A la faveur de la forte pluie qui s’est abattue sur la capitale burkinabè, le 27 mai 2013, outre la jacinthe d’eau, des déchets de diverses natures ont été charriés dans les barrages n°1 et 2 de la ville de Ouagadougou. Pour prévenir toutes conséquences désastreuses sur les populations, la direction de la propreté de la mairie a mobilisé quelque 400 personnes en majorité des jeunes pour procéder à l’enlèvement de ces déchets. Constat du déroulement de l’opération, dans la matinée du 4 juin sur les berges du barrage n°2.
Il est 8h 55 mn, ce mardi 4 juin 2013, quand notre équipe de reportage embarque pour le barrage n° 2 de Ouagadougou, situé à l’ex-secteur n° 23 (quartier Tanghin). Après quelques minutes de route, nous voilà devant le Club SONABEL. Il ne reste plus que 300 mètres pour rallier l’une des grandes retenues d’eau de la capitale burkinabè. Soudain, un vent léger aux allures de brise de mer nous indique que nous sommes tout près de la destination.
Au bord du barrage n°2 de Ouagadougou. Pelles et râteaux en main, bottes au pied, manches retroussées (pour les hommes) et pagnes solidement noués à la taille (pour les femmes), ils sont dans le lit du barrage. Le regard médusé des usagers de la voie longeant le barrage n°2 ne semble pas décourager cette foule qui, en groupuscule ou en solitaire, s’avance pour s’attaquer aux déchets et à la jacinthe d’eau qui « ornent » les eaux du barrage. Adama Ganou a 28 ans. Membre de l’Association jeunesse sans frontière du Burkina (AJSB), il a quitté « son Gounghin », un quartier de la ville, pour prendre part à l’opération d’enlèvement des déchets solides et de la jacinthe d’eau dans les barrages n°1 et 2. « Mon objectif est de donner un coup de pouce aux autorités communales pour rendre l’eau du barrage propre et bon pour la consommation. Cela va contribuer à donner une belle image à notre capitale », lance t-il, tout sourire.
A quelques mètres de notre premier interlocuteur, nous rencontrons Zalissa Soré. La cinquantaine bien sonnée, elle ne cache pas sa joie de prendre part à cette opération d’intérêt public. Au manque d’emploi, reconnaît-elle, elle justifie sa présence en ces lieux par son amour pour sa patrie. « J’aime mon pays et il est difficile pour moi de voir l’action anthropique détruire ce qu’elle a de plus précieux », affirme-t-elle, le visage ruisselant de sueurs. Après avoir arraché quelques mots à notre "mamy", une interpellation attire notre attention. « Quittez-là, quittez-là ». Ouf ! On l’a échappé bel. Notre talent de dribbleur nous évite un tas de déchets au visage. Nous poursuivons notre randonnée aux côtés de ces " guerriers" de la cause communale.
Assise le long du trottoir, grosses gouttes de sueur sur le visage, Kadidiata Bamogo raconte la difficulté de la tâche à eux confiée. Après deux jours d’intenses activités, outre les déchets plastiques, elle dit avoir retiré de l’eau, des corps d’animaux en putréfaction : « Dans l’eau, nous sentons les odeurs nauséabondes issues de la décomposition de ces déchets et des cadavres d’animaux.
Synergie d’actions
Si on ne fait rien, cela va porter atteinte à la qualité de l’eau du barrage et engendrer toutes sortes de maladies », dit-elle. Pour elle, cette eau constitue un terreau fertile pour toutes sortes de reptiles. « Depuis le début de cette opération, nous avons tué cinq serpents. Cela me fait beaucoup peur quand je rentre dans l’eau pour en retirer les déchets », confie-t-elle, les muscles bandés et prête à renouveler l’expérience malgré tout.
Pour cette opération, explique le superviseur du projet Haute intensité de main-d’œuvre (HIMO), Rasmane Abdoul Derra, 400 personnes ont été mobilisées pour éviter la pollution de l’eau des barrages en les débarrassant des déchets solides et de la jacinthe d’eau. Jean André Zoetéba, connu sur le site sous le sobriquet de « Syndicaliste » pour son ardeur au travail, ne cache pas sa joie de prendre part à cette opération. Toutefois, il invite les autorités communales à prendre des mesures coercitives contre toutes les personnes qui contribueraient à polluer les eaux du deuxième barrage de la capitale. « Il faut sanctionner les pollueurs, car c’est cette eau qui nous est servie dans nos différents foyers », soutient -il.
Pour le directeur de la propreté de la mairie de Ouagadougou, Sidi Mahamadou Cissé, malgré les efforts consentis par le conseil municipal pour améliorer le cadre de vie des populations en restructurant la filière déchet solide, beaucoup de ménages continuent allègrement de transformer les caniveaux, les réserves et le domaine public en dépotoir d’ordures. « Dans une ville comme Ouagadougou, citée comme une référence en matière de propreté, nous ne pouvons pas tolérer un certain nombre de comportements qui ne respectent pas l’environnement urbain », s’est-il indigné.
M. Cissé invite tous les ménages à se doter d’une poubelle appropriée pour pré-collecter les déchets et les faire enlever par les Groupements d’intérêts économiques (GIE) afin de les acheminer au Centre de traitement et de valorisation des déchets de Polesgo (CTVD), situé au Nord-Ouest de la capitale.