Plus de deux semaines après l’attaque «délibérée», le 9 mai 2013, d’un bateau de pèche taïwanais par des gardes-côtes philippins, la tension reste toujours vive entre Taipei et Manille. Après les mesures de rétorsions face aux valses-hésitations du gouvernement des Philippines de satisfaire à ses requêtes, Taïwan a procédé à des manœuvres près des eaux territoriales philippines.
Jusque-là, chez nous au Burkina Faso, cette nouvelle querelle dans le Pacifique occidental reste méconnue du grand public. Pourtant, elle implique l’un de nos meilleurs partenaires techniques et financiers : la République de Chine.
Le jeudi 9 mai 2013, alors qu’il se trouvait à «la lisière des eaux communes aux deux pays», un bateau de pêche taïwanais, le Guang Da Xing n°28, a été attaqué par un navire philippin. Bilan : un mort parmi les quatre membres de l’équipage du chalutier. La victime, Hong Shih-Cheng, 65 ans, est décédée d’une balle reçue au cou.
Le nombre d’impacts de balles, une cinquantaine, répertorié sur la coque du bateau endommagé, témoigne de l’usage excessif et prémédité de la force, «en violation des lois internationales et de la Convention des Nations unies sur le trafic international», estime Taipei qui dénonce par la même occasion une entorse au devoir humanitaire puisque les gardes-côtes philippins s’en sont allés sans même porter assistance au navire en détresse.
En réaction à cette attaque, les autorités taïwanaises ont adressé à leurs homologues philippins quatre requêtes : des excuses formelles, une indemnisation de la famille de la victime, des sanctions contre les auteurs de cette fusillade et l’ouverture de pourparlers sur les Accords de pêche entre leurs pays respectifs.
Mais face aux «ambiguïtés» et «au manque de sincérité» dans les déclarations de Manille qui parle plutôt de «mort accidentelle» et de «malheureuse perte en vie humaine», Taipei a adopté, dès le 15 mai, une première, puis, face au refus d’obtempérer du gouvernement philippin, une seconde série de sanctions. Il s'agit notamment du gel de l’immigration de travailleurs philippins à Taiwan ; de la suspension d’échange de haut niveau avec les Philippines ; de la suspension de la coopération agricole et de pêche entre les deux pays et de même les échanges économiques ainsi que les activités nécessitant des activités promotionnelles et d’investissement ; de l’exclusion des Philippins du champ des Accords qui exemptent de visa les visiteurs des ressortissants du Sud-Est asiatique désireux de se rendre à Taïwan.
Le 16 mai, la flotte taïwanaise a effectué des manœuvres près des eaux territoriales philippines. Une manière pour la République de Chine de réaffirmer sa détermination à défendre sa souveraineté que refuse de reconnaître Manille, alliée de Pékin.
Dans une annonce faite le 20 mai, le ministère taïwanais des Affaires étrangères a indiqué que la partie adverse consent à la demande de Taipei d’envoyer des enquêteurs de même qu’à la requête d’une assistance judiciaire pour «élucider cette affaire».
Taïwan exige également que ses investigateurs soient autorisés à monter à bord du navire incriminé, à interroger les membres de l’équipage et à inspecter les armements utilisés lors de l’attaque.
En guise de mesure de réciprocité, la République de Chine accepte la présence d’enquêteurs philippins sur son territoire.
S’achemine-t-on enfin vers un règlement rapide et pacifique de la crise comme l’a depuis souhaité le président taïwanais, Ma Ying-jeou ?
Wait and see.