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Manifestations dans plusieurs écoles de Ouagadougou, 17 ans après l’assassinat du journaliste Norbert Zongo
Publié le mardi 15 decembre 2015  |  Alerte Info
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© aOuaga.com par A.O
Les étudiants ont marché, le 4 novembre 2015, de l`université de Ouagadougou au ministère des Enseignements secondaire et supérieur (MESS) pour exiger la reprise des oeuvres universitaires




Les cours étaient perturbés lundi dans plusieurs lycées publics de Ouagadougou où, des élèves massés devant les classes, manifestaient en vue de "faire avancer" la justice sur le dossier du journaliste Norbert Zongo, tué le 13 décembre 1998 dans l’incendie de son véhicule.

Au lycée Philippe Zinda Kaboré, le plus grand du pays, des groupes d’élèves bruyants, sifflets à la bouche, sillonnent les différents bâtiments tout en contraignant les professeurs déjà dans les classes, à renoncer aux cours afin de permettre à leurs camarades de protester avec eux pour réclamer "justice pour Norbert Zongo".

Norbert Zongo, fondateur de l’hebdomadaire "L’indépendant", a été retrouvé calciné à l’âge de 49 ans, dans sa voiture avec trois compagnons d’infortune à Sapouy (à 100 kilomètres au Sud de Ouagadougou) alors qu’il investiguait sur la mort mystérieuse de David Ouédraogo, survenue le 18 janvier 1998.

David Ouédraogo était le chauffeur de François Compaoré, frère cadet et conseiller spécial du président déchu Blaise Compaoré (1987-2014), arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1987 et qui a démissionné le 31 octobre 2014 sous la pression de la rue qui s’opposait à son projet de révision constitutionnelle qui lui aurait permis de se maintenir au pouvoir.

Les autorités de la transition arrivées aux affaires en novembre 2014, exécutant une décision de la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, ont relancé le dossier qui avait été classé pour "non-lieu" en 2006 par la justice burkinabè.

En dépit de cela, "la pression doit continuer pour que la lumière soit faite et que justice soit rendue", affirme Ali Bokoum (18 ans), en classe de Première scientifique au "Lycée Zinda", point de départ habituel des manifestations scolaires à Ouagadougou.

Selon le jeune Ali, l’air serein adossé à un arbre, "il est normal de boycotter les cours pour faire avancer le dossier" devant la justice. Même si ces perturbations peuvent avoir une incidence sur l’achèvement du programme scolaire, "c’est pour la bonne cause", ajoute l’adolescent.

A environ un kilomètre plus à l’Est, des élèves font regulièrement exploser des pétards pour empêcher le bon déroulement des cours au lycée Bogodogo, effrayant du coup certains qui s’empressent de regagner leur domicile.

"C’est comme ça chaque année et ce sera toujours comme ça tant que ceux qui l’ont tué ne seront pas en prison", lance un protestataire à moto, avant de prendre à vive allure la direction du portail en vue d’aller "libérer" (faire sortir des élèves) d’autres établissements.

Vers 10H00 (GMT et locales), devant le Lycée technique Aboubacar Sangoulé Lamaizana (du nom du 2e président du Burkina Faso) qui jouxte l’Université de Ouagadougou, des élèves devisent calmement par petits groupes.

Parmi eux, Wayala Ilboudo, 18 ans, en classe de 1ère série Comptabilité, affirme que des "élèves ne sont pas au courant que le dossier avance. Certains se complaisent à rester hors des classes".

Dès l’annonce des circonstances de la mort du journaliste Norbert Zongo, plusieurs manifestations qui avaient à l’époque ébranlé le pouvoir de Blaise Compaoré, se sont déclenchées à travers l’ensemble du pays, avec à leur pointe les élèves et étudiants.

Des années plus tard, les élèvent continuent de paralyser les écoles secondaires dans la semaine marquant la date anniversaire de son assassinat. Et cette année, les cours pourraient rester perturbés "jusqu’à jeudi", lance dans la cohue, un adolescent vêtu de son uniforme kaki et coiffé d’un bonnet laissant poindre une longue touffe de cheveux soigneusement peignée.

Dimanche, à la Place de la Révolution de Ouagadougou, des centaines de personnes à l’appel du Collectif des Organisations démocratiques de Masse et de Partis politiques (CODMPP), ont réclamé "justice" pour Norbert Zongo et ses compagnons, ainsi que pour tous les autres crimes de sang ou économiques "impunis" au Burkina.

Samedi, le Premier ministre Isaac Zida a annoncé à Ouagadougou que "ceux (encore vivants) qui ont assassiné Norbert Zongo sont désormais aux arrêts", en attendant "leur jugement pour que le peuple puisse savoir qui a ordonné (son) assassinat et pourquoi".

Parmi les personnes mises aux arrêts se trouvent trois ex-soldats de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), auteur en septembre d’un putsch avorté.

Le gouvernement de la transition qui doit rendre les rennes de l’exécutif le 29 décembre avec l’investiture du président élu Roch Marc Christian Kaboré, a immortalisé sa mémoire en attribuant son nom à une Avenue (Sud de Ouagadougou) "qui mène vers les lieux de son destin fatal" à Sapouy.

A cette occasion, Chrysogone Zougmoré, le président du Collectif des organisations de la société civile et politique (CODMPP), engagé depuis 17 ans sur le dossier Norbert Zongo, a salué "un acte matériel méritoire, longtemps attendu".

"Aujourd’hui, 17 années après, notre attente de la vérité et notre soif de justice demeurent vivaces et inextinguibles", avait ajouté M. Zougmoré, également responsable du Mouvement burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP).

HZO
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