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Investiture du nouveau président burkinabè : les travaux d’Hercule peuvent commencer
Publié le mercredi 30 decembre 2015  |  Le Pays
Roch
© aOuaga.com par A.O
Roch Marc Christian Kaboré devient le 3e président civil du Burkina
Mardi 29 décembre 2015. Ouagadougou. Palais des sports de Ouaga 2000. Un mois après son élection au premier tour de l`élection présidentielle, Roch Marc Christian Kaboré a été investi comme 3e président civil du Burkina et le 9e du pays des Hommes intègres depuis son indépendance en 1960




Le Burkina Faso, pays des Hommes intègres, a désormais un nouveau président. Il s’appelle Roch Marc Christian Kaboré. En effet, élu le 29 novembre dernier avec un peu plus de 53% des suffrages exprimés, Roch Marc Christian Kaboré a été installé dans ses fonctions de chef de l’Etat. C’était hier, 29 décembre 2015, au cours d’une cérémonie solennelle face à un parterre de chefs d’Etat africains. Ainsi donc, après 13 mois de transition, Michel Kafando et son équipe s’en vont, laissant la place au président le plus démocratiquement élu de l’histoire du Burkina. Et sitôt investi, le président Roch Marc Christian Kaboré semble mesurer déjà l’ampleur de la tâche qui l’attend. Car, conscient que les chantiers sont nombreux et les attentes énormes, le nouveau président en a appelé à la compréhension et à la cohésion de tous. C’est pourquoi il préconise la mise en place rapide d’un dialogue social fécond. Conscient aussi que rien de durable ne peut se construire dans la haine, Roch Marc Christian Kaboré entend mettre les bouchées doubles pour réconcilier le peuple burkinabè plus que jamais divisé depuis l’insurrection populaire qui a emporté le régime de Blaise Compaoré. Et ce n’est pas tout. Convaincu qu’il ne peut y avoir de démocratie dans l’impunité, le nouveau capitaine du navire Burkina promet que justice sera rendue à tous ceux qui, à un moment donné de l’histoire de notre pays, ont été injustement brimés. L’enfant de Tuiré n’a pas non plus manqué de relever l’un des défis majeurs qui consistera à restaurer l’autorité de l’Etat dans un pays où l’esprit insurgé tente de se substituer à tout. Des mesures, promet Roch Marc Christian Kaboré, seront prises pour mettre un terme à cette forme de pagaille qui, faut-il le reconnaître, traduit quelque part la soif de justice d’un peuple longtemps abusé et désabusé. De ce point de vue, on a envie de dire que Roch Marc Christian Kaboré est un nouveau président pour une transition bis qui aura la lourde tâche de reconstruire un pays déshérité sur le plan des valeurs morales et éthiques.

Roch doit se persuader qu’il n’aura pas à inaugurer les chrysanthèmes

Dès lors, il aura le sommeil trouble. Jamais, il ne dormira des deux yeux. L’un sera toujours fermé et l’autre ouvert. Surtout qu’à ces immenses défis s’ajoute la menace terroriste qui ne connaît pas de frontières. C’est donc à juste titre que le nouveau locataire de Kosyam, prenant toute la mesure du péril, s’est dit disposé à travailler avec tous les pays voisins et ce, sans exception aucune. C’est de bonne guerre. Car, face aux fous d’Allah, aucun sacrifice n’est de trop, si tant est que l’on veuille parer à toute éventualité. Cela dit, le nouveau chef de l’Etat a laissé bien des Burkinabè sur leur soif. En effet, ils étaient nombreux qui croyaient que l’occasion faisant le larron, Roch Marc Christian Kaboré évoquerait, dans son discours, le problème du président déchu Blaise Compaoré, désormais sous le coup d’un mandat d’arrêt international, surtout qu’était présent le président ivoirien, Alassane Ouattara. Peut-être, sait-on jamais, les deux chefs d’Etat ont voulu aborder ce sujet à huis clos, en même temps que l’affaire des écoutes téléphoniques qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Mais ces deux affaires étant pendantes devant la Justice, on comprend l’impasse qui a été faite sur ces questions. En tout cas, liés par l’histoire, la géographie et le destin, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, aujourd’hui plus que jamais, ont tout intérêt à fumer le calumet de la paix. C’est pourquoi il faudra tout faire pour que survive à toute épreuve l’esprit de fraternité qui a toujours prévalu entre les deux pays. On espère donc qu’au-delà de toutes considérations, Alassane Ouattara et Roch Marc Christian Kaboré se donneront la main dans l’intérêt des peuples burkinabè et ivoirien.

Au total, c’est un homme conscient de ses responsabilités et mesurant toute l’ampleur et la profondeur de la tâche qui va aborder ce nouveau virage de l’histoire du Burkina Faso. Avec la conviction intime qu’il a derrière lui et avec lui un peuple qui crie sa soif de changement. Et la demande sociale est si forte que Roch doit se persuader qu’il n’aura pas à inaugurer les chrysanthèmes. L’esprit de l’insurrection doit l’habiter en permanence et le slogan populaire burkinabè "plus rien ne sera comme avant" doit résonner constamment dans sa conscience et lui servir de ferment pour son activité politique.


Boundi OUOBA
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