Le samedi 19 décembre 2015, s'est tenu au siège de l'Union pour la Renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) le deuxième plénum du Bureau Politique National Ordinaire du parti autour de l'ordre du jour suivant :
- Bilan des élections présidentielle et législatives de 2015;
- Perspectives;
- Et divers
Débuté à 10 H 45 mn, le plénum a été présidé par le Président du Parti, Me Bénéwendé Sankara, et a connu la participation effective de quatre-vingt-cinq (85) membres dûment mandatés. Le quorum étant atteint, le Bureau Politique National a délibéré sur les points inscrits à son ordre du jour.
I- Du bilan des élections
Au litre de la présidentielle, le BPN a fortement déploré les résultats obtenus par son candidat à la présidentielle, lesquels résultats sont de 2,77% du suffrage exprimé. Ce qui classe son
candidat 4e à cette élection présidentielle.
Au titre des législatives et dans l'attente des résultats définitifs, le BPN a également noté que l'UNIRIPS a obtenu 5 sièges, contre 4 en 2012. Ce résultat, tout comme celui de la présidentielle, est en deçà de ses attentes et peut se justifier en partie par l'insuffisance des ressources et les problèmes organisationnels du parti.
Le Bureau Politique National a donc instruit les structures provinciales de poursuivre le travail de diagnostic qui permettra au BPN d'analyser la situation et de faire des propositions aux
sessions à venir.
Toutefois, en dépit de ces résultats peu satisfaisants, il y a lieu de constater que l'UNIRIPS reste et demeure un parti d'avant-garde qui a toujours un rôle à jouer dans ce contexte du Burkina postinsurrection.
Le BPN tout en félicitant les militants pour leur engagement a exhorté les structures du parti et les militants à poursuivre le travail de mobilisation, de sensibilisation et d’organisation.
II- Des perspectives
Le bilan final de ces élections n’étant pas encore achevé, le BPN s’est penché seulement sur les perspectives immédiates.
Traitant des perspectives, le Secrétariat Exécutif National a exposé au BPN que depuis les résultats provisoires des législatives, l’UNIR/PS a été approchée par plusieurs partis en vue de constituer des alliances : il s’agit notamment de l’UPC, du CDP, du MPP, de Le Faso autrement, du PDS/Metba, du NTD et du RDS.
Si les quatre derniers partis cités souhaitent un groupe parlementaire de la majorité présidentielle, l'alliance souhaitée par l'UPC et le CDP est celle d'une alliance en vue de la constitution d'une opposition parlementaire forte et majoritaire capable d'imposer ses lois et de faire nommer éventuellement un Premier Ministre issu de ses rangs, c'est-à-dire de l'opposition et dans le cadre d’une cohabitation politique.
Le MPP quant à lui sollicite une alliance stratégique et structurelle en vue d'asseoir une majorité présidentielle à l'Assemblée nationale et pour une gouvernance générale avec l'UNIR/PS à l'instar d'autres partis politiques de gauche.
Analysant ces deux dernières offres d'alliance, le BPN a fait le constat que trois (03) possibilités s'offrent à l’UNIR/PS :
1re hypothèse : l'UNIR/PS refuse toute alliance
L'UNIR/PS a en effet la possibilité de refuser toutes ces offres et de conserver une position de neutralité à l'Assemblée Nationale. Dans cette hypothèse, l'UNIR/PS avec ses 5 députés ne peut constituer un groupe parlementaire et ne peut avoir aucune influence sérieuse à l'Assemblée nationale. Cette position de neutralité présente l'avantage de n'être comptable d'aucune politique législative et gouvernementale qui viendrait à être appliquée. Mais elle présente l'inconvénient de n'accorder aucune majorité à l'Assemblée nationale, ce qui risque de fragiliser l'action gouvernementale et de conduire à un blocage institutionnel.
En effet, l'article 46 de notre constitution dispose: « Le président du Faso nomme le Premier Ministre au sein de la majorité à l'Assemblée Nationale » ; Si aucune majorité ne se dégage à l’Assemblée nationale, il y a un risque de blocage institutionnel, et dans un tel cas, le Président du Faso peut user des pouvoirs constitutionnels que lui confère l'article 50 de la constitution pour dissoudre l'Assemblée Nationale.
Considérant que l'organisation des élections législatives coûte plusieurs dizaines de milliards de F CFA à notre pays, et au risque de conduire le pays dans une nouvelle crise politique, le
BPN a jugé que l'UNIR/PS ne saurait, pour un souci de crédibilité et d'impartialité, choisir une position de neutralité qui risque de plonger le pays dans une crise dont on ne ,saurait évaluer à l'avance les conséquences.
Le BPN a donc estimé qu'en toute responsabilité, l'UNIR/PS se doit d'accepter le jeu des alliances dans l'intérêt du peuple burkinabè et le respect de son idéal sankariste
2e hypothèse: l'UNIR/PS accepte de s'allier avec l'UPC et le CDP en vue de la constitution d'une opposition forte et majoritaire à l'Assemblée Nationale
L'UNIR/PS a en effet été approchée par l'UPC, parti libéral, le CDP, parti qui a été à l'origine de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et des évènements tragiques des 16 et 17 septembre 2015, en vue de la constitution ensemble d'une opposition parlementaire forte au choix fait par le peuple burkinabé le 29 novembre 2015.
Analysant cette offre, les membres du BPN ont noté qu’Il n'y a pas de doute que l' existence d'une opposition parlementaire forte est un gage de bonne gouvernance et de démocratie. Mais seule une opposition soudée, cohérente et responsable peut permettre d'assurer dans le contexte actuel de notre pays la paix et la stabilité.
Le BPN après une analyse responsable a jugé qu'une alliance de l'UNIR/PS avec l'UPC et le CDP dans le contexte actuel serait contre-productive et dangereuse pour la stabilité et la paix de notre pays. Car il est évident qu'une telle alliance empêcherait le Président élu par le peuple burkinabé d'appliquer son programme politique, pour lequel il a été élu ; chose qui risquerait de nous conduire à une dissolution anticipée de l'Assemblée Nationale avec toutes les conséquences que cela comporte pour notre pays et les risques imprévisibles.
Le BPN a donc en toute responsabilité, dans le contexte actuel, écarté l'hypothèse d'une alliance avec la droite et le CDP pour faire échec à l'application du programme du Président élu par le peuple burkinabé.
3e hypothèse: l'UNIR/PS accepte l'offre faite par le MPP de s'allier à lui en vue de constituer et de renforcer la majorité présidentielle.
Le MPP a en effet été soutenu dans sa campagne présidentielle par 17 partis politiques qui totalisent à eux seuls 4 députés élus en plus des 55 députés obtenus par le MPP. Ainsi, selon les responsables du MPP, l'alliance avec l'UNIR/PS qui a 5 députés et les autres partis ayant soutenu la candidature de son président permettrait au président élu de bénéficier d'une majorité parlementaire pour gouverner et appliquer son programme politique dans le renforcement de la stabilité institutionnelle.
Pour ce faire, le MPP propose à l'UNIR/PS une alliance stratégique et structurelle en vue d'une gouvernance générale sur la base d'une plate-forme politique. Cette plate-forme politique de gouvernement permettrait à l'UNIR/PS de faire prendre en compte les aspirations profondes de notre peuple dans la gouvernance à venir.
Une telle alliance n'est pas sans risque pour le parti dès lors qu'il participera à la gouvernance d'un parti non sankariste. En effet, cette alliance pourrait entacher la crédibilité de l'UNIR/PS
en cas d'échec. Mais elle a au moins le mérite de donner plus de chance à notre pays d'éviter le chaos et de lui donner les chances d'un meilleur devenir. Car entre le souci de protection de son image et la garantie de la stabilité des institutions de la République, le BPN a mis en avant l'intérêt national et le respect de la volonté actuelle du peuple burkinabè.
Le BPN a donc en toute responsabilité autorisé le Secrétariat Exécutif National et son président à poursuivre les négociations avec le MPP en vue d'une alliance avec la majorité présidentielle.
Toutefois, le BPN recommande, d'un part, dans la mesure du possible, que l’UNIR/PS travaille à la création d'un groupe parlementaire avec d'autres forces politiques différentes du MPP afin de constituer ainsi à l'Assemblée national un groupe de contrôle et de renforcement de la majorité parlementaire, d'autre part, et en cas de succès des négociations, qu’il soit créé un cadre de suivi et d'évaluation des accords qui jouera un rôle de veille et d'alerte.
III- Divers
Après avoir échangé sur quelques informations diverses, la session du Bureau Politique National a été levée à 15h 45 mn.
Ouagadougou, le 20 décembre 2015
Pour le Bureau Politique National
De l’Union Pour la Renaissance / Parti sankariste
Me Farama Ambroise
Le porte-parole