Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) vient de faire une véritable déclaration de guerre à Bamako. L’arrestation de Maliens dont des présumés militaires par ce mouvement à Kidal sous prétexte qu’ils sont coupables « d’infiltration » de leur territoire, confirme l’option du MNLA de tenir cette zone hors de la République malienne. On ne le dira jamais assez : l’intégrité territoriale du Mali et de bien d’autres Etats, est sérieusement menacée par le MNLA tout entier embarqué dans ses rêves de l’Azawad. Et la communauté internationale devra se méfier de ce qui se passe dans la Cyrénaïque, le risque de jonction de ces extrémistes n’étant jamais à écarter. Pendant qu’ils se disent prêts à négocier à Ouagadougou, les rebelles touaregs ne se gênent pas de poser des actes de défiance vis-à-vis des autorités légales du Mali sur le terrain. Les Maliens arrêtés ont-ils besoin d’une autorisation, d’un visa du MNLA pour entrer à Kidal ? On ne peut tolérer cette exigence que si on se fait à l’idée que Kidal n’appartient plus à la République du Mali. Si tel est le cas, il faudra convenir, compte tenu du rêve du MNLA de créer une république de l’Azawad dans le désert ouest-africain, que la sous-région n’est pas au bout de ses peines. En tout cas, ce qui s’est passé prouve, si besoin en était encore, que les rebelles touaregs campent sur leur idée selon laquelle la ville de Kidal ne serait plus une partie intégrante du territoire malien. Ces agissements seraient ainsi une façon de marquer leur territoire et de rappeler leur conviction à quiconque l’aurait oublié.
De toute évidence, l’attitude du MNLA a quelque chose de positif. Elle achève de convaincre que le mouvement rebelle n’est pas si disposé à la négociation comme il le dit. Le MNLA veut la partition du Mali. Pourtant, on sait que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tout comme le Mali, ont toujours clamé leur attachement à l’intégrité territoriale du pays qui, de leur avis, n’est pas négociable. L’entêtement bovin de ce mouvement rebelle, est un véritable pied de nez fait à la médiation, à la CEDEAO et partant à toute la communauté internationale. Mais, comme le dit en substance une sagesse de chez nous, la bouche profère tout ce qu’elle veut quand elle est sûre que la nuque est bien protégée. En effet, ces turpitudes du MNLA sont probablement dues au fait que ce mouvement bénéficie de certains appuis, de certaines complicités. La France par ses accointances avec les rebelles touaregs et la CEDEAO par son indolence, l’illusion de médiation qu’elle entretient, n’ont pas facilité une décantation rapide de la situation au Mali. Ces deux entités doivent revoir leur copie en termes de relation avec les rebelles touaregs. En ce qui concerne le médiateur, il est plus que jamais temps qu’il renvoie chez eux tous ces extrémistes qui refusent de poser leurs revendications dans un cadre républicain. Il devra leur donner congé, les extirper des hôtels de Ouagadougou et les renvoyer dans le luxe de leur « Kidal ». Tous les soutiens visibles ou voilés de ce mouvement ont intérêt à se convaincre au plus tôt qu’ils doivent changer leur fusil d’épaule. En tout état de cause, l’opinion internationale doit veiller à ce que le MNLA et ses complices de tout genre, portent l’entière responsabilité de la détérioration quasi inéluctable du climat, de la guerre imminente à Kidal. Car, avec ce refus manifeste du MNLA d’entendre raison et selon toute logique, on se dirige droit vers un dénouement sanglant de la crise. On ne saurait faire l’économie d’un affrontement armé avec une telle logique va-t-en guerre du MNLA. On se doute bien que les autorités maliennes en sont conscientes et préparent de ce fait, l’offensive. C’est probablement en prélude à cela que le MNLA qui sent certainement le souffle de l’armée régulière dans sa nuque, a procédé aux dernières arrestations en date, question de disposer d’une sorte de monnaie d’échange quand les choses tourneront au vinaigre. Dans le principe, l’armée malienne devra être appuyée par les soldats de la CEDEAO si tant est que le déploiement des troupes ouest-africaines ait pour objectif d’aider le pays à recouvrer son intégrité et à juguler autant que faire se peut, tous les extrémismes. Aucun groupuscule armé qui ne répond de l’armée régulière malienne ne devra être toléré dans cette bataille. Il faut désarmer tous ces groupes irréguliers, réduire leur capacité de nuisance.
Ainsi, l’urgence au Mali, ce ne sont pas les élections. C’est la libération complète du pays qui passe désormais par la conquête de Kidal. Quel pouvoir pourrait avoir sur Kidal un chef d’Etat qui viendrait à être élu dans la situation actuelle du Mali ? De quelle légitimité pourrait-il se prévaloir si Kidal ne vote pas en tant que ville malienne à part entière ? Il urge donc de résoudre ce problème. Sauf à accepter et entériner la partition de l’Etat malien, la restauration de l’autorité de l’Etat à Kidal devra se faire sans délai. Au regard de la position figée du MNLA, inutile de se faire des illusions. Aucune négociation, aucune douceur ne saurait lui faire renoncer à son projet de création de la République de l’Azawad. Au contraire, les négociations n’auront pour résultat essentiel que de permettre à ces extrémistes de mieux préparer la guerre. Il faudra donc que les Maliens prennent leurs responsabilités, de concert avec la communauté internationale. Car le MNLA qui se minorise davantage par cet entêtement ainsi que ses agissements contre les peaux noires, ira probablement en se radicalisant et en se tyrannisant. Il est donc grand temps de mettre un terme à ce spectacle.