Des spécialistes africains et européens du textile, avec l’appui de l’Union européenne encadrent des producteurs du Kourwéogo afin qu’ils se réapproprient le savoir-faire en matière de teinture naturelle.
Une mission de l’Union européenne(UE) a visité, le 4 décembre 2015, des sites de plantation d’espèces tinctoriales et un forage servant à l’entretien des plants à Sandogo, d’un centre de tissage traditionnel à Napalgué et d’un atelier de production textile à Boussé, tous dans la province du Kourwéogo. Ces trois localités servent de champs d’expérimentation pour valoriser les savoirs et savoir-faire du monde rural dans les métiers du textile artisanal dans les branches de la filature, du tissage et de la teinture naturelle sur coton. Au regard de sa pertinence, le projet sur la teinture naturelle a été sélectionné par l’UE pour bénéficier d’un appui afin de développer de nouveaux produits en coton teints en colorants naturels. Pour s’imprégner de l’état de mise en œuvre du projet, l’expert en suivi des politiques cotonnières du partenariat UE-Etats de l’Afrique, du Pacifique et des Caraïbes (UE/ACP), Fabio Berti, et la chargée de la communication, Annick Gouba Guigal ont effectué une visite de terrain, le 4 décembre 2015 dans le Kourwéogo. A Sandogo, environ 1500 plants ont été mis en terre et sont composés notamment d’accacia nilotica (ping’nèga en langue mooré), de parkia biglobosa (néré), d’indigofera tinctoria (garé en mooré), de sorghum biocolor (monôme en mooré), des espèces utilisées pour la teinture naturelle. Selon l’expert en textile et coordinateur d’«Afrique authentique », Désiré Maurice Ouédraogo, la visite devrait permettre également de fédérer l’ensemble des énergies afin d’accompagner le travail qui a été fait par les populations depuis l’étape des pépinières, du creusage des trous jusqu’à l’entretien des plants. Selon les populations bénéficiaires, les jeunes plants bénéficient d’un bon suivi à travers le groupement des femmes Sougr soab ya Wenam zoa de Sandogo qui effectue un arrosage par semaine. A Napalgué, un village de la commune de Niou, les visiteurs se sont imprégnés des activités qui sont menées dans le centre de tissage traditionnel (construit grâce à un appui financier de l’ambassade des USA au Burkina Faso) où plus de 70 personnes exercent le tissage et les métiers liés comme activités génératrices de revenus, selon le président de la coopérative, Dramane Sawadogo. Le troisième et dernier point de la visite a été l’atelier de recherche et développement d’ « Afrique authentique » qui est devenu le centre névralgique du secteur textile à Boussé. Au terme de la visite, le responsable de suivi du programme UE/ACP sur la filière coton africaine, Fabio Berti, a exprimé sa satisfaction au regard des résultats obtenus suivant la vision de son institution basée à Bruxelles en Belgique, qui est celle d’œuvrer à l’émergence d’une gamme diversifiée de produits constitués à 100% de coton africain et en colorants naturels, comme produits de luxe pour conquérir les marchés du Nord. « Avec le dynamisme et l’expertise du coordinateur d’Afrique authentique et d’autres personnes, nous arriverons à créer des pôles de compétences dans le domaine de la transformation artisanale », a rassuré Fabio Berti. Les populations bénéficiaires du Kourwéogo ont apprécié cette visite et ont souhaité une longue vie au projet. Cependant, le déficit pluviométrique entrave la production du coton dans ces localités. C’est suite à un appel à proposition dans le cadre du 11e Fonds européen de développement (FED) et dans le cadre du programme d’appui à la compétitivité et à la viabilité des filières cotonnières africaines que des experts basés en Afrique et en Europe encadrent les producteurs. Il s’agit de Maurice Désiré Ouédraogo d’« Afrique authentique », spécialisé dans la production de textiles artisanaux et de Karin Phillips, coordonnatrice de Save Our Skills Africa (SOS Africa), une ONG internationale dont le siège est au Burkina (avec une représentation en Allemagne et en Angleterre) et de British european design group. Ce programme UE/ACP a débuté en 2013 et prend fin en 2016.
Aly SAWADOGO