Chanteurs, comédiens, managers d’artistes, promoteurs, diffuseurs, producteurs et éditeurs d’œuvres d’arts, entre autres, derrières des sonorités soigneusement sélectionnées pour cadrer avec leurs revendications, ont animé un sit-in au BBDA, paralysé depuis plus d’un mois par une grève du personnel qui demande la démission de l’actuel DG, moins d’un an après sa nomination.
Daniel Nikiéma, nommé à la tête de l’institution en janvier, "dans un contexte difficile pour remettre les choses en ordre", est décrié par les (77) employés, dont il a décidé de "réduire les avantages" couverts grâce aux droits d’auteurs des artistes, a expliqué devant le portail principal Océann, un de leurs porte-paroles, à la grande attention de son assemblée.
"Les artistes ont installé ce bureau pour défendre leurs droits mais ces agents travaillent à défendre eux-mêmes leurs droits", a décrit tout débité Issa Ouédraogo, comédien et président du Carrefour international du théâtre de Ouagadougou (Cito), le plus célèbre espace de diffusion théâtral du pays, à ALERTE INFO.
Des auteurs déclarés depuis plus de 20 ans perçoivent parfois 35.000 à 36.000 FCFA, "des miettes, alors que des employés en six mois de service, roulent dans des (véhicules) 4X4", a raconté M. Ouédraogo qui accusent les anciens dirigeants du BBDA de les avoir "habitué à des moyens colossaux".
Adama Sagnon, ex-DG du BBDA nommé en début d’année ministre de la Culture dans le premier gouvernement de la transition, a été débarqué des deux fonctions après une grogne des acteurs culturels qui lui reprochaient "une gestion calamiteuse" du Bureau.
Toutefois, ils lui reconnaissent le mérite d’avoir suspendu l’un des principaux avantages du personnel : "le prêt scolaire" - également défalqué sur les droits des artistes –, rétabli récemment après une pression des agents, et prélevé à hauteur de "17 millions FCFA en une semaine", s’est indigné Aboudou Dabo dit Dabs, producteur et éditeur de musique.
Pour marquer leur indignation, les employés du BBDA observent une grève depuis plus d’un mois pour exiger la démission du DG. Ils lui reprochent de vouloir "ramener à 31%" le taux perçu sur l’ensemble des droits d’auteurs recouvrés pour les frais de gestion de l’institution, "conformément aux textes", contre les 51% actuellement utilisés.
"Les revendications du personnel évoluent et c’est cela qui nous traumatise". Pour ce qui est du prêt scolaire, ni le délai, ni le taux d’intérêt pour le remboursement ne sont "précisés", a souligné dans la cohue Dabs, également porte-parole de la Coalition pour la renaissance artistique du Burkina Faso (Cora-BF).
Devisant parfois bruyamment par petits groupes, chacun interprète la situation à son entendement. Pour Madess, artiste Reggae, ce sont leurs collègues qui siègent au Conseil d’administration du BBDA, "qui ne font pas leur travail", mais "plus rien ne sera comme avant", reprenant le "slogan de la transition" lâchée pour la première fois par le président Michel Kafando lors de son investiture.
Ras Two-Diz, dreadlocks, s'est réjouit "un peu" quant à lui que "la grève des travailleurs" qui "a permis de prendre connaissance, grâce au DG, des dossiers du Bureau sinon on n’était pas au courant de tout ça", a-t-il lancé adossé au mur, l’air amusé.
"Le droit d’auteur est pour l’artiste ce qu’est le sang pour l’être humain !", "A bas la fraude au BBDA !", "Non à la surfacturation !", affichaient certains sur des pancartes.
Selon Océann, le BBDA "est la seule maison où les principaux actionnaires (les artistes) ignorent ce qu’elle engrange".
Afin de "voir plus clair" dans la gestion de leurs droits, les artistes "demandent un audit financier et organisationnel de 2010 à 2015" ainsi que "le recensement des auteurs déclarés auprès du BBDA", suscitant des ovations et des cris d’approbation au sein de son auditoire.
HZO