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Droit dans les yeux : utilisation des pétards lors des fêtes de fin d’année / Entre défiance de l’autorité de l’Etat et besoin incompressible de se défouler
Publié le mardi 5 janvier 2016  |  Le Pays
Des
© Autre presse par DR
Des pétards.




Toutes les fêtes de fin d’année, on le sait, sont marquées par l’utilisation des pétards. Mais force est de reconnaître que ce phénomène a atteint des proportions exceptionnelles et inquiétantes à l’occasion du passage de 2015 à 2016 et ce, en dépit de l’existence d’un texte qui interdit leur utilisation. Les raisons pourraient être les suivantes. La première pourrait être liée au fait que les Burkinabè avaient véritablement besoin de se défouler. Et l’on peut les comprendre sans pour autant les excuser. En effet, après une année de Transition au cours de laquelle ils ont vécu avec tant d’incertitudes et d’angoisses qui, par miracle, se sont dissipées pour déboucher sur le triomphe de la démocratie, l’on peut comprendre que bien des Burkinabè aient choisi de décompresser à leur manière en transformant tout le pays en une cité pétaradante. Et ils n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Toutes les variétés de ces engins explosifs, a-t-on eu l’impression, ont été mises à profit. Les détonations de certains pétards étaient tellement assourdissantes que l’on pouvait croire qu’elles provenaient de canons d’armes de guerre. Par ces temps qui courent et tout le monde sait à quoi l’on fait allusion, cela n’a pas manqué de susciter, chez les Burkinabè aux nerfs fragiles, la panique. Et ce sentiment est d’autant plus justifié que peu avant les fêtes, les autorités avaient fait état d’une tentative avortée d’évasion du chef des putschistes, orchestrée par de jeunes soldats. Mais au-delà de ce besoin incompressible des Burkinabè de se défouler en plaçant l’accueil du nouvel an sous le signe de l’usage immodéré des pétards, l’on ne doit pas occulter le fait que depuis un certain temps, ceux-ci excellent dans la défiance au quotidien de l’autorité de l’Etat. Et cela est un des lourds passifs du long règne de Blaise Compaoré. En effet, l’on peut avoir l’impression que l’adage selon lequel la peur du gendarme est la première manifestation de la sagesse, s’applique dans tous les pays sauf au Burkina, si fait que sous le nez et à la barbe des forces de défense et de sécurité, les règles de la circulation routière sont allègrement violées et les vindictes populaires observables à tous les coins de rue.

Il revient au gouvernement qui sera mis en place de prendre le taureau par les cornes

L’utilisation des pétards, en dépit de leur interdiction et de leur dangerosité, est une des manifestations de cet état d’esprit des Burkinabè. Le plus inquiétant est que leurs auteurs se retrouvent dans toutes les composantes de la société burkinabè : jeunes, vieux, femmes, hommes. Chacun s’y adonne à qui mieux mieux. Dans cette anarchie généralisée, tout est permis. Dans un tel environnement, l’on peut affirmer que l’utilisation des pétards, tout comme les autres actes indélicats, ont de beaux jours devant eux au Burkina. Et ce serait trop facile de pointer du doigt la douane qui n’aurait pas fait son travail en empêchant les pétards de franchir nos frontières. A la décharge de nos gabelous, c’est que les frontières sont poreuses. Dans ces conditions, ce sont les commerçants véreux qui se frottent les mains ; eux qui, devant l’appétit du gain facile, trouveront toujours des astuces pour introduire dans le pays, les pétards. Et cela doit interpeller tous les Burkinabè. En effet, dans le cas d’espèce, tous ont intérêt à s’inscrire dans le sens de la rupture. Des parents qui, pendant ces périodes de fin d’année, offrent à leurs enfants des sous sans se poser des questions sur l’utilisation qu’ils vont en faire, jusqu’au petit boutiquier du quartier qui dispose de ces explosifs qu’il vend comme de petits pains. Tous doivent d’autant plus le faire que certains pétards sont d’une extrême dangerosité. En témoignent les statistiques avancées par la direction de l’hôpital national Yalgado Ouédraogo, selon lesquelles certains blessés graves enregistrés lors de ces fêtes de fin d’année, sont dus aux pétards. Il faut donc en finir avec ça. Cela est une œuvre collective ; mais il revient en particulier au gouvernement qui sera mis en place, de prendre le taureau par les cornes. Car, rien de grand ne peut se construire dans un pays dont les habitants sont prompts à défier l’Etat. De ce point de vue, l’on peut partager la réflexion de l’ancien président ivoirien, Félix Houphouët Boigny, qui disait préférer l’injustice au désordre. En plus de l’autorité de l’Etat que le nouveau régime doit travailler à restaurer, il doit aussi prendre langue avec les pays pourvoyeurs des pétards et les pays par lesquels ils transitent, de sorte à inverser les tendances. Cela est possible par la voie de la coopération sécuritaire entre les Etats. Car, l’utilisation des pétards est devenue un problème de sécurité publique. Et par ces temps qui courent, où les djihadistes font recours aux explosifs pour endeuiller les familles, les uns et les autres comprendraient aisément toutes les mesures drastiques que les nouvelles autorités viendraient à prendre pour sécuriser notre pays.

Sidzabda
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