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Problématique des lotissements au Burkina :après l’audit,des solutions réalisables
Publié le lundi 28 decembre 2015  |  Laborpresse
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© Autre presse par DR
Logements sociaux




La gestion foncière au Burkina a longtemps constitué des causes de litiges entre citoyens et administrateurs de communes.Ventes illicites de parcelles,double ou multiples attributions d’une seule parcelle à plusieurs personnes,accaparement de lopins de terres par des commerçants propriétaires immobiliers au détriment de citoyens en quête d’un logement,sont entre autres des actes délictueux et de spéculations foncières sans cesse décriés de façon récurrente au Burkina ,surtout dans de grandes agglomérations comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

Le régime déchu du président Compaoré a tenté vainement d’y apporter des solutions et même la mesure de suspension des lotissements qu’il a initiée courant 2011/2012 pour des audits sur les lotissements a fait long feu.Le gouvernement de la transition(novembre 2014-décembre 2015) qui est revenu à la charge par un autre audit, a décelé des failles dans le système des lotissements.Ainsi,il ressort paradoxalement,que l’état des parcelles disponibles pour les lotissements est numériquement supérieur aux dossiers des demandeurs.Pourtant,de nombreux citoyens n’ont pas obtenu de parcelles après avoir payé des frais multiples de dossiers auprès de mairies de communes.Un grand nombre de ces demandeurs de parcelles ont été grugés et spoliés par des démarcheurs intermédiaires.

A présent,la grande interrogation qui se pose face au nouveau pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré est de savoir les solutions idoines qu’il pourrait appliquer à la lumière de l’audit de la transition pour mieux assainir le système des lotissements au Burkina Faso.L’ex –maire de Ouagadougou,Simon Compaoré ,dans sa furie et combat contre les spéculations foncières, avait opté de rendre justice aux nombreux citoyens qui se plaignaient d’avoir été brimés dans des communes d’arrondissements de la ville.Pour ce faire, il avait entrepris courant 2008 des audiences foraines.C’était une sorte de tribunal populaire où les victimes dénonçaient publiquement les torts qu’ils ont subis et cela a donné suite à des interpellations judiciaires pour situer la responsabilité de conseillers municipaux impliqués dans des irrégularités de lotissements .Toutes ces actions sont certes salutaires, car ,visant à lutter contre la gabegie foncière.Cependant,elles s’avèrent insuffisantes pour endiguer le phénomène mafieux des lotissements au Burkina qui,tel le naturel, quand on le chasse,revient au galop.Il existe d’autres formules qui pourraient permettre un meilleur assainissement du système des lotissements au Burkina :

-l’informatisation des parcelles à lotir ;

-la promotion des lotissements par groupes et services professionnels.

L’informatisation sécurisée des lotissements permettra d’évaluer le nombre de parcelles disponibles et d’éviter les doublons et multiples attributions illicites.

La promotion des lotissements par groupes et services professionnels ,constituera une opportunité pour les nombreux salariés du public et du privé d’accéder à un logement décent à la hauteur de leur bourse.Pour ce faire,on pourrait par exemple prévoir au niveau des ministères, des budgets au titre des charges matérielles du personnel destinés à financer l’acquisition de terrains pour la construction de cités de X ou Y ministères.Les promoteurs immobiliers publics et privés seront attributaires des marchés de constructions des cités des personnels des ministères.Ces personnels pourront par la suite les acquérir par des retenues à la source de quotités cessibles mensuelles sur leurs salaires pendant 15 ou 20 ans.Les sociétés privées comme les banques,les assurances etc… pourraient aussi souscrire pour des demandes de terrains auprès des mairies dans l’optique de la réalisation de cités pour leurs agents.L’exemple de la cité de l’ASECNA à Ouagadougou est un modèle réussi en la matière. L’avantage de ce système de promotion de lotissements par groupes et services professionnels ,c’est qu’il atténuera la propension oligarchique des commerçants spécialistes des achats de plusieurs dizaines de parcelles pour des villas et célibatoriums qu’ils louent de façon exorbitante aux populations.

Les gouvernements africains devraient pouvoir refuser certains diktats des institutions financières internationales qui imposent des restrictions dans le domaine social pour ne privilégier que l’aspect mercantile de l’économie.Or,quand dans un état ,persistent trop de goulots d’étranglement du social,il est fait inévitablement le lit des pressions et contestations sociales qui empêchent les gouvernants de dormir .Quand on sait que désormais au Burkina, les mentalités ont changé suite à l’insurrection 2014 et que pour une moindre revendication,l’on crie justice,plus rien ne sera comme avant,les autorités devraient faire comprendre ces nouvelles réalités aux firmes internationales pour que les aspects sociaux et économiques des projets de développement soient alliés.Car,si l’on développe des unités économiques sans prendre en compte les aspirations sociales,ce sont les pressions sociales qui détruisent par la suite ces empires économiques et cela se solde par un recul ,exactement le contraire de l’essor économique visé mais mal bâti.

Jean KY
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