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Discours d’introduction de Michèle Barzach à la conférence internationale de Paris contre la malnutrition infantile. : Maison internationale, Paris, 14 et 15 mai 2013
Publié le vendredi 24 mai 2013   |  L’Express du Faso




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Mesdames et Messieurs,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Mesdames et Messieurs les experts, les acteurs de terrain, les responsables et agents de santé,

A vous tous qui représentez au total 56 pays, dont 35 du continent africain,

Je souhaite, au nom de l’UNICEF, la bienvenue à la Conférence internationale de Paris contre la malnutrition infantile. Si nous sommes réunis pendant deux jours dans ce magnifique lieu de rencontre et de savoir qu’est la Maison internationale de Paris, c’est bien pour faire bouger les lignes dans le combat contre la malnutrition des enfants. Responsable de 30% de la mortalité infantile et affectant, sous sa forme chronique, le développement de 165 millions d’enfants dans le monde, la malnutrition n’est pas seulement l’une des pires tueuses des enfants de moins de cinq ans; elle est aussi un obstacle majeur au développement. Elle empêche les enfants et les adolescents d’atteindre leur plein potentiel, Elle se transmet des mères à leurs enfants, Elle enferme des populations entières dans la vulnérabilité, elle nuit à la productivité et grève les dépenses publiques.

Ce faisant, elle perpétue le cycle infernal de la pauvreté et de l’injustice. Si nous avons choisi de nous concentrer particulièrement sur l’Afrique subsaharienne, c’est parce que cette région est, avec l’Asie du Sud, le principal foyer de malnutrition infantile. C’est aussi parce que sa situation géographique et climatique particulière l’expose à des crises alimentaires et nutritionnelles récurrentes et de grande ampleur, se traduisant par une prévalence inouïe de malnutrition aiguë et se soldant par un nombre inacceptable de décès parmi les plus vulnérables. C’est enfin parce que c’est dans cette région du monde que les progrès en matière de nutrition ont été les moins manifestes. Comme le souligne le dernier rapport de l’UNICEF sur le sujet, dans certains pays d’Afrique subsaharienne, jusqu’à 40 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique. Près de la moitié de chaque génération ! Dans la région, elle pèse jusqu’à 3 % du Produit intérieur brut (PIB). C’est une catastrophe humaine autant que sociale et économique. Mais nous ne sommes pas là aujourd’hui pour égrener des statistiques dramatiques ni pour nous lamenter autour d’un constat effrayant.

Non. Bien au contraire. Nous sommes là pour contribuer à un changement de paradigme et pour mettre l’Afrique au cœur de la mise en œuvre de solutions. Changement de paradigme, car la malnutrition n’est pas une fatalité. Nous le savons, elle se combat efficacement. Changement de paradigme car nous ne pouvons plus nous contenter des seules réponses d’urgence face à la malnutrition ; placer la nutrition des enfants et de leurs mères au cœur des politiques publiques de santé et de protection sociale, dans une approche multi-sectorielle, est une condition absolue du développement et de la lutte contre la pauvreté. Favoriser la généralisation des interventions qui ont fait la preuve de leur efficacité contre la malnutrition, c’est renforcer la résilience des pays et de leurs populations face aux chocs successifs.

S’attaquer à la malnutrition de manière volontariste, c’est faire du combat contre ce fléau une véritable opportunité de développement et de progrès social.

Jamais le contexte international n’a été aussi favorable au combat contre la malnutrition des enfants.

Jamais nous n’avons eu autant d’outils entre les mains : les traitements efficaces contre la forme aigue existent, les stratégies de prévention de la forme chronique sont connues et éprouvées.

La communauté mondiale se mobilise autour du Mouvement SUN (dont nous avons ici de très nombreux représentants, dont David NABARRO, son coordinateur) ;

Le Secrétaire général des Nations unies a inscrit l’objectif de l’élimination du retard de croissance dans son « Défi faim zéro ».

Le Forum économique mondial 2013 a rappelé que la sécurité alimentaire et nutritionnelle constitue une priorité mondiale. Enfin, dans le cadre du tout récent Consensus de Copenhague, un groupe d’économistes de renommée mondiale, a désigné la réduction du retard de croissance comme l’un des meilleurs investissements en matière de développement.

Nous sommes à moins d’un mois du G8 et du sommet « Nutrition pour la Croissance » qui doit le précéder à Londres. Ainsi, nous tous réunis ici avons les moyens de faire avancer concrètement les choses. Et ce, autour de trois axes prioritaires :

- le passage à l’échelle des stratégies qui ont fait la preuve de leur efficacité ;

- l’intégration horizontale de la malnutrition dans les politiques publiques ;

- la promotion de financements renforcés et pérennes orientés vers les interventions prioritaires.

Pour l’UNICEF, la réduction de la mortalité infantile est la priorité de toutes les priorités. Au cœur de ce combat, la malnutrition occupe une place particulière.

Principal fournisseur mondial de produits nutritionnels thérapeutiques, engagé sur tous les terrains où sévit la malnutrition, promoteur d’approches communautaires et de plates-formes régionales, l’UNICEF a pris l’initiative de cette conférence. Elle est un élément essentiel de son plaidoyer.

Mais ce qui fait la force et la spécificité de la Conférence de Paris, c’est son approche partenariale, résolument tournée vers l’échange d’expériences et la valorisation des solutions.

La complémentarité des partenaires qui nous ont accompagnés tout au long de la préparation de cet événement en font la force : le ministères français des Affaires étrangères, l’AFD, la Fondation Bill et Melinda Gates, ACF, MSF, ALIMA sont tous investis, à des degrés et des niveaux différents dans le combat qui est aussi le nôtre et fortement investis dans la région qui nous intéresse. En s’investissant dans cette conférence, ils réaffirment leur engagement. Je les en remercie.

Vous qui venez de tous les horizons et de tous les continents,

Vous qui représentez les pays affectés, les pays donateurs, les pays qui ont réussi à faire reculer la malnutrition et ceux qui sont en recherche de solutions ;

Vous qui êtes issus du secteur public, du secteur privé,

Vous qui êtes des décideurs politiques ou des représentants de la société civile,

Vous tous constituez une assemblée d’une exceptionnelle richesse, d’une exceptionnelle pluralité.

Chacun de vous a un élément de la solution entre les mains. En conjuguant les points de vue, les expertises et les expériences de terrain et en additionnant les volontés d’agir, gageons que la Conférence de Paris sera une étape importante du combat contre la malnutrition, pour les enfants et leurs mères, pour l’avenir du monde.

Merci à tous.



ENCADRE

COMMUNIQUE DE PRESSE



Financer la nutrition : une exigence morale, un investissement rentable

Le consensus international autour des solutions contre la malnutrition doit maintenant se traduire par l’action et la mobilisation de ressources



Paris, le 15 mai 2013 - La Conférence internationale contre la malnutrition infantile organisée par l’UNICEF s’est achevée cet après-midi à la Maison internationale sur un appel à l’accélération des progrès mondiaux en matière de nutrition infantile et de leur financement.

« La conférence de Paris a fait ressortir un consensus très fort autour des réponses à mettre en œuvre ; elle a également marqué une étape importante dans l’expression de la volonté politique des Etats du Sud comme du Nord, de s’attaquer à ce fléau », a déclaré Michèle Barzach, présidente de l’UNICEF France. « Cela doit maintenant se traduire par la mise en œuvre à grande échelle des stratégies qui ont fait la preuve de leur efficacité et par la nécessaire mobilisation des ressources ».

Il est urgent que les Etats affectés accélèrent la mise en œuvre de politiques publiques volontaristes, multisectorielles et décentralisées, ayant pour objectif clair, la réduction de la prévalence de la malnutrition chez les enfants. L’intégration de la nutrition maternelle et infantile dans les politiques de santé et de protection sociale est une condition de la réussite, comme l’ont montré toutes les expériences décrites lors de la conférence. Des ministres et parlementaires d’Afrique subsaharienne présents à la conférence de Paris ont rendu publique une série d’engagements concrets en faveur de réponses nationales adaptées et à la hauteur de l’enjeu (lire ici les engagements).

Les Etats du Nord doivent eux aussi prendre d’avantage d’engagements concrets. Le combat contre la malnutrition ne pouvant plus se satisfaire de réponses et de financements d’urgence, la mobilisation de ressources pérennes et de long terme est indispensable.

A quelques semaines du Sommet du G8, le ministère français des Affaires étrangères vient d’octroyer 30 millions d’euros, issus de sa nouvelle taxe sur les transactions financières, à la santé des enfants dans le Sahel, avec un accent particulier sur la nutrition. « Cette initiative est pour nous un premier pas encourageant qui devrait inspirer d’autres Etats », a réagi Michèle Barzach, ajoutant, « Le gouvernement français a fait le choix d’un dispositif portant sur les transactions financières. Ce n’est pas le seul possible. A chaque pays de trouver et de mettre en œuvre le meilleur mécanisme pour des financements pérennes ».

La conférence de Paris l’a montré, donner à la nutrition infantile les ressources nécessaires est une exigence morale : c’est sauver la vie et l’avenir de millions d’enfants. Mais c’est aussi un investissement rentable aux plans social et économique. Les 3,3 milliards d’euros nécessaires chaque année à l’Afrique pour lutter contre la malnutrition infantile permettraient, dès la première année, à 22 millions de jeunes enfants africains d’échapper à la malnutrition chronique. Et le retour sur investissement pourrait s’élever à terme à plus de 100 milliards d’euros par an.

« Il est essentiel d’investir sur la prévention de la malnutrition afin de renforcer la résilience des familles, des communautés et des sociétés et briser le cycle des crises alimentaires et nutritionnelles, » a déclaré Yoka Brandt, Directrice générale adjointe de l’UNICEF. « En s’attaquant à la malnutrition, on agit directement sur l’ensemble des priorités de développement : la lutte contre la pauvreté, pour l’éducation et pour l’équité. A moins de deux ans de l’échéance des Objectifs du millénaire pour le développement, nous devons accélérer nos efforts et placer le combat contre la malnutrition au cœur de l’agenda post 2015 ».

Responsable de 30 % de la mortalité infantile et frappant, sous sa forme chronique, 165 millions d’enfants, la malnutrition constitue un obstacle majeur à la survie et à la croissance des enfants, autant qu’au développement des pays affectés et à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement.



ENCADRE

LES ENGAGEMENTS ET RECOMMANDATIONS DE PARIS

Les Parlementaires et Ministres réunis à Paris, à la Conférence internationale contre la malnutrition infantile, après analyse de toutes les communications, suggérons des engagements et des recommandations.



Les engagements sont les suivants :

1- Accélérer le processus d’adhésion au mouvement SUN pour les pays qui ne l’ont pas encore fait

2- Accroître nos efforts pour renforcer le leadership de haut niveau pour la lutte contre la malnutrition

3- Inscrire la nutrition comme une priorité à la réunion des Ministres de la Santé des pays d’Afrique dans le cadre de l’Assemblée mondiale de la Santé et au cours des autres évènements de haut niveau à venir (G8 – le cinquantième anniversaire de l’Union africaine pour ne donner que ces exemples) y compris toutes les réunions régionales et continentales.

4- Faire de la lutte contre la malnutrition, une priorité régionale et continentale

5- Plaider pour l’augmentation des ressources domestiques allouées à la nutrition

6- Préserver et renforcer la nature multisectorielle de la nutrition



Les recommandations s’énoncent comme suit :

1- La création d’un mécanisme de suivi des progrès, des engagements y compris les engagements financiers.

2- La poursuite de l’appui financier et technique au pays à revenu intermédiaire et à ceux dont les indicateurs s’améliorent, afin de consolider les gains enregistrés.

3- La création de réseaux parlementaires pour promouvoir la nutrition

4- La création d’une plate-forme d’échange d’expériences entre les pays dans le cadre de la coopération Sud - Sud

5- L’insertion de la nutrition au nombre des priorités post OMD

6- Le renforcement du cadre institutionnel pour la nutrition au niveau pays en tenant compte des processus de décentralisation en cours et des capacités des gouvernements locaux.

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