Les députés nouvellement élus ont effectué, le mercredi 30 décembre 2015 à Ouagadougou, leur rentrée parlementaire. Ils ont ainsi procédé, comme le prévoit la loi, à la validation de leur mandat et à l’élection d’un président de l’Assemblée nationale. Le choix des élus du peuple s’est porté sur Salifou Diallo (plus connu sous le nom Salif Diallo), député du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
Il est 19h ce 30 décembre, lorsque Salifou Diallo prend place au perchoir de l’Assemblée nationale logée dans l’ex-Conseil national de transition (CNT). A l’issue d’un vote à bulletins secrets, les résultats proclamés par le doyen d’âge des députés lui donnent sans surprise 78 voix sur 125 élus présents. Salifou Diallo, député du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) devient alors le président de la 7e législature de la IVe République au Burkina Faso. La nouvelle Assemblée nationale de 127 députés vient d’évacuer l’un des deux points inscrits à l’ordre du jour de leur rentrée parlementaire.
Tout commence un peu plus tôt, à 16h, lorsque le président sortant du CNT, Cheriff Moumina Sy, comme le stipule le règlement, ouvre la séance. « Au début de chaque législature, le président de l’organe législatif sortant, convoque les membres du parlement élu et procède à l’installation du bureau d’âge. Et ce bureau préside à la validation du mandat des élus et à l’élection du nouveau président », lit-il d’entrée l’article 159 du règlement intérieur de l’Assemblée. Il annonce le député, René Lompo comme étant le doyen d’âge. C’est parce que, ajoute Cheriff Moumina Sy, le « vrai doyen », le Dima de Boussouma, puis, Noufou Ouédraogo et enfin Laurent Bado, ont décliné la responsabilité pour convenances personnelles ou raisons de santé. Les deux plus jeunes élus devant l’accompagner sont Blaise Dala et Boureima Gnoumou. « J’ai été fier et honoré d’avoir servi mon pays à ce niveau de responsabilité », lance-t-il comme conclusion avant de céder son perchoir au président de séance.
Désormais aux commandes du parlement pour quelques heures, René Lompo déroule aux députés, l’ordre du jour de la séance : validation du mandat des parlementaires et élection du président. « A l’appel de leur nom et prénom, chaque député se lève pour que l’assemblée valide son mandat par acclamation », explique le député Lompo. En moins d’une heure, le mandat des 125 députés présents (deux élus ne se sont pas présentés) est validé. L’on passe au 2e point de l’ordre jours, à savoir l’élection du président du parlement. René Lompo suspend la séance pour une heure, afin de recevoir les différentes candidatures. Il est 17h 30 mn.
Deux candidats pour un perchoir
Une heure après, deux candidats sont annoncés : Adama Sosso, présenté par l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et Salifou Diallo, porté par un collectif de partis que sont le MPP, l’UNIR/PS, l’ODT, le NTD et le PAREN. Les deux challengers sont présentés, à tour de rôle au public. Avant même le vote, le candidat Salifou Diallo peut être, sans conteste, déclaré vainqueur à l’applaudimètre, lorsqu’il se lève à l’appel de son nom. « Tous ces scrutins sont secrets. Ils ont lieu à la majorité absolue au premier tour et au deuxième tour à la majorité simple », rappelle René Lompo.
Bulletins en main, les députés vont tour à tour dans l’isoloir, que certains vont d’ailleurs ignorer (Confer les coulisses en encadré), et reviennent mettre leur enveloppe dans l’urne. Le dépouillement qui s’en suit est sans équivoque. Salifou Diallo arrive largement en tête avec 78 voix, son rival du jour obtient 43 voix et 4 bulletins nuls sont enregistrés. Adama Sosso quitte son siège et va féliciter le vainqueur. Le geste est salué par l’assemblée. L’opération validée par les huissiers, le président de séance René Lompo lance : « Au vu du résultat du scrutin, le député Salifou Diallo est élu président de l’Assemblée nationale…. ». Des cris et des applaudissements noieront le reste de sa phrase.
Ils ne se calment que lorsque le nouveau président prend place au perchoir. Au cours d’une allocution bien applaudie, Salifou Diallo, souligne en introduction que les installations, du président Roch Marc Christian Kaboré le 29 décembre, et des députés ce 30 décembre, sont des évènements à fondement commun : « la lutte héroïque du peuple pour la démocratie et la liberté ». « Nous sommes tous, au-delà de nos partis, de nos religions, de nos provenances ethniques, des fils authentiques de ce valeureux peuple du Burkina Faso. Son histoire continue de s’écrire et s’écrira avec vous », s’est-il adressé aux élus.
« Nous ne devons pas faillir »
Il invite alors les députés à faire leurs, cette assertion du philosophe allemand, Goethe, qui disait que « le but est dans chaque pas ». « Aujourd’hui, c’est un pas que nous effectuons et ce pas doit tendre vers le but qui est la défense des intérêts supérieurs de notre pays, de notre peuple, de sa jeunesse, des femmes, des ruraux, des intellectuels. », affirme Salifou Diallo.
Par la séparation des pouvoirs, poursuit-il, l’Assemblée nationale a pour mission de voter les lois, de lever l’impôt et surtout de contrôler l’action gouvernementale. « Nous devons mener ce travail en nous collant de plus près possible des aspirations populaires. Si notre auguste assemblée venait à se démarquer des intérêts populaires, nous connaîtrons un sort plus triste que nos devanciers », avertit le président de l’Assemblée, se référant à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.
Il souligne en outre que les députés devront être intransigeants contre les « contrevaleurs » que sont la corruption, le népotisme, la patrimonialisation du pouvoir d’Etat… « Nous devons faire en sorte qu’au terme de notre mandat, le peuple reconnaisse en nous, des fils dignes. Nous ne devons pas sortir d’ici en des bourgeois repus et apaisés », martèle-t-il.
Salifou Diallo a enfin invité tous les partis politiques représentés à l’hémicycle à transcender leurs divergences idéologiques pour défendre et voter des lois en faveur du peuple burkinabè. « Nous sommes aujourd’hui devant notre peuple et devant son histoire. Nous ne devons pas faillir », conclut-il.
Avant de lever la première séance de cette 7e législature, le président a mis en place un comité ad hoc de 22 députés pour proposer le futur règlement intérieur du parlement.
Sié Simplice HIEN