Ouagadougou - Le président de la transition burkinabé Michel Kafando a promis mercredi une cérémonie d’investiture "digne de ce nom" lors de la passation des pouvoirs au président élu, Roch Marc Christian Kaboré, qui aura lieu avant la fin de l’année.
Le parti de l’ex-président Blaise Compaoré, chassé par la rue fin octobre 2014 après 27 ans au pouvoir et qui n’a pas pu participer à la présidentielle, a pour sa part félicité M. Kaboré, plus de huit jours après l’annonce des résultats.
"L’investiture que nous allons préparer est un événement digne de ce nom. Ca sera la première fois dans l’histoire du Burkina qu’un président civil va remettre le pouvoir à un président civil donc, je pense qu’il faut aussi mettre le cachet nécessaire", a dit M. Kafando, à l’issue de la rencontre avec son successeur qui a duré une demi-heure.
Six des huit présidents de l’histoire du Burkina Faso sont des militaires. Le pays a connu au moins une demi-douzaine de coups d’Etat.
Michel Kafando, un diplomate à la retraite, avait été choisi par un collège électoral pour diriger la "transition" d’un an ouverte après la chute de M. Compaoré.
Son pouvoir a échappé à un putsch le 17 septembre, grâce à la mobilisation
populaire et l’opposition d’une partie de l’armée restée loyale au gouvernement.
"Je sais qu’il y en a qui sont pressés, mais il va falloir quand même que nous observions toutes les formalités juridiques", a précisé Michel Kafando, sur un ton amusé, notamment la validation des résultats par le Conseil constitutionnel. Il a promis une investiture "au mois de décembre". De sources concordantes, l’investiture de Kaboré est attendue le 22 décembre.
"Aujourd’hui, le Burkina Faso revient à une vie constitutionnelle normale", a affirmé M. Kaboré.
Ancien baron du régime, il a été élu fin novembre dès le 1er tour avec 53,49% des voix lors d’élections présidentielle et législatives dont la transparence et la crédibilité ont été saluées par la communauté internationale.
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ancien parti-Etat habitué à remporter tous les scrutins, a adressé mercredi dans un communiqué ses "chaleureuses félicitations" au nouveau président, que beaucoup au sein de la formation qu’il a dirigée pendant 11 ans considèrent comme un traître.
Kaboré avait quitté le CDP en 2014 pour fonder avec d’autres apparatchiks du parti le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Le MPP est devenu la première force politique du pays (55 des 127 députés) et a exclu toute collaboration avec le CDP (18 sièges).
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