Ouagadougou – Le Premier ministre Beyon Luc Adolphe Tiao a reçu en audience jeudi à Ouagadougou, le Chef de file de l’opposition burkinabé, dans un climat marqué par le vote de la loi controversée portant création du sénat et les menaces de manifestations de l’opposition, a constaté un journaliste de l’AIB.
Le chef de file de l’opposition burkinabè Zéphirin Diabré a rencontré jeudi en fin de matinée, le chef du gouvernement autour des préoccupations nationales, deux jours après le vote de la loi organique portant création, organisation et fonctionnement du sénat, rejetée par les partis de l’opposition et une partie de la mouvance présidentielle.
« Les questions que nous avons évoquées traitent surtout des difficultés que vivent les burkinabé et de leur mécontentement face à un certain nombre de décisions », a déclaré Zéphirin Diabré à sa sortie d’audience, citant précisément la mise en place du sénat comme l’une des raisons de ce mécontentement.
« Nous avons réaffirmé notre opposition sur ce que nous considérons comme étant une deuxième Assemblée nationale (le sénat) et donc inutile, surtout budgétivore, par ce qu’elle va coûter 36 milliards (F CFA) pour son premier mandat », a-t-il dit.
Il a estimé que « 36 milliards est une somme avec laquelle on peut faire quelque chose à l’hôpital Yalgado (le plus grand hôpital du pays ndlr), ou en faveur des étudiants ou en faveur de la santé pour ne citer que cela ».
La question de la corruption a également été évoquée entre les deux hommes. « Nous avons alerté une fois de plus le Premier ministre sur l’ampleur de la corruption et notre découragement de voir que le gouvernement ne prend pas des décisions qu’il faut pour sanctionner ceux qui détournent et volent l’argent des contribuables », a-t-il soutenu.
« Toutes ces questions de notre point de vue, doivent être au premier plan des préoccupations du chef de gouvernement et nous l’avons exhorté à les prendre à bras le corps », a indiqué Zéphirin Diabré, ancien ministre des finances et du budget du président Blaise Compaoré et ancien vice-président de l’organisation mondiale du commerce (OMC).
Le chef de file de l’opposition a par ailleurs souhaité des discussions plus rapprochées entre les partis de l’opposition et les partis qui soutiennent le pouvoir.
« Nous avons souhaité que pour le bien de notre pays nous puissions avoir des concertations plus régulières entre l’opposition et la majorité et que même si nous n’avons pas les mêmes points de vue, au moins on peut trouver des traits de consensus qui permettent d’aplanir certaines situations et tout cela dans le souci de sauvegarder la paix sociale », a-t-il expliqué aux journalistes.
Enfin, M. Diabré dit avoir discuté avec son hôte des revendications sociales, de la hausse prix du gaz de l’offre insuffisante d’électricité et des préoccupations estudiantines. « On peut parler bien de la paix sociale mais si on ne résous pas le problème des burkinabè, il n’y aura pas de paix sociale », a-t-il encore ajouté.
Après l’adoption le 21 mai dernier de la loi instituant le sénat par 81 voix contre 46, les partis de l’opposition ont menacé de « paralyser » la vie politique et économique par toutes les voies légales. Les représentants à l’assemblée avaient quitté l’hémicycle pour rejoindre une foule massée au siège du chef de file de l’opposition avant de revenir voter contre.