Le Conseil supérieur de la communication (CSC) a organisé un atelier de restitution de deux études sur l’audience des médias, le 4 juin 2013 à Ouagadougou. Le but de ces études était de mesurer l’étendue du lectorat de la presse écrite dans le Houet et le Kadiogo et de celle de l’auditoire des médias audiovisuels de quatre autres provinces que sont le Boulkiemdé, le Gourma, le Mouhoun et le Yatenga.
Face aux contraintes financières et dans l’impossibilité de couvrir tout le territoire national, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a ciblé les deux provinces les plus peuplées et les plus fournies en médias, notamment le Kadiogo et le Houet, pour l’enquête sur l’audience des médias qui a débuté en 2011. Le but de cette première étude était de donner des indications pour une meilleure connaissance du lectorat et de l’audimat dans ces deux provinces. Dans la même logique, la Commission chargée de la répartition de la subvention de l’Etat à la presse privée (CRSEP) a initié une étude d’audience des médias dans les provinces du Boulkiemdé, du Gourma, du Mouhoun et du Yatenga, pour connaître la place qu’occupe chaque organe auprès du public. Ainsi, les résultats de cette deuxième étude, commanditée par le CRSEP et pilotée par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), ont été portés à la connaissance des participants. Ces deux études ont permis de mesurer l’impact des médias sur les populations dans ces six provinces et d’identifier leurs attentes.
Le déroulement des enquêtes
Pour la presse écrite, l’étude a été menée sur un échantillon de mille soixante-dix-neuf (1079) personnes dans le Houet et mille quatre-vingt-sept (1087) dans le Kadiogo, âgées de quinze (15) ans et plus. Il s’est agi, d’une part, de répertorier l’ensemble des organes de presse existant dans ces deux provinces, de les regrouper par thème, par périodicité, de les classer par ordre de popularité, selon la préférence des populations-cibles et d’indiquer les attentes de celles-ci vis-à-vis de ces organes de presse. D’autre part, il a été question de relever et d’analyser les raisons motivant le choix des lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs. Quant à la presse audiovisuelle, le travail a consisté à évaluer les résultats de son influence sur la culture nationale et le comportement des composantes de la population, notamment les enfants. Il est ressorti de l’étude que dans le Kadiogo, 82% des ménages disposent d’un poste radio fonctionnel, 67% possèdent un poste téléviseur en bon état et 27% ont accès aux chaînes internationales en milieu urbain contre 3% en milieu rural. Dans le Houet, le taux des ménages disposant d’un poste radio est de 73%, 38% pour le poste téléviseur, 21% pour ceux qui ont accès aux chaînes internationales en milieu urbain contre 1% en milieu rural.
Selon les résultats de l’enquête, les raisons invoquées par ceux qui n’écoutent jamais la radio sont, par ordre d’importance, l’absence d’intérêt, le manque de temps, de moyens et l’inaccessibilité. Les Radios Savane FM, RFI, Ouaga FM, Horizon FM et la RTB/ radio sont les cinq premières en termes d’audience dans le Kadiogo tandis que les plus écoutées à Bobo sont Radio Bobo, Savane FM, RFI, RTB/radio et Horizon FM. Ces résultats indiquent , par ailleur, que la RTB/Télé demeure la chaîne la plus populaire dans les deux provinces. Elle est suivie de BF1 et Canal 3 dans le Kadiogo puis Canal3 et SMTV dans le Houet.
En ce qui concerne la presse écrite, plus de 80% de la population ne lit pas, compte tenu du fort taux d’analphabétisme. Les études ont révélé que Sidwaya est le journal préféré des populations du Boukiemdé et du Houet., en matière d’information et pour la consultation des offres d’emploi. Il occupe le deuxième rang dans le Kadiogo.
L’impact positif des médias
Les personnes interrogées ont reconnu une influence positive des médias sur leur comportement par rapport à l’hygiène alimentaire et corporelle, la protection de l’environnement et du cadre de vie, la sécurité routière, la paix sociale, l’abandon des pratiques néfastes, etc. Les participants à l’atelier ont suggéré aux organes de la presse audiovisuelle de multiplier les émissions éducatives, de conseils, de sensibilisation et d’information, y compris les émissions en langues nationales et à la presse écrite de publier les principaux journaux en langues nationales.
La présidente du CSC , Béatrice Damiba, a soutenu que ce genre d’étude permet aux organes de presse de se corriger et de mieux adapter leurs contenus aux exigences de la population. Un organe de presse est là pour le public, d’où l’utilité d’adapter son contenu aux besoins de ce public, a-t-elle ajouté. Mme Damiba a estimé que c’est l’occasion de connaître les meilleurs supports à utiliser pour toucher un plus grand nombre de citoyens et connaître les attentes de ces populations qui, pour la plupart, ne savent lire en français, même si certains peuvent lire en langues nationales. « Nous nous rendons compte que le CSC a raison d’insister sur le caractère de proximité des radios et télévisions privées et sur l’utilisation des langues nationales pour la population à majorité analphabète », a-t-elle dit. Elle a souligné également que la pauvreté joue un rôle négatif et cette étude montre des chiffres qui indiquent qu’il y a un effort à faire pour lutter contre la pauvreté et permettre à la population d’avoir accès à l’information en possédant une radio, un téléviseur. « C’est donc un trésor que avons là à travers les conclusions de cette étude ; il faut la refaire périodiquement pour pouvoir mieux adapter la communication aux besoins des populations », a-t-elle conclu.
