Zorgho, chef-lieu de la province du Ganzourgou a abrité la cérémonie marquant la célébration de la Journée nationale de lutte contre la pratique de l’excision ce 21 mai 2013. Cette journée, maillon du mois de la famille et de l’enfant placé sous le patronage de la première Dame Chantal Compaoré, présidée par le Ministre de l’action sociale et de la solidarité nationale et coparrainée par Roch Marc Christian Kaboré, et Mahamoudou Bonkoungou, PDG de EBOMAF, a été une occasion pour les différentes communautés de la province de faire des déclarations publiques d’abandon de la pratique de l’excision.
«La jeunesse, un atout majeur et un partenariat dynamique et sûr pour l’atteinte de la tolérance zéro à l’excision». C’est sous ce thème que la Journée nationale de lutte contre la pratique de l’excision a été célébrée cette année à Zorgho dans un contexte national de célébration du mois de la famille et de l’enfant, lancé à Yako le 16 mai dernier.
Le passage de la caravane de jeunes dénommé «Caravane stop excision 2013» devant les officiels et le public a marqué le top de départ de la cérémonie. En effet, cette caravane est arrivée à Zorgho après avoir sillonné les villes de Kaya, Korsimoro, Zam, Mogtédo pour marquer l’engagement de la jeunesse à lutter contre l’excision.
Alassane Soudré, représentant le maire de la commune de Zorgho, a alors souhaité la bienvenue à tous les hôtes et témoigné sa reconnaissance aux autorités du MASSN pour le choix porté sur la ville de Zorgho pour cette cérémonie. Considérant que la parole donnée est sacrée sous nos cieux, il a fondé l’espoir que les déclarations des différentes communautés soient l’ultime marque d’engagement pour l’éradication de l’excision dans la province et le pays tout entier.
C’est ainsi que les représentants des jeunes, des femmes, de la communauté protestante, catholique, musulmane et les coutumiers ont tour à tour, fait la déclaration solennelle d’abandonner cette pratique "moyenâgeuse" et de dénoncer tout cas de pratique, eu égard à ses conséquences néfastes sur la victime et l’absence de fondements sérieux. Cet éclairage, ils le tiennent des sensibilisations de l’ONG "Mwanga-Zan action" et du RELECORE. Ils ont d’ailleurs marqué la fin de cette pratique en remettant symboliquement le matériel d’excision au haut- commissaire. Celui-ci a salué leur détermination et a remis à son tour, ce matériel d’horreur au SG du ministère pour qu’il ne dorme pas dans la province.
Le parrain et le représentant du ministre ont alors intervenu pour saluer la réussite de la cérémonie.
Pour Roch Marc Christian Kaboré, au vu des graves conséquences engendrées par l’excision et face à la démarcation établie entre celle-ci et les valeurs coutumières et religieuses, il invite tous les acteurs engagés dans la lutte à redoubler d’effort pour porter l’information juste dans tous les coins du pays. Tout en saluant le choix du thème il a indiqué que la jeunesse en jouant le rôle qui est le sien et en ayant l’appui nécessaire pour jouer sa partition, ne laissera aucune chance de survie à l’excision. C’est pourquoi il a lancé un appel à la jeunesse à faire de la tolérance zéro à cette pratique, son ambition.
M. Gbangou Adjima, secrétaire général du MASSN a, au nom du ministre, président du conseil national de lutte contre la pratique de l’excision, remercié le gouverneur de la région, le parrain et tous ceux qui s’investissent dans la lutte contre cette pratique avant de rappeler le contexte de la célébration de cette journée. Pour lui, son institution en 2000 marque la volonté manifeste du gouvernement d’enrayer ce mal qui est un problème de santé publique. Sa célébration donne alors l’occasion de faire le bilan des activités menées, de réfléchir sur celles futures et de leur imprimer un nouvel élan.
Il a indiqué que le choix de la province du Ganzourgou pour abriter cette cérémonie est guidé par le fait que la région du Plateau central a l’un des plus forts taux de prévalence à l’excision (88% pour les femmes de 15 à 49 ans) et que depuis 2009 un programme conjoint UNFPA-UNICEF intervient dans cette région et celle du Centre-Nord pour l’accélération de l’abandon des Mutilations génitales féminines (MGF).
Au regard des statistiques qui donnent le taux de prévalence de l’excision des enfants, âgés de 0 à 14 ans à 13% au niveau national contre 11% dans le Centre-Nord et 9% dans le Plateau central, M. Gbangou estime que les efforts déployés dans la lutte contre la pratique de l’excision dans ces régions ont porté du fruit. Toutefois, reconnaît-il, la longueur du chemin qui reste à parcourir pour l’atteinte de la tolérance zéro.
En termes d’actions menées et d’acquis engrangés dans cette lutte depuis 2009, il a cité entre autres, la formation de 232 agents de santé aux techniques de réparation des séquelles, la prise en charge de 1753 femmes porteuses de séquelles, l’organisation de cérémonies publiques d’abandon de la pratique de l’excision dans 393 villages, l’intégration des modules MGF dans 164 écoles primaires et secondaires, la création du numéro vert SOS excision (80 00 11 12) pour dénoncer tout cas d’excision, la condamnation de 33 exciseuses. Alors, il a félicité le SP/CNLPE et ses démembrements et partenaires pour le travail abattu.
Mme Bonkoungou Bernadette, Secrétaire permanent du CNLPE, a saisi l’occasion pour lancer un appel aux partenaires à les accompagner dans tous les coins du pays pour faire comprendre à tous que l’excision n’a que des méfaits.
Pour finir, le SG du ministère a joint sa voix à celle du parrain pour remercier les communautés qui se sont engagées publiquement et les a invités au nom du ministre à prendre toutes les dispositions nécessaires à la tenue ferme de ces engagements.