La chambre criminelle de la Cour d’Appel de Bobo siège à Gaoua du 3 au 8 juin 2013. L’ouverture de cette session des assises criminelles s’est déroulée lundi matin, et un premier dossier de crime de sang a connu un jugement, avec la condamnation du meurtrier à la prison à perpétuité.
La cérémonie d’ouverture, conduite par le Procureur Général près la Cour d’Appel de Bobo, M. Maurice Nikiéma, a eu lieu en présence des autorités locales de la cité de Bafoudji. Au total, 15 affaires de meurtres, viols, vols, associations de malfaiteurs, doivent être jugées lors de cette session des assises criminelles.
« Le déplacement du siège de la juridiction criminelle est prévue par la loi. Il y a des non-magistrats désignés au sein de la population, conformément à la loi et selon des critères déterminés, qui feront partie de la formation de jugement… On ne peut pas empêcher les jugements par défaut, étant donné l’ancienneté des dossiers. Mais, aujourd’hui, plus de la moitié des accusés ont été déférés», a déclaré à Burkina 24 le Procureur Général.
Le dossier numéro 1, un meurtre familial
Le premier dossier sur lequel s’est penchée la cour, était une affaire de meurtre qui remonte à octobre 2008, dans le village de Diané. H.L, âgé à l’époque de 25 ans, avait poignardé mortellement son oncle, P.N. Tout est parti d’un vol d’arachide de la victime par H.L. Ce dernier, qui a déjà passé un mois en prison, y retournera, suite à une plainte déposée par son oncle (P.N).
Se sentant humilié après avoir écopé de six mois de prison avec sursis, et après que son oncle lui ait retiré son lopin de terre, H.L. décida de se venger dans la nuit du 10 au 11 octobre. Il s’est armé de couteau, et, ayant trouvé la future victime endormie dans sa chambre (sur un étage en banco) vers minuit, il l’a poignardée au thorax gauche et a bien remué le couteau pour, dit-il, « causer beaucoup de dégâts, s’assurer de sa mort immédiate » et ne pas être pris au fait.
Défoncer les yeux du cadavre, pour « ne pas laisser de trace»
Après cela, H.L. avait tenté d’arracher les deux yeux du cadavre, « pour ne pas laisser de trace ». Mais il ne parviendra qu’à arracher l’œil droit. L’assassin a ensuite lavé l’arme du crime, et l’a camouflée sous son lit. Mais il fut le seul suspect arrêté par la gendarmerie, car, quelques jours avant le drame, il avait menacé devant plusieurs témoins, de « tuer quelqu’un ». H.L. avouera sa culpabilité devant le juge d’instruction, et, après des scènes de mensonges devant la Cour, il a confirmé ces aveux.
« Nous ne voulons plus de victime au village »
Le Parquet Général, se basant entre autres sur le fait qu’il s’agissait d’un crime prémédité, que deux autres personnes demeurent sous la menace de H.L., et que l’accusé n’a manifesté aucun remord pour son crime, a requis la prison à vie. « Nous ne réclamons pas sa tête pour des convictions qui nous sont personnelles », a précisé la Procureure Flore Djiguemdé. Et d’ajouter : « Nous ne voulons plus de victime au village ».
La Cour a suivi la réquisition du Parquet, et H.L. a été condamné à la prison à vie. Le conseil de l’accusé, Me Michel Traoré, a confié à Burkina 24 qu’il s’entretiendrait avec son client sur un éventuel pourvoi en cassation. Il a expliqué qu’il demandait la réduction de la peine requise, au nom de la paix et de la réconciliation au sein de la famille endeuillée.
En outre, selon Me Traoré, il aurait fallu chercher à comprendre pourquoi une telle haine d’un jeune garçon sain de corps et d’esprit, à l’égard de son oncle qui représentait pour lui « un père », après le décès de son géniteur. Mais, a reconnu l’avocat, « la procédure s’est déroulée normalement, et les droits de la défense ont été respectés ».