2015. Si loin, si proche. Il reste à peine deux ans et le Burkina saura qui est le nouveau président qui dirigera sa destinée. Demain se prépare déjà aujourd’hui. Les scénaristes sont à l’œuvre. Mais lequel de ces scénarii sera retenu et réalisé en 2015 ?
Le premier de ces synopsis de cette fiction politique à la sauce burkinabè voit 2015 comme l’année de l’avènement de la première alternance démocratique du Burkina. Un Burkina qui, il faut le souligner, n’a pas encore connu un changement de régime ou de présidence par la voie des urnes.
Compaoré s’en va, l’alternance arrive
Les rédacteurs de ce scénario sont confiants et assurent que le Président du Faso fera preuve de sagesse, comme l’a évoqué Adama Fofana, et passera le témoin de la course présidentielle. Ce … rêve-là prévoit donc en 2015, à quelques encablures de l’ouverture du dépôt des candidatures, Blaise Compaoré sortant et déclarant officiellement (ou se taisant officiellement) qu’il cède le fauteuil.
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), s’il n’implose pas, investira un nouveau candidat et l’opposition (qui a intérêt à s’unir) présentera un candidat unique et le peuple décidera. Dans tous les cas, l’alternance (partielle ou totale) aura lieu au Burkina.
Compaoré ne s’en va pas, les interrogations arrivent
Le second scénario aura comme cœur la modification de l’Article 37 de la Constitution burkinabè. Par le référendum ou par le Congrès (les sénateurs prêteront main forte aux députés du CDP et acolytes), la loi fondamentale dira que Blaise Compaoré peut se représenter pour son cinquième mandat, voire briguer plusieurs autres mandats. C’est à ce moment que sera vérifié si oui ou non cette modification rebute réellement les Burkinabè.
L’opposition, si elle maintient l’amorce d’unification qu’elle a entamée sous Zéphirin Diabré, montera certainement au créneau. Quel moyen pourra-t-elle utiliser à part celui de la vindicative rue ? Quel effet aura ce moyen si les Burkinabè qu’elle appellera restent amorphes et atones ? L’avenir sera alors plus qu’incertain pour le Faso.
Laurent Bigot aura raison si …
Encore plus si les héritiers des Voltaïques réveillent en eux les gènes de ceux qui ont fait trembler la république un certain 3 janvier 1966. Le régime répliquera-t-il par l’argument de la force ou aura-t-il la sagesse de Maurice Yaméogo ? Rien n’est moins sûr car les intérêts et enjeux de ceux qui sont au pouvoir ne sont pas forcément les mêmes.
Ce … cauchemar-là prévoit une période de trouble dans laquelle tout peut arriver. Des officiers de l’armée peuvent se sentir des envies de sauveteurs, des laissés pour compte (que deviennent ces centaines de militaires radiés ?) peuvent prendre goût à la vendetta aux allures de rébellion, le tout dans une atmosphère propice à la nidation et à la naissance d’islamistes qui ont tant besoin d’un Etat à eux. Un tel scénario donnera raison au diplomate français, Laurent Bigot, et finalement, le Burkina n’aura pas su profiter de tant d’expériences autour de lui.
Peut-être qu’aucun de ces scénarii ne figure dans les plans du Palais de Kossyam. Mais quels qu’ils soient, Dieu fasse qu’ils n’aient pas l’épilogue du dernier scénario. Amen !