Portée disparue de la scène politique depuis un certain temps, l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) sort de son silence et rend compte, dans la déclaration suivante, des conclusions de sa réunion tenue le 27 mai dernier à Koudougou. Rencontre au cours de laquelle, le haut-conseil du parti a évoqué des questions relatives à la vie du parti, à la vie nationale et à la vie politique sous-régionale et africaine. L’an deux mille treize et le lundi 27 mai, à partir de 18h, s’est tenue une réunion du haut-conseil de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), à son lieu habituel de rencontre, autour des points suivants :
-Vie du parti
-Vie politique nationale
-Vie politique régionale et africaine
Vie du parti
Abordant le premier point de l'ordre du jour, les membres présents ont passé en revue la vie du parti, particulièrement dans ses relations avec d'autres partis ayant participé au CCRP. Ils ont surtout apprécié la durée et la qualité de ces relations et des convergences de points de vue avec certains partenaires au CCRP quant à la nécessité de redonner d’autres fondements à la gouvernance de nos Etats. Des formules de collaborations structurelles ayant été envisagées, recommandation a été faite de renforcer ces relations et de les étendre dans la perspective de donner, notamment une plus grande base au pacte transversal.
Vie politique nationale
Venant au deuxième point de l'ordre du jour, El hadj Dabo Amadou, président du Conseil des régions, a fait cas de la prochaine réunion du comité de suivi du CCRP dont il est le vice-président. Cette réunion, sans doute, l’une des dernières que tiendra cette structure ad hoc, sera consacrée à l’examen de 3 rapports : le rapport d’évaluation de mise en œuvre des réformes politiques consensuelles, celui de la mise en œuvre des recommandations relevant des politiques sectorielles et de la gouvernance globale et enfin, celui sur les rencontres régionales de restitution de la mise en œuvre des réformes politiques consensuelles. Un débat s'en est suivi. Des intervenants ont regretté que le comité aille vers sa fin, estimant que la mise en œuvre des réformes ne devrait pas s'envisager sans un instrument de suivi qui perpétue le consensus ayant été la base de l'idée du CCRP et de sa mise en œuvre. Recommandation a été faite d'inclure cette suggestion dans le rapport final. Parlant du niveau (comme des conditions) d'exécution des conclusions du CCRP, des participants à la rencontre ont souligné la nécessité d'aller de l'avant dans leur adoption pour ne pas encourir des ruptures dans le fonctionnement de nos institutions. S'agissant en particulier de la loi portant organisation et fonctionnement du Parlement, les membres du haut-conseil se sont félicités de l’adoption à une large majorité par l’Assemblée nationale de la loi organique sur le Sénat. Ils ont tenu à rappeler que le Sénat est une proposition portée depuis longtemps par le parti dans le cadre de ses revendications propres comme dans celles de la Refondation. Dans ces cadres respectifs, l’UNDD, aspirant à un bicaméralisme qui permette au peuple de mieux contrôler ses mandats (et même de les révoquer), a toujours donné sa préférence à un bicaméralisme spécialisé, technique, de contre-poids, reposant sur une représentation des régions (et des Burkinabè de l’extérieur regroupés en régions-continents), plutôt que sur des considérations générales, politiques et corporatistes. Cependant, dans le cadre du CCRP, par esprit de consensus, le parti a adhéré au compromis portant sur le Sénat et il en est respectueux. Le Sénat, ont précisé les membres du haut-conseil, a été intégré dans la Constitution. L’adoption de la loi organique sur le Sénat vient de ce fait corriger une situation de vide juridique ainsi que nombre de spécialistes du droit en ont fait l'observation. Elle contribue à la consolidation de la charpente institutionnelle ainsi qu’à l’élargissement de la base représentative de notre processus démocratique. Le Haut-conseil a toutefois reconnu que l’adoption de cette loi n’en fait pas une œuvre achevée, immuable et qu’elle demeure par conséquent perfectible. La rencontre a relevé que le vote approbatif du parti résulte de plusieurs considérations : de son respect du consensus consacré à travers le CCRP, de son attachement à la primauté de la Constitution, de sa volonté d'éviter l’égarement de la république dans des situations de vides juridiques aux conséquences incalculables et de sa conviction que ni la Constitution, ni les lois, en démocratie, ne sont porteuses de paroles révélées, insusceptibles de changement. Pour éclairer davantage les militants sur la position du parti par rapport à la polémique portée par certains partis de l'opposition parlementaire notamment, il a été unanimement recommandé de renouer avec la tradition de concertation et d'information régionale propre à l’UNDD.
Vie politique sous-régionale et africaine
Se penchant sur le troisième point de l'ordre du jour, les responsables du parti ont tenu, en premier, lieu à se féliciter de l'amélioration de la situation au Mali . Ils ont encouragé l'activation du processus de réconciliation nationale et souhaité qu'il soit le préalable à la tenue d’élections libres et transparentes. Les conséquences de la guerre au Mali, telles que manifestées par les attentats survenus récemment au Niger, ont suscité une forte émotion du parti. L'UNDD souhaite que, dans le cadre des organisations régionales, la politique de défense commune et de lutte contre le terrorisme soit érigée en priorité absolue.
Le cinquantenaire de l'UA a été sur la lancée, une occasion pour mettre l'accent sur la pertinence et l'urgence de prolonger la refondation de la gouvernance nationale par celle de la gouvernance africaine. Comme bien de préoccupations supranationales, la question de la sécurité vient démontrer, à la faveur de la situation au Mali, l'incapacité de nos Etats, dans les seules limites de leurs souverainetés nationales, à faire efficacement instituer la sécurité qui est une des obligations premières d'un Etat vis-à-vis de ses citoyens. L'UNDD, fédéraliste dans l'âme, en appelle en cette circonstance à un véritable sursaut pour que les chefs d'Etat acceptent de faire un pas qualitatif vers plus d’intégration politique du continent. A cet égard, l'invitation faite à ses homologues africains par le président François Hollande de venir parler de défense en France en décembre prochain, doit être précédée d'un travail sérieux. En effet, il serait tout d’abord utile de rendre cette rencontre plus intelligible en obtenant du pays hôte des précisions quant à la nature et au contexte exacts de l’invitation ainsi adressée aux pays africains, ensuite d'y aller avec une feuille de route au contenu communément arrêté. Il y va de la crédibilité d’une telle rencontre qui doit éviter d’être un fac-similé de ces grandes messes françafricaines juste destinées à conforter l’emprise de la France sur ses ex-colonies. Les réponses les plus appropriées à la problématique sécuritaire doivent toujours privilégier les capacités de réponses endogènes du continent et favoriser, dans le cadre du nécessaire partenariat, la multilatéralisation des interventions. Dans le cadre du cinquantenaire de l’Union africaine, et spécialement par rapport à l’appel fait à la CPI pour que les dirigeants kenyans soient jugés dans leur pays, les membres présents à la réunion ont, après échanges, jugé que sur cette question, l’Afrique devait éviter d’avoir des solutions à la tête du client. Des principes généraux, valables pour tous, devraient être arrêtés. Et la position de l’UNDD à cet égard a toujours été : oui à une CPI non pilotée par les grandes puissances pour aider, dans un monde mondialisé, à la consolidation d’un droit pénal sans hiérarchie ni ségrégation, mais oui également à une régionalisation de la CPI dans un esprit d’efficacité et de bonne gouvernance, par application de la décentralisation. Ils se sont donc prononcés pour la création d’une Cour pénale par continent, en attendant que, selon le volume des contentieux, des structures soient créées au niveau des Etats. Après constat de l'épuisement de l'ordre du jour, plusieurs points de divers ont été évoqués avant la levée de la séance à 20h 15mn, au terme de plus de 2 heures d’échanges.
Pour le Président du Haut- Conseil P/0
El hadj Amadou Dabo, président du Conseil des régions