L’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF) a organisé, du 20 au 23 décembre 2015, à Ouagadougou, un atelier de formation à la clarification des valeurs et la transformation des attitudes sur l’avortement.
Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 101 800 avortements sont enregistrés par an et 25 femmes sur 1 000 âgées de 15 à 19 ans ont eu recours à l‘avortement clandestin au Burkina. Lesquels avortements, en plus d’être à l’origine de nombreux problèmes de santé et de reproduction, contribuent à 28% de la mortalité maternelle. A défaut de « légaliser » l’avortement, l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF) opte pour sa tolérance. Pour ce faire, elle a initié un atelier de formation sur la clarification des valeurs et la transformation des attitudes sur l’avortement à risque, du lundi 20 au mercredi 23 décembre 2015, à Ouagadougou. Cet atelier se veut, aux dires du président national de l’ABBEF, Sibiri Albert Yaméogo, une rencontre d’échanges et de partage d’informations et de connaissances sur l’ampleur de la situation des avortements et de clarifier les valeurs pour une prise en charge adéquate des victimes tant sur le plan médical, psychologique que judiciaire. « Il s’agit de faire un état des lieux sur la législation qui régit le traitement des questions de l’avortement au niveau national et international », a-t-il dit. Aussi, s’est-il agi de renforcer la conscience et la motivation des participants dans l’offre des services abortifs de qualité centrés sur la femme. Enfin, l’objectif de la rencontre est de travailler à réduire le recours à l’avortement, à l’acceptation et l’utilisation des services de planification familiale de qualité. « Le cas échéant, si l’on doit faire y recours, que ce soit fait dans des conditions de sécurité, et ce conformément à la loi en vigueur », a laissé entendre le directeur exécutif de l’ABBEF, Boureima Ouédraogo. 72 heures durant, la vingtaine de participants, agents de santé, officiers de police judiciaire (gendarmes et policiers), professionnels du droit (juristes, magistrats…), journalistes intervenant dans le domaine de la Santé sexuelle et reproductive (SSR) et volontaires de l’ABBEF ont été outillés sur différents modules permettant de « concilier lois et santé » sur l’avortement. Ces derniers, a poursuivi le directeur exécutif de l’ABBEF, sont quelquefois confrontés sur le terrain à des prises de décisions concernant les victimes d’avortement à risques.
« Un arsenal juridique contraignant »
Leurs décisions peuvent être influencées par des considérations d’ordre moral, éthique et religieux au détriment des dispositions légales sur la santé de la reproduction, a-t-il dit.
Quand bien même l’avortement est autorisé légalement sous certaines conditions (viol, inceste établis, etc.) au Burkina, il demeure une préoccupation majeure de santé publique, d’autant plus qu’il a une influence sur le bien-être physique, mental, moral et social.
Pour la présidente du Tribunal de grande Instance de Ouagadougou, Fatimata Sanou, formatrice, le « pays des Hommes intègres » dispose d’un « arsenal juridique plus ou moins contraignant » sur l’avortement, rendant non effectives les lois en matière de Santé sexuelle et reproductive (SSR).
Ce qui pousse certaines jeunes femmes d’en pratiquer clandestinement. Elle a, par ailleurs, recommandé la vulgarisation des lois et produits en matière de SSR. Boureima Ouédraogo a invité les participants à servir de relais dans leurs postes respectifs afin que les uns et les autres « aient une compréhension beaucoup plus sociale de l’avortement ». Les participants se sont réjouis de l’initiative de l’ABBEF.
Pour Dr Thierry Kiendrébéogo, cette formation est une opportunité d’échanges sur « un thème pertinent mais aussi controversé ». Il a appelé de tous ses vœux que l’expérience soit réitérée au profit d’autres acteurs afin que l’avortement ne soit plus un sujet tabou.
Djakaridia SIRIBIE