Pour reprendre les termes de Bognessan Arsène Yé, ministre burkinabè des réformes politiques, lorsque la barbe de votre voisin brûle parce qu’incendiée par des bombes terroristes, interrogez-vous sur l’inflammabilité de votre poil du menton.
Niger, un voisin
Voilà pourquoi le Mercure de cette semaine parlera de la menace terroriste et des risques que court le « Pays des Hommes intègres » après que son voisin, le Niger, a souffert des attaques du MUJAO, le jeudi dernier.
Le Niger n’est pas loin du Burkina, tout comme le Mali. Le MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest) non plus, surtout si l’on tient compte qu’il s’est juré de faire subir le même sort à tous ces pays qui ont aidé la France à les bouter hors du Mali.
Le Burkina menacé ?
Alors, la question (qui ne pose plus peut-être) est de savoir si le Burkina n’est pas éligible à cette menace. Un diplomate pas très diplomatique avait déjà prédit que le Burkina est le prochain sur la liste des pays qui seront visités, entre autres, par les islamistes. Le rapporteur spécial des Nations Unies, Ben Emmerson, a également de sombres pressentiments et estime que le Burkina est exposé « à toutes les menaces« .
Ensuite, les dernières « fréquentations » du Président du Faso peuvent donner des motifs d’inquiétude. Le groupe islamiste Ansar Dine, on s’en souvient, était défendu par le médiateur dans la crise malienne comme fréquentable. Ce groupe, en participant à l’agression qui a entraîné l’intervention manu militari de la France au Nord Mali, révélait ainsi n’avoir pas rompu ses liens soupçonnés avec le MUJAO. Ont-t-ils digéré la participation du Burkina à l’effort de guerre qui a contribué à les faire perdre pied au Nord Mali ? Ces « fréquentations » ne vont-elles pas avoir un fâcheux revers ?
Si l’on ajoute les mesures sécuritaires inhabituelles prises dans plusieurs localités du pays, dont Ouagadougou, l’on peut se convaincre qu’il y a péril en la demeure.
Prêt à parer ?
Certes, le Burkina n’a pas d’AREVA qui peut constituer une cible. Mais Les otages restent aussi une alternative et à ne pas oublier que l’armée nigérienne a fait les frais de l’attaque du jeudi dernier. Il est à espérer alors, comme le défendent les autorités, que toutes les mesures sont prises pour parer à toute éventualité et que plaise à Allah que les islamistes n’aient pas d’appétit pour « Le Pays des Hommes intègres ».