"Les frontières terrestres, aériennes et maritimes sont fermées jusqu’à nouvel ordre. » Telle est la décision des autorités ivoiriennes qui ont fait face jeudi et vendredi derniers à des attaques dans la commune de Port-Bouët à Abidjan et dans la ville frontalière de Noé, du côté du Ghana. Pour des raisons de ratissage, la Côte d’Ivoire a pris une décision très sensible en matière diplomatique. Même si les autorités ivoiriennes soutiennent en avoir informé leurs homologues ghanéennes, on n’est pas loin de la crise de confiance entre les deux pays. Il est de notoriété publique qu’Accra abrite un gros lot de partisans en exil de l’ex- président, Laurent Gbagbo. Ce qui inquiète Abidjan, c’est la mollesse des autorités ghanéennes face au trop grand activisme de certains réfugiés qui ne cachent plus leur intention d’agir à partir de leur sol. Hamed Bakayoko, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur ivoirien, dans le feu de l’action, a pratiquement lâché ce qui pourrait être considéré comme une accusation : "Cela a été organisé, ordonné et exécuté depuis le territoire ghanéen et les autorités ghanéennes savent qui sont ces gens". Pendant que la Justice prend son temps pour examiner la demande d’extradition de Justin Katina Koné, le président ghanéen, John Dramani Mahama, a voulu donner des gages lors de sa visite de remerciements à Abidjan, en rassurant la Côte d’Ivoire sur le fait que son pays ne servirait jamais de base arrière pour la déstabiliser. Reste à voir... L’affaire Justin Katina Koné, du nom de ce refugié politique, porte-parole du FPI, soupçonné d’être mêlé aux attaques du mois d’août, est en cela un ballon d’essai pour le nouveau pouvoir ivoirien afin de sonder la « disponibilité » des Ghanéens à sécuriser leurs frontières et à mieux surveiller les réfugiés aux intentions putschistes. Ce sont les premières attaques depuis les assauts du mois d’août. On dénombre six morts du côté des assaillants que le gouvernement accuse d’être des pro-Gbagbo.
D’un point de vue purement militaire, on peut se féliciter de la réaction des forces de sécurité ivoirienne qui, au fil du temps et des attaques, commencent à prendre la mesure de la situation. La riposte qui a conduit à neutraliser les assaillants des deux commissariats montre bien qu’à défaut d’anticiper, les capacités de riposte, quant à elles, s’organisent de mieux en mieux. C’est le cas également à Noé où les FRCI ont pu faire échec à la tentative de la prise de la ville de Noé qui devrait servir de base aux assaillants, selon les autorités ivoiriennes. Mais tout cela ne constitue que des épisodes dans le feuilleton du projet de déstabilisation du pouvoir de ADO. Il y aura d’autres actes de déstabilisation tant que les extrémistes qui soutiennent l’ancien président continueront leur résistance. La question est de savoir si le Ghana est prêt à prendre le risque d’être taxé de complice en fermant les yeux sur les agissements de certains réfugiés ivoiriens, brouillant de ce fait ses relations avec ses voisins. En tous les cas, force est de constater que par leur capacité de nuisance réelle, les exilés pro-Gbagbo font mentir le président Dramani.