L’un des buts de l’emprisonnement est d’aider à la réinsertion. Au Burkina, il est loisible de remarquer que bon nombre de détenus qui sortent de nos Maisons d’arrêt et de correction tombent tout de suite dans la récidive. C’est comme si leur passage dans les geôles n’a servi à grand-chose alors qu’il devait être un véritable viatique de leur amendement. Mais bien entendu, les responsabilités sont partagées et peuvent être analysées sous deux aspects : la responsabilité individuelle et collective. De nombreuses personnes mises en prison ne sont pas réellement bien insérées dans la société après leur incarcération. La mentalité des personnes extérieures joue en leur défaveur. Le regard porté sur un détenu et les préjugés affaiblissent mentalement les ex-détenus. Cependant, il faut le reconnaître, les défaillances de la réinsertion ont parfois pour causes les détenus eux-mêmes. La réinsertion passe par la prise de conscience de son acte, en prison, ce qui est difficile pour certains : beaucoup refusent toutes les activités proposées. De plus, certains détenus ne souhaitent garder aucun contact avec leurs proches de l'extérieur. Si les détenus n'y mettent pas du leur et n'essaient pas de garder des liens avec la réalité extérieure, leur réinsertion sera d'autant plus difficile. L’ancien détenu doit impérativement prendre toutes les mesures nécessaires pour la recherche d’un emploi.
Mais a contrario et surtout dans nos prisons, aucune alternative n’est proposée aux détenus. On peut affirmer sans risque de se tromper que plus de 90% des détenus au Burkina se retrouvent sans argent, sans emploi et sans abri. Pire, ils se retrouvent seuls. En effet, les anciens détenus deviennent souvent chômeurs et la plupart retombe dans les travers d’antan. D’où souvent, ce qui explique les cas de récidives. Il faudrait donc que l’Etat intervienne pour que les établissements pénitentiaires préparent la sortie et le retour des détenus sur le marché du travail. Les sortants de prison voient leur situation dégradée : ils n'ont plus le droit d'ouvrir un commerce, d'occuper un poste de responsabilités, d'exercer certaines activités professionnelles (fonction publique), sont privés de certains droits familiaux. Mais souvent, les patrons n'acceptent pas employer un ancien détenu même s'il a purgé sa peine depuis longtemps. Le soutien de la famille, dans la mesure où elle existe, constitue un élément très important quant à la volonté du détenu de retrouver une vie «normale» après sa libération.
C’est pourquoi, les opérations de réinsertion démarrent dès l'entrée du détenu dans un centre pénitencier afin de préparer au mieux sa sortie. Il faudrait que dans le cas du Burkina, se multiplient les associations qui interviennent dans la prison pour que les détenus ne se sentent pas abandonnés et puissent compter sur elles pour leur réinsertion sociale et éventuellement leur réinsertion professionnelle. Les associations ont pour but d'aider les anciens détenus à se réinsérer dans la société. Elles leur apportent un grand soutien car il est toujours difficile pour un détenu de revenir à la vie « normale ». Récemment, on peut saluer l’œuvre de « Charly tour » qui a organisé un repas communautaire pour les pensionnaires de la MACO. Il est important d’assurer l’aide aux sortants de prison, notamment en essayant de maintenir les liens familiaux, leur suivi individuel: mise en place d’actions culturelles, essayer de régler les problèmes familiaux, les problèmes de biens matériels et participer à la prévention du suicide.
L’Etat doit être à mesure d’apporter une réponse adaptée aux demandes d’emploi des détenus en leur proposant par exemple une activité adaptée à la formation reçue en prison. C’est là toute la notion de la réinsertion professionnelle qui va de pair avec la réinsertion sociale. La réinsertion professionnelle est la reprise d’une activité professionnelle. La réinsertion professionnelle nécessite un travail sur l’ensemble des problèmes du détenu : situation administrative (il n’a souvent plus de papiers), situation familiale (isolement, divorce, famille éloignée…), santé (problème d’alcool, toxicomanie), hébergement (il se retrouve souvent à la rue)… La réinsertion professionnelle se prépare surtout dans la prison, en suivant des cours (formations professionnelles) ou en travaillant dans des ateliers. Des métiers comme le jardinage, la menuiserie doivent être développés dans nos prisons pour qu’à la sortie, les détenus puissent reprendre une vie «normale».
La Rédaction