La Compagnie républicaine de sécurité (CRS) venue de Bobo-Dioulasso, à 85 km de Banfora, a lancé, très tôt ce 8 décembre 2015 vers 3h40mn du matin, une opération pour déloger les travailleurs qui bloquaient les entrées de la Société Sucrière de la Comoé (SN-SOSUCO) depuis le 9 novembre dernier. Les « insurgés » ont été surpris par les gaz lacrymogènes alors que, depuis un mois, ils bloquaient l’usine et, partant, la campagne sucrière 2015-2016 qui venait d’être lancée il y avait juste quelque 48h.
Après cette tentative de passage en force qui aurait fait des blessées de part et d’autre et déclenché un incendie au niveau de la tuyauterie de l’usine, selon Traoré Siaka de François, porte-parole des manifestants joint au téléphone, les choses ne semblent pas se dérouler comme prévu. Selon d’autres sources, la population de Bérégadougou, de même que les scolaires de cette ville, s’est jointe aux travailleurs et c’est à un face-à-face tendu qu’on a assisté. « Nous respirons les gaz lacrymogènes ici », a indiqué une source jointe au téléphone aux environs de 11h ce 8 décembre 2015. D’autres sources ont indiqué que les manifestants se sont ensuite déplacés pour bloquer la RN7, l’axe Banfora-Bobo. Pourquoi en est-on arrivé à l’escalade ?
Comme prévenait une source sécuritaire lors d’une rencontre au gouvernorat, les forces de l’ordre avaient la capacité de déloger les manifestants en moins de 30 mn. Visiblement, c’est l’option prise, motivée certainement par l’échec de la médiation initiée par l’évêque de Banfora, Monseigneur Lucas Kalifa Sanon. Ce dernier avait, dit-on, dirigé une rencontre de ladite commission la veille 7 décembre 2015 et devait rendre son rapport ce 8 novembre aux autorités.
En rappel, c’est depuis le 9 novembre 2015 que des travailleurs bloquaient dès l’aube les entrées de l’usine. Ils protestaient contre la gestion de l’entreprise et exigeaient le départ pur et simple du directeur général, Mouctar Koné, et de certains de ses collaborateurs. Parmi une quinzaine de points de revendication, la position des travailleurs était restée inchangée sur ces départs ; d’où l’échec de plusieurs médiations.
Luc Ouattara