Le centre Delwendé de Tanghin a reçu la visite du président du Faso, Michel Kafando et de son épouse Marie Kafando, le jeudi 24 décembre 2015 à Ouagadougou. A l’occasion, il a offert un lot de vivres et de matériel de couchage aux pensionnaires.
Au centre Delwendé de Tanghin, ce jeudi 24 décembre 2015, le père Noël est arrivé plutôt dans la matinée. Il s’appelle Michel Kafando, et est arrivé vers 10 heures, les bras chargés de présents : quatre tonnes de riz, quatre tonnes de mais, trois tonnes de petit mil, dix cartons de sardines de 50 boites, cinq cartons de corned-beef, 300 nattes, 300 couvertures, 6 bidons de 20 litres d’huile. Le président de la Transition dit être venu souhaiter aux pensionnaires, une bonne fête. Mais le père Noël du jour, en plus de leur offrir de quoi se nourrir en ce jour de la fête de la nativité et du mouloud, a surtout tenu à leur endroit des propos pleins d’humanisme. Pour lui, cette visite, revêt une autre signification, celle de l’unité du pays. « Tout au long de notre mandat, j’ai toujours professé l’unité, la solidarité, la fraternité entre les Burkinabè, qui, quelque soit leur différence, demeurent des frères ». Michel Kafando voudrait faire comprendre à travers cette visite, que personne au Burkina Faso ne devrait être exclu. « Nous sommes une et même société, nous sommes égaux, il y a une justice et des valeurs intrinsèques qui nous unissent ». Cependant, il reconnait avec regret, que l’exclusion est une triste réalité. Ces pensionnaires sont considérés aux dires du président Kafando, comme des personnes exclues de la société. « Je crois que nous devrions cesser d’avoir un tel jugement à leur égard. Nous devons les considérer d’abord comme des Burkinabè, comme nos mères, comme des personnes âgées qui ont fait l’expérience de la vie, qui peuvent apporter beaucoup en termes de conseils, de recommandations aux jeunes générations ».
Plaidoyer pour une loi contre l’exclusion sociale
Par ailleurs, répondant aux sollicitations de la sœur directrice qui voudrait bien voir adopter une loi de répression sur les allégations de sorcellerie, Michel Kafando a promis, de mener le plaidoyer. « Nous partons, bien sûr, mais au nom du principe de la continuité, nous nous ferons le devoir d’expliquer à ceux qui vont nous remplacer, la nécessité de légiférer, en cette matière précise ». Une nouvelle qui a suscité un tonnerre d’applaudissement dans l’assistance.
En effet, la conviction de la sœur directrice du Centre Delwendé, Sœur Hortencia Felipe Sizalande est que la prise d’une loi contre l’exclusion sociale par allégation de sorcellerie, assortie d’amende contre les détecteurs de mangeuses d’âmes, et tous ceux qui participent à la cérémonie pourrait avoir un effet dissuasif. La loi burkinabè est assez muette sur le sujet parce qu’on ne peut prouver, mais elle estime que « la violence faite au moment de l’exclusion, devrait servir de départ ».
La représentante des pensionnaires, Thérèse Ouédraogo s’est jointe à sœur Hortencia, pour féliciter le donateur du jour, pour avoir réussi à mener la transition à bon port, et avoir réussi l’organisation des élections. Elle a traduit leurs remerciements aux autorités burkinabè et à toutes les bonnes volontés qui soutiennent le centre. Tout en appréciant à sa juste valeur tous ces égards, elle a signifié que le souhait des pensionnaires est de rester sur le site actuel, du centre. Mais le rêve de la première responsable est de voir le centre reconverti dans d’autres activités, parce que tous auraient rejoint leurs familles, et qu’aucun nouveau cas ne se présente dorénavant.
Mais en attendant, la pratique persiste, en témoigne les propos de sœur hortencia. Au cours de cette année 2015, 20 pensionnaires ont été réinsérées au sein de leurs communautés, mais dans le même laps de temps, le centre a accueilli 21 femmes dont deux qui reviennent pour la deuxième fois.
Le couple présidentiel était accompagné du Ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Nicole Angeline Ky et de Monseigneur Léopold Ouédraogo, représentant du cardinal Philippe Ouédraogo. Ensemble, ils ont visité les différents compartiments du centre, du dortoir à l’infirmerie, en passant par le jardin potager. Le centre Delwendé situé au quartier Tanghin de Ouagadougou accueille des femmes accusées de sorcellerie et exclues de leurs communautés. Il compte à ce jour 249 pensionnaires dont 5 hommes atteints de maladie mentale. Il est sous la tutelle du ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale et fonctionne grâce aux subventions de l’Etat et aux dons divers. Après avoir passé environ deux heures dans le centre, celui que la sœur directrice a surnommé, « notre père noël pour l’année 2015 » a souhaité une très bonne fête de la nativité, aux chrétiens, une bonne fête du mouloud aux musulmans.
« A quelques jours du nouvel an, je vous souhaite à vous et à tous ceux qui vous sont chers, une année d’abondance, en grâce, en succès, en prospérité, dans toutes vos attentes », leur a-t-il dit avant de prendre congé de ses hôtes.
Assetou Badoh