Pourquoi tant de polémiques autour de la vaccination contre la poliomyélite ? A Ouahigouya, plusieurs personnes ont fait l’objet d’interpellations par des autorités sanitaires ou par la gendarmerie au cours de cette campagne. La dernière qui a suscité beaucoup de curiosité a eu lieu à la gare routière. Un passager en partance pour Solenzo avec sa jeune femme et un bébé d’au moins un mois. Aux agents vaccinateurs que se sont adressés à eux, il a demandé de lui permettre d’arriver à destination avant de faire vacciner son enfant. Les raisons qu’il avançait sont que durant le voyage l’enfant n’a cessé de pleurer. Son argumentaire n’aurait pas satisfait les vaccinateurs qui ont très vite saisi la gendarmerie qui est descendue sur les lieux en même temps que le médecin chef du district. A leur arrivée, le constat est réel. Que faut-il faire ? Le parent de l’enfant persiste, mais a proposé de leur laisser son contact en cas de besoin. Il jure sur tout qu’à son arrivée à Solenzo, les autorités sanitaires leur confirmeront que son enfant aussi a été vacciné. Le temps passe et chaque camp reste campé sur sa position. Un autre monsieur arrive, le badge au cou. Il est superviseur de la campagne anti-polio. « Comme il est entouré de beaucoup de personnes, il faut qu’on l’isole », a dit le superviseur. Ce qui fut fait. Après une demi-heure de négociations, le passager, vêtu de blanc, bonnet sur la tête, turban vert au cou et d’une taille d’environ 1,80 m a accepté de faire vacciner son rejeton.
Un autre cas sur les mêmes lieux. Les agents vaccinateurs qui faisaient le pied de grue sous le soleil dans la même gare vont ensuite avoir des prises de becs avec une vendeuse d’assiettes. Sans doute, celle-ci ne voulait-elle pas faire vacciner son enfant ? Le ton monte, mais finalement les agents réussiront à administrer la dose requise à l’enfant qu’elle portait sur le dos. Mais, informé de cette situation, le mari de la femme qui était non loin des lieux, sous son hangar de passagers, intercepte les agents vaccinateurs pour mieux comprendre. « Pourquoi manquez-vous du respect à ma femme, je suis son époux », a-t-il laissé entendre. Après quelques explications, ils finiront par s’accorder et chacun a poursuivi son chemin.
Il faut noter que ce monsieur qui travaille à la gare, a soutenu la position du voyageur qui refusait de faire vacciner son enfant sur place. Car explique-t-il, en montrant sa jambe droite, il soutient avoir été victime de produits entre temps distribués contre l’éléphantiasis. Vrai ou faux, toujours est-il qu’il soutient avoir soigné ce mal à cent mille francs CFA ? La question qu’on se pose est de savoir comment se fait-il que jusqu’à l’heure actuelle, il y ait des personnes qui soient réticentes à cette vaccination contre la poliomyélite ? Ont-ils un doute sur la qualité du produit ou est-ce la durée des séquences entre les différentes vaccinations qui dérange ? En tout, la question reste posée et il va falloir lui trouver une réponse pour rassurer tous ceux qui doutent encore de l’efficacité des vaccins.