Principal bailleur du Projet de renforcement des infrastructures électriques et de l’électrification rurale (Prieler), la Banque africaine de développement (BAD), à travers une délégation, a visité trois localités faisant partie des 159 zones rurales devant être raccordées au réseau électrique. Le jeudi 17 décembre 2015, Moussa Adama de le BAD, accompagné du coordonnateur du projet et de la Société nationale burkinabè d’électricité (Sonabel), ont constaté de visu l’effectivité de l’arrivée de l’électricité dans les communes rurales de Tchériba, Bomborokouy et du village de Yankasso, dans la région de la Boucle du Mouhoun.
« Depuis que j’ai eu le courant, ma vie a changé. Avant, j’utilisais une batterie et avec ça, impossible de suivre la télévision, n’en parlons pas éclairer ma maison. La batterie tenait à peine une heure. Maintenant que j’ai le courant depuis le 26 novembre, tout fonctionne à merveille chez moi et mes enfants peuvent mieux étudier». Ce témoignage est de Siaka Traoré, chauffeur résidant dans la localité de Tchériba. Comme lui, plusieurs habitants de Tchériba, Yankasso et Bomborokouy pourront se raccorder au réseau électrique national de la Sonabel à prix subventionnés grâce au projet Prieler financé à hauteur de 70% par un don de la Banque africaine de développement.
De Tchériba à Bomborokouy en passant par le village de Yankasso, les populations voient à ce raccordement électrique une chance d’amorcer le développement socioéconomique. Les commerces dans les différents marchés visités par la délégation de la BAD-Prieler-Sonabel, se sont équipés de réfrigérateurs tandis que les soudeurs voient leur métier se simplifier. « Avant, nous avions le courant par le biais de générateurs. Et avec ce système, tout tournait au ralenti et on dépensait beaucoup d’argent pour le gasoil. Maintenant, avec l’avènement de l’électricité, le travail est devenu rapide et simplifié. Nous dépensons également moins», a confié le jeune Mahamadou Coulibaly, soudeur au marché de Bomborokouy.
Dans cette même cité, le centre médical de dernière génération, inauguré en avril dernier par le président Michel Kafando, s’est vu doter d’un transformateur par le projet et fonctionne à 100% avec l’énergie électrique.
Tous ces changements qualitatifs n’allaient jamais voir le jour sans ce projet démarré en 2010 et dont les travaux ont consisté en la fourniture de matériels et équipements électriques et à la construction des réseaux électriques en moyenne et basse tension en vue d’alimenter en électricité les populations des localités concernées. L’objectif de ce projet, selon ses responsables, est d’améliorer les conditions de vies des populations rurales.
A l’issue de la visite de ces trois localités électrifiées, Adama Moussa, chef de la délégation de la BAD a estimé que « Si les populations sont satisfaites, cela veut dire également que nous, en tant que bailleur de fonds, sommes satisfaits. Partout où nous sommes passés, les populations nous ont exprimé leur satisfaction. L’électricité a changé leur vie à travers l’usage domestique, l’apparition de petites activités et sociétés. Vous avez vu aussi avec nous l’impact de l’électricité sur le secteur de l’éducation où il y a des écoles qui ont été électrifiées. Il y a aussi des centres de santé qui profitent de l’électricité. C’est tous cela que nous cherchons car c’est un projet à caractère social ». L’électricité, pour M. Moussa, est un droit universellement reconnu et elle ne devrait plus être « un luxe en Afrique ».
Notons que 159 localités réparties sur 11 régions du Burkina Faso seront électrifiées à terme. Ces zones bénéficieront également d’un éclairage public. Selon Larba Kéré, coordonnateur du projet, au stade actuel, le taux d’exécution physique est de 95%. A l’en croire, à ce jour, les réseaux électriques sont construits, achevés, et réceptionnés dans 137 localités sur l’ensemble des 159 prévues. « L’électricité est le moteur du développement. Sans électricité, on ne peut pas booster le développement», soutient-il. Etant « un projet social », les branchements se font à couts réduits. A titre d’exemple, un branchement de trois ampères coûte à l’abonné 10 000 FCFA, au lieu des 25 000 F demandés en temps ordinaire.
Au titre de perspectives, le projet envisage, au cas où la BAD assure un deuxième financement, de s’attaquer à une autre cible : l’électrification des quartiers périphériques des villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso où le besoin en électricité est aussi criard.
Notons que le coût total du projet s’élève à 26, 05 milliards de F CFA et est financé à 70% à travers un don de la BAD, les 30% étant supportés par L’Etat burkinabè, la Sonabel, le Fonds de développement de l’électrification (FDE), et la contribution des abonnés.
Dimitri Kaboré