Ils étaient très attendus, les résultats des analyses ADN des restes du président Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987 avec 12 compagnons d’infortune. Le fameux dossier Sankara, depuis sa réouverture en mars dernier, a connu un véritable bond en avant avec l’ouverture des tombes de Dagnoin le 26 mai 2015 et l’inculpation du général Gilbert Diendéré par le parquet militaire le 12 novembre dernier pour attentat, assassinat et recel de cadavre. Toutes ces avancées sont peut-être peu pour la famille Sankara, qui attend toujours que justice soit faite, mais incontestablement un pas de géant pour la Justice et l’ensemble des Burkinabè.
Pour mémoire c’est le 26 mai dernier que la présumée tombe du père de la révolution d’août 1983 a été ouverte aux fins d’expertises génétiques. Effectivement des ossements et des morceaux de survêtement de couleur rouge y avaient été découverts à seulement 45 centimètres de profondeur. Mieux, l’autopsie pratiquée sur les restes a conclu en mi-octobre que le corps présumé du capitaine sankara avait été criblé de balles.
Tout portait donc à l’époque à croire qu’il s’agissait vraisemblablement des restes du Président du Faso. Pour lever toute équivoque donc, la justice militaire a commandité des tests adn pour l’indentification formelle des restes prélevés dans les 13 tombes. Depuis, les burkinabè, à commencer par la famille de l’illustre disparu, trépignaient d’impatience de connaître les conclusions de ces analyses génétiques. Hélas la montagne a finalement accouché d’une souris, puisque le laboratoire de police scientifique de Marseille, une référence mondiale dont l’expertise, la compétence et la renommée qui ont largement dépassé les frontières de l’hexagone ne souffrent d’aucune contestation et qui avait en charge la réalisation desdits test, n’a pu identifier de façon incontestable les supposés restes du PF.
Tous ceux qui se réjouissaient du coup d’accélérateur donné par la justice militaire au dossier doivent encore ronger leurs freins et savoir prendre leur mal en patience. En effet, le laboratoire phocéen, sis au 97 boulevard Camille Flammarion, a conclu que les premier et deuxième niveaux (des tests ADN) certifient des résultats qui confortent ceux de l’autopsie, mais au troisième niveau, l’expertise scientifique conclut qu’il n’y a pas d’adn détectable conformément à l’état actuel de la science. En termes moins techniques, les experts ont estimé que l’état des restes ne permettait pas au laboratoire de certifier l’existence d’adn sur les corps exhumés fin mai. en définitive, l’expertise effectuée n’a pas permis d’identifier formellement les présumés restes du Président Thomas Sankara et de ses compagnons d’infortune.
Toujours dans le cadre de l’affaire sankara, de source très proche du dossier nous avons appris qu’un mandat d’arrêt international a été émis contre l’ancien Président du Faso Blaise Compaoré depuis le début du mois de décembre 2015. Blaise Compaoré n’est certainement pas le seul à se faire un sang d’encre dans cette affaire puisque son ancien conseiller en communication, Gabriel Tamini en l’occurrence, qui fut par ailleurs membre du bureau politique du conseil national de la révolution (CNR), puis du front populaire, toujours dans le cadre de l’instruction de ce dossier, a lui aussi été inculpé. Au stade actuel de l’instruction, près d’une dizaine de personnes, essentiellement des éléments de l’EX-RSP, ont déjà été inculpés pour attentat, assassinat et recel de cadavres dans cette affaire qui est loin d’avoir livré tous ses secrets.
JEAN STÉPHANE OUÉDRAOGO