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Union Africaine et panafricanisme: 50 ans après, quel bilan ?
Publié le lundi 27 mai 2013   |  Burkina24


Cinquantenaire
© présidence CI par C I bou T
Cinquantenaire de l’Union Africaine : Cérémonie d`ouverture des festivités
Samedi 25 mai 2013. Ethiopie. Addis Abeba.


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Le 25 mai 1963, une trentaine de chefs d’États et de gouvernement du continent réunis à Addis-Abeba écrivaient un nouveau chapitre de l’histoire africaine. Panafricanistes convaincus pour la plupart, guidés par une réelle volonté de construire une Afrique unie et libre, ces leaders portaient sur les fonts baptismaux la première institution panafricaine : l ‘Organisation de l’unité africaine (OUA). Un demi-siècle après, les États africains commémorent en ce jour le cinquantenaire de l’OUA, devenue depuis 2002 l’Union africaine (UA), sous le thème du panafricanisme et de la renaissance africaine. Mais au-delà de ce jubilé d’or, quel bilan peut-on tirer de la vie de cette institution ?

Sur le chemin de l’intégration

L’historique de l’évolution institutionnelle de l’organisation la plus représentative du continent nous fait relever qu’il y avait au départ et il y a encore, dans une certaine mesure, deux conceptions idéologiques sur la nature l’intégration africaine, notamment parmi les chefs d’État fondateurs. D’une part, il y avait ceux dit du groupe de Casablanca qui prônaient la consolidation d’une unité politique, sous une forme d’États-Unis d’Afrique. Kwame Nkurmah, l’un d’eux, a bien exprimé cette vision du régionalisme et de l’unité africaine quand il écrit : « Nous sommes des Africains et rien que des Africains, et nous ne pouvons poursuivre notre intérêt qu’en nous unissant dans le cadre d’une communauté africaine ».

D’autre part, il y avait ceux dits du groupe de Monrovia, menés par L.S.Senghor, dont la conception de l’unité africaine aurait abouti à la création de l’OUA comme une organisation d’États souverains et qui s’engagent à respecter cette souveraineté. On est tenté de penser comme IK. Souaré que le projet de l’UA est, du moins théoriquement, une tentative de retourner à la première conception et peut-être un aveu de l’échec de l’autre qui a démontré ses limites.

Des acquis considérables

Créée dans un contexte de décolonisation, l’OUA, devenue UA, est passée de 32 Etats signataires en 1963 à 54 pays membres en 2013 et s’est transformée d’organisation de coordination en une institution d’intégration. L’organisation panafricaine s’est en effet approfondie de manière considérable sur le plan institutionnel. Elle dispose désormais d’une Assemblée, d’un Conseil exécutif, d’un Comité des représentants permanents et d’une Commission. Elle s’est par ailleurs dotée en 2004 d’un plan d’action qui lui définit cinq domaines prioritaires que sont : la transformation institutionnelle ; la promotion de la paix (conseil de paix et de sécurité) de la sécurité humaine et de la gouvernance (cour africaine des droits de l’homme et des peuples) ; la promotion de l’intégration régionale ; la construction d’une vision partagée au sein du continent et l’adoption d’un protocole relatif à la cour de justice de l’Union.

Mais aussi des insuffisances

Malgré ses progrès considérables, les directives même de son plan d’action démontre que l’UA traine des insuffisances qui peuvent se résumer au manque de financement , à l’absence de consensus et à la faiblesse de l’intégration régionale.

Sa force d’intervention militaire dont la création a suscité beaucoup d’espoirs connaît des problèmes de financement et de logistique pour être pleinement opérationnelle, justifiant du même coup des interventions de puissances extracontinentales telle que celle récente de la France au Mali. L’autre tare de cette institution tient à la difficulté de trouver un consensus en son sein, pourtant condition sine qua none pour faire entendre sa voix et s’imposer sur la scène internationale. Ces dissensions internes liées à des questions de leadership ont encore été mis à jour lors du choix de son dernier président en 2012.

Et des défis à relever

Il est évident que les espaces communautaires africains ont besoin d’une intégration politique et économique beaucoup plus forte. La balkanisation de l’Afrique, héritage de l’époque coloniale et des indépendances, a toujours justifié la nécessité d’une intégration régionale. Ce besoin d’intégration est accentué de nos jours par un contexte de mondialisation régulée supposant de grands ensembles régionaux.

Cependant, une intégration régionale requiert au préalable une véritable intégration nationale au sein des États membres. Des conditions politiques stables pour la construction d’États forts empêchant les fragmentations territoriales et s’appuyant sur des sociétés civiles fortes créant des contre-pouvoirs pour garantir la bonne gouvernance dans les pays africains.

Une intégration politique forte supposerait également des transferts de souveraineté et des objectifs de prévention des conflits. La convergence des intérêts économiques pourrait être une manière de dépasser les rivalités et les antagonismes politiques.

Des actions diplomatiques et militaires régionales sont d’autant plus nécessaires au vue du fait que les conflits sont largement régionalisés avec des effets de contagion en raison de l’interdépendance qu’il y a entre la fragilité des États et des régions. Les actions bilatérales beaucoup plus répandues ne semblent donc pas adaptées à la dimension régionale des conflits.

Quoi qu’il en soit, toute intégration réussie est l’aboutissement d’un long processus pas toujours évident et l’UA semble sur la bonne voie. Le chef de la diplomatie burkinabè estime à ce propos que : « l’Afrique certes reste un continent pauvre et une terre encore propice à de nombreux foyers de tension et de conflits parfois fratricides ; mais l’élan de restauration de l’image de l’Afrique, de la Solidarité et d’intégration propulsée par l’OUA a permis de bâtir le socle d’un espace régional de paix, de stabilité et de progrès socioéconomique ».

Bon anniversaire OUA/UA mais rappelle-toi cette boutade de Vincent Hugeux : lorsque s’éteindront les lampions de la fête, restera cette question : y a-il un Africain, une Africaine, de la brousse ou des bas-quartiers, dont l’UA aurait allégé le fardeau quotidien ?

Nelson COMPAORE

Chroniqueur, relations internationales

Pour Burkina 24

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