Depuis l’élection de Roch Marc Christian Kaboré à la tête de la magistrature suprême du Burkina Faso le 29 novembre 2015, les portraits et les commentaires sur la capacité de l’homme à conduire les Burkinabè ne cessent d’abonder la presse. Mais pour mieux connaître l’homme, qui mieux que son directeur de cabinet pour nous le présenter. Seydou Zagré, dont il s’agit et qui a travaillé 11 ans aux côtés du nouveau président parle ici de sa rigueur dans le travail, ainsi que les atouts qui prédisposent Roch au succès de son premier mandat à la tête de l’Etat burkinabè.
C’est un véritable proche de Roch Marc Christian Kaboré qui nous parle de lui dans les lignes qui suivent. Seydou Zagré, il s’appelle. Pour avoir été pendant 11 ans son directeur de cabinet, mieux il continue de jouer ce rôle auprès de l’homme dans le parti vainqueur des élections présidentielles et législatives, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), il ne saurait donner que des informations authentiques sur son patron. Commençant par les traits de caractères, il relève que le nouveau président du Faso a le sens des relations. Toute chose qui fait qu’il est agréable de travailler à ses côtés. « Il accorde beaucoup d’importance aux gens qui sont autour de lui et au-delà. Il est soucieux de ce qui arrive à ses collaborateurs au plan personnel, professionnel etc. Il est prompt à donner des conseils, des orientations qui vous permettent d’accomplir votre mission à ses côtés. Il a une grande capacité d’écoute et il est profondément humain», témoigne-t-il. Sur le plan religieux, M. Zagré nous apprend que le président Roch est issu d’une famille catholique. « Il est tout le temps à la messe, notamment les dimanches de même que ses enfants. Il a le cœur d’un homme de Dieu ».
La rigueur dans le traitement des dossiers
Le nouveau président du Faso est un homme qui a un profond sens du travail bien fait, selon M. Zagré. « C’est un homme de dossiers. Il est avant tout un cadre de banque et comme vous pouvez l’imaginer, un patron de banque ne ne pose pas sa signature sur un document sans prendre connaissance du contenu. Il regarde ses dossiers avec beaucoup d’attention. Il peut se rendre compte que le directeur de cabinet que vous êtes n’a pas pris le temps de lire un dossier » témoigne t-il. Du reste précise-t-il : « Le dossier ressort toujours avec des instructions très claires, qui témoignent de ce qu’il prend le temps de regarder ce qui est dans son parafeur. Si ce sont des questions sur lesquelles il souhaite que vous échangez, il vous demande de le revoir avec le dossier. S’il souhaite une note de synthèse, il le dit. Nous faisons faire cette note avec les suggestions pour qu’il puisse prendre les décisions qui s’imposent ». Ce qui lui permet de conclure qu’il est agréable de travailler avec un patron qui ne vous cache pas ce qu’il veut. Aussi, précise-t-il, « entre la réception et la réponse à un courrier, on n’excède pas une semaine. Il n’y a pas de parafeur que vous allez introduire dans le bureau du président et qui va y faire 72 heures ».
Les forces de l’homme en matière de gestion des affaires d’Etat
Selon le directeur de cabinet, Seydou Zagré, on peut créditer le président, d’homme d’appareil, c’est-à-dire, qu’il connaît les rouages de l’Etat pour avoir « occupé les fonctions qui font qu’il a à la fois la connaissance des procédures, mais aussi il a côtoyé beaucoup de gens. Il est en mesure d’anticiper, de savoir ce qu’il peut attendre de telle ou telle personne. Connaître les gens et les dossiers, les forces et les faiblesses du système, est un grand atout », fait-il remarquer. Revenant sur le parcours de son patron, il avance : « pour avoir été ministre des Finances, figurez-vous » l’éventail des institutions et des hommes qu’il a fréquentés. Tout le système financier, toutes les institutions financières et bancaires, les rapports avec les hommes. Il a été Premier ministre, c’est également un niveau de coordination et de gestion des gens.
Il a été président de l’Assemblée nationale pendant 11 ans. Il a à cet effet, dirigé des institutions parlementaires de hautes importances au plan international en plus du parlement burkinabè pour lequel, à chacune des sessions, il arrivait à faire déplacer des pairs qui sont aujourd’hui des chefs d’Etat. Toutefois, reconnaît M. Zagré, la présidence n’a certainement rien à voir avec la primature, ni avec la présidence de l’Assemblée nationale. « C’est un autre niveau de challenge, mais le président Roch part avec suffisamment d’atouts. Si la paix continue de régner au Burkina, les Burkinabè comme tous les démocrates en Afrique et dans le monde vont pouvoir l’apprécier ». Si M. Zagré ne tarit pas d’éloges sur les atouts de son patron, il ne nie pas que l’homme a quelques faiblesses. « Le président est éminemment bon. Or, l’homme aime souvent qu’on lui rappelle les vérités crument. Qu’on le traite assez durement. Quand on ne complique pas les choses, il y en a qui ne comprennent pas. De temps en temps, il faut que le président sache taper sur la table. Ça ne fera que du bien pour le pays. 5 ans, c’est très court. Ceux qui ne veulent pas travailler honnêtement pour le pays, on doit pouvoir trouver leur place pour que les Burkinabè continuent à rechercher la résolution de leurs problèmes, l’approfondissement de la démocratie, la consolidation de la paix pour que les choses aillent mieux que par le passé».
La clé du succès de son mandat
C’est en homme très averti que le président Roch prend les rênes de l’Etat burkinabè. « Il dispose d’un programme d’urgence présidentiel pour s’attaquer aux problèmes de ce pays sans attendre, rassure Seydou Zagré. Là où il faut accélérer, il le fera. Là où il faut de la concertation, ça le sera ». A propos des questions judiciaires, économiques, sociales qui retiennent les attentions en ce moment, le directeur de cabinet tempère : « On ne va pas tomber dans ce piège. Il y a une séparation des pouvoirs. Ce qui relève du pouvoir judiciaire, les instructions seront données dans ce sens et nous aurons un tableau de bord pour suivre l’évolution des choses. Ce qui relève du parlement, c’est-à-dire les reformes qu’il faut faire, la nouvelle constitution, la mise en cohérence des institutions, la réforme de l’Etat, l’approfondissement de la gouvernance politique, économique, social, on a besoin d’un certain nombre d’outils législatifs pour encadrer cela. Le président donnera suffisamment d’indications pour que le Premier ministre, en accord avec le calendrier du parlement pour que ces questions puissent être gérées ». Pour lui, le président Roch reste l’arbitre, c’est lui qui donne l’impulsion pour les changements que les Burkinabè souhaitent. « Dès l’investiture du président, les Burkinabè sauront qu’il y a un patron dans le cockpit », a-t-il conclu.
B. Léopold YE