L’Organisation mondiale de la santé (OMS) célèbre aujourd’hui 31 mai 2013, la journée mondiale sans tabac sous le « sceau d’interdiction globale de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage ». Cette journée n’est pas en marge au Burkina Faso au regard du nombre d’activités et de plaidoyers sur le tabac. Qu’est-ce qui amènent cependant les gens à la cigarette ? L’interdiction de la publicité sur le tabac pourrait-elle avoir un effet sur la diminution de sa consommation ? Des Bobolais qui lient la consommation du tabac aux problèmes donnent leur avis.
Aboubacar Ouattara, élève en classe de Tle D : « C’est le moins cher de tous les produits de consommation »
« J’ai commencé à fumer quand j’étais en classe de 3éme. J’avoue que ce sont entre autres les problèmes familiaux et sociaux qui m’ont emmené dans la cigarette. Lorsque vous vous réveillez le matin et que les parents n’ont que 100FCFA seulement à vous donner pour votre argent de poche, il va de soi que vous soyez obligé de fumer. Avec 100FCFA qu’est-ce qu’on peut acheter à l’école ? Ce n’est certainement pas un sandwich ? Avec deux cigarettes et de l’eau, je peux tenir toute la journée. Quant à interdire la publicité qui sous-entend la vente au Burkina Faso, je ne suis pas pessimiste, mais je pense que ce serait une lutte sans issue. Sinon, ce serait une très bonne initiative vu les conséquences sanitaires que le tabac engendre ».
Moussa Sanou, journaliste à la RTB2/Hauts-Bassins : « Je l’ai déjà essayé mais… »
« La cigarette n’est sans doute pas une bonne chose au regard des problèmes de santé qu’elle comporte. A l’adolescence, j’ai tenté de fumer mais en vain. A chaque fois que je fumais, j’avais des maux de tête. Je ne suis pas contre les personnes qui fument mais il faut reconnaitre que ce n’est pas une bonne chose. La plupart de ceux qui fument le justifie par les problèmes sociaux. Alors que la cigarette engendre pourtant beaucoup de conséquences néfastes pour la santé. En ce qui concerne la possibilité d’interdiction de la publicité de la cigarette, je pense qu’elle ne sera pas une lutte simple. Nous sommes dans un monde de droit et chacun est libre de ses choix. Il faut alors laisser une marge de liberté pour les fumeurs et mettre plutôt l’accent sur la sensibilisation pour réduire la consommation à travers par exemple l’augmentation du prix de la cigarette ».
Amadé Ouédraogo, responsable matériels des sociétés Béthanie : « La consommation est en train de se juvéniliser »
A mon jeune âge, j’ai failli fumer parce que tous mes amis fumaient. A plusieurs reprises j’ai tenté, mais je n’ai pas pu. Je me contentais seulement du restant de ce qu’ils fumaient. Et lorsque je leur demandais pourquoi ils fument. Certains disaient qu’ils sont soulagés quand ils fument. D’autres sont sans raison. Même si cela pourrait s’avérer impossible, je suis pour l’interdiction de la publicité du tabac parce qu’il nuit considérablement à la santé. Malheureusement la consommation se juvénilise, ce qui peut entraver le développement. De plus, la lutte pourrait être longue….
Denis Ouédraogo, maintenancier : « Je veux arrêter de fumer…. »
Je suis un gros fumeur depuis des années. Et plusieurs facteurs le justifient. Les problèmes sociaux et autres font que vous fumez pour les oublier un tant soit peu. C’est un peu comme l’alcool. Lorsque je fume, je sens une satisfaction inexplicable. Je sais que ce n’est pas une bonne chose, mais je n’arrive pas à l’arrêter. J’ai souvent la poitrine très lourde quand je me lève le matin. Je fume environs 10 à 12 bâtons par jours. S’agissant de l’interdiction de la publicité de la cigarette, je pense qu’il ne faut même pas y réfléchir. On ne pourra jamais empêcher les fumeurs de fumer.
Jean-François Somda, vendeur de cigarette : « Je vends mais je ne souhaiterai fumer un jour »
« Je vends de la cigarette depuis des années, mais l’envie ne m’est jamais venue d’en fumer une. Et je ne souhaiterai pas en mettre dans ma bouche toute ma vie. J’ai des clients de tout genre : hommes, femmes, adultes, jeunes… Je ne cherche pas à savoir pourquoi ils fument. Mais, dans les débats, la plupart des fumeurs ne savent pas pourquoi ils fument. Interdire la publicité qui peut sous-entendre la vente du tabac serait synonyme d’augmenter le lot des chômeurs au Burkina Faso. Il ne faut donc pas y penser ».
Monique Sanou, agent commercial : « Le tabac est nocif pour la santé »
« Je n’ai jamais fumé de toute ma vie. Le tabac tue et les fabricants le savent puisqu’ils l’estampillent sur les paquets. Je ne suis pas contre les gens qui fument, et dont la grande majorité ne savent véritablement pas pourquoi. Beaucoup évoquent des problèmes sociaux. Mais j’estime que la solution ne réside pas dans le tabac. C’est pourquoi je soutiens l’interdiction de la publicité, le parrainage et la promotion pour éviter le pire.