Pour la deuxième fois, la justice militaire a organisé une conférence de presse au ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants pour communiquer sur un certain nombre de sujets d’actualité. Le mandat d’arrêt contre Blaise Compaoré, le test d’ADN sur les restes du
président Thomas Sankara, l’instruction du dossier du putsch du 16 septembre, l’affaire des écoutes téléphoniques ont entre autres constitué le menu des échanges avec les journalistes le 23 décembre 2015.
Sita Sangaré, directeur de la justice militaire a confirmé l’information qui circule ces derniers temps sur le mandat d’arrêt international émis contre Blaise Compaoré , réfugié en Côte d’Ivoire depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. C’est le 4 décembre 2015 que le mandat d’arrêt a été émis. L’ancien président du Faso, a-t-on appris lors de la conférence de presse est poursuivi pour attentat contre la sûreté de l’Etat, complicité d’assassinat et complicité de recel. Par rapport à son extradition de la Lagune Ebrié, le commissaire du gouvernement, le lieutenant-colonel Norbert Koudougou s’est voulu prudent. « Parmi les causes qui peuvent entraîner le refus d’extradition, il y a la mort. Si la peine prévue, c’est la mort, un Etat peut refuser d’extrader une personne. Dans les chefs d’inculpation, il y a la complicité d’assassinat qui prévoit la peine de mort », a-t-on appris avec le commissaire du gouvernement. Sita Sangaré s’est voulu plus optimiste. « C’est un citoyen burkinabè et normalement, il doit se présenter de lui-même et répondre. Pour l’instant c’est le mandat d’arrêt et c’est une procédure. La demande d’extradition va suivre et elle comprend notamment, entre autres pièces, le mandat. Quand le dossier sera transmis, conformément à la convention d’entraide judiciaire, la convention bilatérale relative à l’extradition entre le Burkina et la Cote d’Ivoire, ils vont l’examiner », a confié le directeur qui a laissé entendre qu’« il y a des chances que cela soit examiné favorablement ». Dans l’affaire Thomas Sankara, un mandat d’arrêt a aussi été émis à l’encontre de Hyacinthe Kafando, le 27 août 2015. Il est poursuivi pour attentat contre la sûreté de l’Etat, assassinat, recel de cadavres. Toujours dans le même dossier, il y a 12 inculpés dont 6 en détention, 2 sous mandat d’arrêt international et 4 non détenus dont 1 décédé. Le lundi 21 décembre 2015, Me Bénéwendé Sankara avait déjà levé un coin de voile sur le test d’ADN des restes de Thomas Sankara. La justice militaire n’a fait que confirmer le fait que l’ADN n’a pas été trouvé du fait de la dégradation des restes. « En vérité, l’expert avait déjà émis des inquiétudes. Parce que les corps avaient été enterrés de façon sommaire, déposés à même le sol, et les tombes n’étaient pas profondes, les corps étaient beaucoup dégradés et il se disait sceptique à l’époque. Quand les restes lui ont été transmis, il a commencé les expertises et fait plusieurs niveaux d’évaluation pour espérer trouver quelque chose. Malheureusement, il est parvenu à la conclusion que ce n’était vraiment pas exploitable pour déceler quoique ce soit ». Tout comme l’avocat de la partie civile, la justice militaire est convaincu que cela n’entravait pas la procédure. D’autres éléments ont permis aux parents des victimes de les identifier. Il s’agit notamment des effets personnels.
Par rapport au coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, on aura appris que 52 personnes ont été inculpées. 43 sont détenues, 4 non détenues et 5 sous mandats d’arrêt. Il s’agit de Roger Kousssoubé, Fatoumata Diendéré, André Karim Abdoul Traoré, Moussa Nebié dit Rambo et Minata Guelwaré.
Par rapport à l’inculpation des journalistes Caroline Yoda de BF1 et Adama Ouédraogo dit Damiss de l’Observateur Paalga, la justice militaire a laissé entendre que leurs implications dans le coup n’avaient aucun lien avec leurs activités professionnelles.
Le dernier sujet abordé par les conférenciers a été les fameuses écoutes téléphoniques qui circulent sur internet. Pour le commissaire du gouvernement, « des bandes ont été obtenues et reversées dans le dossier. Mais, les scellés n’ont pas été ouverts. La procédure d’authentification n’a pas encore commencé. Judiciairement, il faut saisir un expert agréé en reconnaissance vocale par les juridictions, pour faire cette authentification », a dit le directeur de la justice militaire qui s’est prononcé aussi sur le cas de Guillaume Soro. « Dans le cas de Guillaume Soro, nous ne le voyons pas comme président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, mais comme un individu dont le nom a été cité dans la procédure pendante devant le cabinet d’instruction. Nous allons tout faire pour que les relations entre nos Etats continuent à être meilleures en les expurgeant de tous ceux qui peuvent mettre à mal ces relations », foi du Colonel Sita Sangaré