Ouagadougou - Les enregistrements téléphoniques attribués à Djbrill Bassolé, l'ex-ministre des Affaires étrangères du président burkinabè déchu Blaise Compaoré, et au président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, en lien avec le putsch manqué de septembre au Burkina ont été versés au dossier d'instruction, a déclaré mercredi le commissaire du gouvernement.
"Les juges d'instruction ont donné une commission rogatoire aux officiers de police judiciaire (OPJ) pour procéder à des auditions et à des interpellations et c'est à cette occasion que ces bandes (enregistrées lors d'écoutes téléphoniques) ont été obtenues et reversées dans le dossier", a affirmé le lieutenant-colonel Norbert Koudougou, lors d'une conférence de presse.
Mais "la procédure d'authentification n'a pas encore commencé", a-t-il ajouté.
"Il faut saisir un expert agréé par les juridictions en reconnaissance vocale pour faire cette authentification et ça le sera", a précisé le directeur de la justice militaire, le colonel Sita Sangaré.
Le colonel Sangaré a indiqué que M. Soro pourrait être amené à s'expliquer devant les juges, ainsi que "tous ceux qui sont concernés par ces écoutes".
Les enregistrements diffusés par plusieurs médias - dont le site français Mediapart - sont présentés comme une conversation entre M. Bassolé et M. Soro discutant de la possibilité de soutenir le putsch mené en septembre par le général Gilbert Diendéré, ancien bras droit de Compaoré et chef de Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'unité putschiste.
Les deux hommes évoquent notamment des possibilités de "frapper" dans le nord du Burkina pour faire "paniquer" l'armée burkinabè qui se préparait à donner l'assaut contre la base du RSP.
Début décembre, lors d'une interview à la radio privée Savane FM de Ouagadougou, le Premier ministre Isaac Zida avait affirmé que les écoutes téléphoniques étaient "authentiques". Mais Djibrill Bassolé, qui fut un homme clé du régime Compaoré tombé en 2014, et Guillaume Soro ont nié avoir eu cette conversation, dénonçant une "manipulation".
Des soldats du RSP avaient pris le président Michel Kafando et le gouvernement en otage le 16 septembre avant de proclamer le coup d'État le lendemain. La mobilisation populaire et de l'armée loyaliste avait conduit à l'échec du putsch une semaine plus tard.
M. Bassolé a été interpellé à son domicile le 29 septembre. Il a été notamment inculpé de "haute trahison", "attentat à la sûreté de l'Etat" ou "collusion avec des forces étrangères pour déstabiliser la sécurité intérieure".
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