A l’issue de son séjour de 72 heures à Paris, le Président du Faso a reçu la presse burkinabè avec laquelle il a fait le point de son séjour, notamment les questions qui ont été évoquées avec ses différents interlocuteurs. Blaise COMPAORE se prononce d’abord sur la coopération bilatérale avec la France…
Blaise COMPAORE: Nous sommes venus rencontrer le Président HOLLANDE, ce qui confirme l’excellence de ces relations, tant au plan de nos rapports d’Etat à Etat, qu’au niveau des contacts directs entre les populations. Notre pays a une forte coopération décentralisée avec la France, à travers les politiques de jumelage-coopération, mais aussi, le secteur privé français, très actif au Burkina Faso. La France a réaffirmé sa disponibilité à continuer à nous accompagner dans les divers projets de développement de secteurs sensibles pour notre émergence: l’eau, l’assainissement, l’électricité. Le Président HOLLANDE a également dit toute sa détermination à renforcer cette coopération. Il convient de souligner par ailleurs que la France est très sensible à la stabilité de l’Afrique de l’Ouest... et est prête à s’engager avec nous pour la consolidation de la paix.
Question: Cette bonne collaboration semble pourtant contraster avec les problèmes de visa que les étudiants et des Burkinabè ont en France.
Blaise COMPAORE: Comme vous le savez, chaque pays du monde a sa politique de visas, une politique d’immigration, pour s’éviter des situations dommageables pour les relations de pays à pays, et même pour sa propre sécurité, sa stabilité. La France a ses règles pour lesquelles les Burkinabè comme d’autres citoyens doivent se conformer, sur le territoire français. Cela est dans l’intérêt de la sécurité en France. En tous les cas, nous avons un mécanisme de dialogue avec la France sur ces questions. Cela montre le niveau élevé, la qualité de nos rapports avec ce pays.
Question : Après avoir échangé avec le Président français sur la crise au Mali, et également avec le Premier ministre malien Cheick Modibo DIARRA, quelle est la position qui se dégage pour véritablement tendre vers la résolution de cette crise ? Y-a-t-il une harmonisation des points de vues ?
Blaise COMPAORE: Le Président en exercice de la CEDEAO, M. Alassane OUATTARA a adressé une lettre au Président Dioncounda, pour avoir des précisions, pour poser un certain nombre de questions qui attendent des réponses, afin d’améliorer la coopération qui doit s’instaurer entre la CEDEAO et le Mali, et donner le maximum de chance au rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali. J’espère qu’après les échanges que nous avons eus avec le Premier ministre, nous verrons les choses évoluer dans les jours à venir.
Question: A quel niveau se trouve l’obstacle. Au niveau de Bamako ou au niveau de la CEDEAO ?
Blaise COMPAORE: Les obstacles, sont avant tout, des questions d’ordre technique et opérationnel, parce que la CEDEAO, pour engager des troupes au Mali, a des conditionnalités qu’elle pose nécessairement… Et le Mali doit les gérer, loin de toutes formes de contradictions.
Question: Vous avez accordé une audience au Procureur de la CPI. Y-a-t-il des dossiers judiciaires en perspective ?
Blaise COMPAORE: Etant médiateur, la Procureure a voulu me rencontrer pour que nous échangions et accordions des violons, sur certains dossiers: la médiation en cours, la destruction des mausolées pour lesquels le gouvernement malien a déposé une plainte auprès de cette Cour, etc.
Question: Avez-vous débattu du problème frontalier entre le Burkina et le Bénin ?
Blaise COMPAORE: Non… Avec le Burkina et le Bénin, comme avec le Niger, nous avons déjà adopté le principe de nous référer à la Cour Internationale de Justice à la Haye. C’est un autre niveau de juridiction.
Question: Avec les entrepreneurs privés français, de quoi a-t-il été question dans vos échanges ?
Blaise COMPAORE : La France est très présente dans notre économie. J’ai eu du plaisir à rencontrer le responsable d’ALCATEL qui est très intéressé à construire avec nous un partenariat dans le domaine de l’informatisation, le renforcement de notre système de télécommunications , à travers la construction d’un pôle autour de notre pays, avec des possibilités d’ouverture sur d’autres pays pour faire du Burkina une zone de transit. Nous avons discuté avec d’autres intervenants dans notre pays. Il y a un grand intérêt plus grand des Français pour la construction d’une activité économique plus grande, plus forte au Burkina Faso.
Question: Les pays européens sont confrontés à des difficultés financières; dans cet environnement, ne serait ce pas mieux de ralentir la coopération avec des pays comme la France qui affiche aujourd’hui des taux de croissance nuls?
Blaise COMPAORE: Même si la France a des difficultés, elle reste un pays riche, qui a des possibilités, qui a des garanties, qui peut continuer à être utile pour les autres. Je dois vous dire qu’aujourd’hui les conditions de gestion de notre économie nous permettent d’aller vers des prêts, bientôt avec l’AFD; ce qui n’était pas le cas avant. Cette donne montre que la France, sur ce terrain, sait aussi qu’en nous aidant à nous développer, elle développera en cours de chemin, des entreprises françaises. Nous avons plutôt intérêt à maintenir la dynamique en cours dans nos relations.
Question : Qu’est-ce que le Burkina en retour donne à ces pays qui lui apportent l’aide ?
Blaise COMPAORE : Nous aussi nous leur vendons du coton, des fruits et légumes, des possibilités à leurs entreprises. Ils gagnent de l’argent au Burkina ou à travers leurs partenariats avec le Burkina… Cet argent renforce l’économie française. C’est dans du gagnant-gagnant que baigne cette coopération…
Question: A l’issue de votre séjour, quelles intérêts le Burkina a pu en tirer… ?
Blaise COMPAORE : Nous avons une bonne coopération avec la France qui est toujours disposée à nous accompagner. Elle est très regardante sur les questions de stabilité de la région Afrique de l’ouest, elle est très disponible à nous appuyer dans le traitement des questions sécuritaires de la zone. Elle continue à être disponible, à nos côtés, sur les questions de politique internationale, de développement, de protection de l’environnement, de gouvernance, de décentralisation. Cela est très important pour nous, et nous comptons créer les conditions pour que ce niveau de coopération s’installe durablement entre nos deux nations.
La Direction de la Communication de la Présidence du Faso