENTIABLES », il y a aussi les «DEPUTABLES », pour parler des candidats malheureux aux législatives. Pour ce beau monde, de Présidentiables et de Députables, j’ai une idée. Voilà… Puisque nous, nous savons qui est qui, puisque eux ne savent pas qui ils sont, alors, très vite, il faut que le Président Salif Diallo prenne une loi pour obliger tous les présidentiables et tous les députables à se présenter aux prochaines élections municipales. Ainsi, aux résultats, tout le monde saura qui est qui et chacun saura qui il est… De la clameur des foules au vote du peuple, j’aimerais bien voir si on peut être chef de parti politique ou candidat à l’élection présidentielle du Faso et ne pas pouvoir se faire élire conseiller municipal.
Dans la foulée, Salif Diallo, en digne successeur de Sy Chérrif le Magnifique, devra prendre une autre loi à l’endroit de Roch Marc Christian Kaboré, Président du Faso. Que désormais il lui soit interdit de porter le kassabo.
Vous avez vu le look que Roch nous donne à voir depuis qu’il est Président de la République. Le costume-cravate. Chic de chic ! Roch est tout à fait comme sur la photo qui figure sur ses affiches de campagne. Il rappelle les années 90 lorsqu’il était Ministre d’Etat et Premier ministre. Mais pour quoi s’était-il donc mis au kassabo notre Roch alors que le costume-cravate lui va si bien ? Le beau Blaise c’est fini. Le beau Roch est arrivé.
Alors, c’est bien compris ? Nous ne voulons plus voir notre Président en kassabo. Ni en kassabo du Ganzourgou, ni en kassabo du Zoundwéogho, ni en kassabo des Hauts-Bassins, ni en kassabo du Mouhoun. Costume-cravate et rien que.
Tiens, tiens, tiens… Alors qu’il est adepte du kassabo, durant toute la Transition, je ne me souviens pas avoir vu Roch en mode Zida. Ni Roch, ni d’ailleurs aucun des RSS. Ainsi, à son investiture, Salif Diallo avait plutôt l’allure Jonathan Gooluck, le chapeau en moins.
Cela dit, en parlant des kassabos de Roch, je n’inclus pas le kassabo style Sy Chériff. Pas du tout. Le kassabo de Sy Chériff ressemble à un kassabo mais ce n’est pas tout à fait un kassabo.
A propos, Sy Chériff doit avoir un secret dans l’entretien de ses kassabos. Lorsqu’il a présidé en lever de rideau la séance inaugurale de l’Assemblée nationale, il était dans un kassabo dont le blanc était plus blanc que le blanc des kassabos qu’il portait jusque-là.
Parlons justement de cette séance inaugurale qui a vu la désignation du nouveau Président de l’Assemblée nationale Son Excellence Salif Diallo. A dire vrai, cette séance a été des plus fades. Il n’y avait vraiment rien à voir. Les séances de désignation de Président ne sont intéressantes que s’il y a un brin de suspense. Un deuxième tour par exemple, avec l’éventualité d’un retournement de situation. Mais là, l’élection de Salif Diallo était certaine. Aussi certaine et sûre que 2 et 2 font 4. Le spectacle est venu de Noufou Ouédraogo.
Lorsque j’avais lu le nom de Noufou Ouédraogo sur la liste des candidats élus, jamais à aucun moment je n’avais eu à l’esprit qu’il s’agissait de Noufou Ouédraogo. Pensez donc ! Noufou Ouédraogo député à l’Assemblée nationale ! C’est comme si Missié Goama avait été nommé Cardinal de Ouagadougou. La passion du foot mène à tout. Voilà notre Noufou Ouédraogo national élu député du peuple et qui a même failli goûter aux délices du perchoir avant Salif Diallo, si lors de la séance inaugurale, la mise en place du bureau d’âge par Sy Chériff avait été effectuée selon les procédures prévues en la matière. Mais voilà, il y a eu erreur de casting. Le doyen d’âge qui devrait présider la séance n’était ni le député Théodore Ouédraogo, ni monsieur Laurent Bado et encore moins René Lompo qui a été désigné. Le doyen de la nouvelle Assemblée, c’est-à-dire le député le plus ancien par l’âge, c’était Noufou Ouédraogo, l’illustre Noufou Ouédraogo, né en Septembre 1940. J’en sais des choses moi, qu’est-ce que vous croyez !
C’est donc à Noufou que revenait l’honneur de monter au perchoir pour procéder à l’élection de Salif Diallo et non à pas à René Lompo.
Par la suite, j’ai demandé à un tout nouveau député si Sy Chériff ne savait pas que Noufou Ouédraogo était le plus âgé de la nouvelle Assemblée. Il m’a dit ceci :
Tu parles ! Il le sait bien, c’est son grand frère. Mais Sy Chériff connaît aussi son homme. Il sait que Noufou est imprévisible. S’il lui proposait de prendre le perchoir, il n’aurait pas décliné l’offre comme l’ont fait le Boussouma et Laurent Bado. Il aurait accepté sans la moindre hésitation… et bonjour les dégâts. C’est un argument qui ne m’avait point convaincu. A l’UNSE, Noufou Ouédraogo est à la tête de plusieurs dizaines de milliers de supporters. Rien à voir avec 125 ou 127 députés dont le mandat n’est même pas encore validé. L’autre argument serait la maîtrise de la langue française ? Pour ma part je n’ai jamais entendu Noufou Ouédraogo s’exprimer en Mochichi. Toujours en Français et à tout propos. Et il se fait comprendre :
Moustapha Thiombiano à dit qu’il y a des voleurs d’idées à Ouagadougou ici. Il n’y a pas que des voleurs d’idées, cher Laabli il y a aussi des voleurs de belles paroles.
Vous connaissez l’Avenue Houari Boumedienne. De l’entrée Sud de la banque BCB en se dirigeant vers Boins-Yaaré, il y a le croisement avec l’Avenue Ouezzin Coulibaly qui va de l’Hôtel Indépendance à l’aéroport. A l’angle droite se trouve la station Shell devant et à l’angle gauche, la station Total. A deux pas de la station Total, il y a ERIMETAL une maison commerciale à deux niveaux de vente de matériel de bureau. Juste devant ERIMETAL se trouve un panneau publicitaire géant comportant l’inscription suivante : « WHEN THERE IS A WILL THERE IS A WAY ».
Voleur de belles paroles je vous dis ! Qui a inventé cette belle phrase ? C’est Tebguéré !! Hein !? Qui d’autre ? Who ?
A Tebguéré ce qui est à Tebguéré.
Vous croyez que je vais boucler la page 6 sans vous souhaiter la bonne année ? Mais non, mes chers amis, mais non…
Bonne année… Bonne année de tout cœur. Je souhaite le meilleur pour vous tout en bannissant le pire. Encore une fois, bonne année !
Et je m’en vais vous conter le spectacle auquel j’ai assisté le Jour de l’an.
Pour la fête, mon cousin Kigui avait fait venir plusieurs bidons de gnontoro par Air Kiembara et j’étais allé prendre ma part chez lui. Parvenu à son domicile, je le trouvai en compagnie d’un zig Mochichi qui portait une calebassée de gnontoro à sa bouche. A son regard, je vis qu’il était éméché. Je m’adressai à Kigui :
Dis, Kigui, ton type n’a pas l’air bien.
Oui, il est à sa quatrième calebasse.
Quatrième calebasse ? C’est du gnontoro de qui ?
De la tante Toulô
Du gnontoro de la tante Toulô et tu le laisses boire 4 calebasses ? Tu n’es pas gentil Kigui.
Que veux-tu ? Lorsque je me rends dehors et le laisse seul, il se sert lui-même.
Mais si tu sors tu devrais mettre le gnontoro hors de sa vue. Tu sais que le gnontoro de la tante Toulô ce n’est pas de la rigolade.
Kigui me présenta ensuite à son ami. Lorsque je tendis la main pour le saluer, Kigui ajouta :
Gnouga, c’est mon cousin Toégui. C’est lui qui fait les élucubrations chez Nakib.
Gnouga ouvrit les yeux tout grands, me fixa et se mit à réfléchir. Soudain il éclata de rire en pointant son index sur moi tout en criant :
Toégui… Toégui. Hi hi hi ! Toégui ! Ha ha ha ! Toégui… les loms loms hi hi hi ! Toégui ! Le bakari ha ha ha ! Le bakari ho ho ho !
Il se tordait, s’attrapant le ventre. Pendant qu’il ricanait, subitement il perdit l’équilibre et s’écroula… Couché au sol, il se mit à vomir, à vomir, à vomir tout son gnontoro.
C’est jour de fête.
Charles Guibo