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L’Observateur N° 8379 du 23/5/2013

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Colonel Yacouba Ouédraogo de “Burkina nouveau” : “Mon rêve est de réconcilier les familles Sankara et Compaoré”
Publié le vendredi 24 mai 2013   |  L’Observateur


le
© Autre presse
le colonel Yacouba Ouédraogo
Ministre des Sports et des loisirs.


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Comme Saint-Just, le président de l’association “Le Burkina nouveau” pour la paix, la réconciliation et le progrès, le colonel Yacouba Ouédraogo, sait où il va. La structure qu’il dirige veut se donner tout entière à son entreprise : la noble tâche de faire en sorte que la violence ne s’installe pas au Burkina. Faisant le point des activités de l’association près d’un an après l’inauguration de son siège, son rêve est de réconcilier les familles Sankara et Compaoré.

Comment l’idée vous est-il venue de mettre en place une structure dénommée ‘’Le Burkina nouveau’’ pour la paix, la réconciliation et le progrès ?

• Je voudrais tout d’abord remercier l’Observateur Paalga de l’occasion qu’il nous offre de parler de notre association "Le Burkina nouveau" pour la paix, la réconciliation et le progrès. A dire vrai, c’est la situation nationale qui nous a commandé à créer cette association. Vous n’êtes pas sans savoir que notre pays a été secoué par des mutineries à répétition en avril 2011.

Conséquence de cette situation instable, des actes de vandalisme ont mis à mal l’unité du pays. Chaque jour qui passait, c’était des frayeurs continuelles. Personne ne pouvait savoir ce qui arriverait, et la situation était de plus en plus angoissante. Mais Dieu merci, les choses ont fini par rentrer dans l’ordre, et il fallait nécessairement que cela arrive pour que le pays retrouve sa stabilité.

Au regard de tout ce qui s’est passé, j’ai pensé qu’il me fallait à mon niveau faire quelque chose pour que le pays de nos ancêtres ne bascule pas dans la violence. C’est ainsi que j’ai formé le projet de mettre en place une association, ‘’Le Burkina nouveau’’ pour la paix, la réconciliation et le progrès. Je voudrais rappeler au passage que nous avons obtenu notre récépissé le 10 avril 2011 signé par le ministre de l’Administration territoriale.

Vous savez, des rébellions ont éclaté dans d’autres pays et chacun sait que ce sont les populations qui en ont souffert le plus. Tout près de nous, la Côte d’Ivoire a connu une crise postélectorale, qui a engendré bien de maux. Au Mali, un coup d’Etat a provoqué le départ du président Amadou Toumani Touré (ATT), et on connaît la suite. Loin de nos frontières il y a eu aussi le printemps arabe, qui a entraîné un profond bouleversement politique en Tunisie, en Libye et en Egypte. Aujourd’hui, aucun pays n’est à l’abri du chaos. Mais on peut l’éviter par des solutions préventives si nous nous asseyons ensemble pour discuter. La paix est plus que tout et il faut la sauvegarder coûte que coûte. C’est mon intime conviction et nous devons nous donner la main afin que la paix règne au Burkina. Nous devons laisser une bonne image du pays aux générations futures. N’attendons pas de connaître les affres de la guerre comme d’autres pays avant de faire la paix. C’est pour anticiper sur l’avenir que nous prônons la paix, la réconciliation et le progrès. Je le dis, il est temps de changer de comportement. Quand nous parlons de "Burkina nouveau", cela ne veut pas dire que c’est avec de nouvelles têtes. C’est avec les mêmes qu’il faut faire "Le Burkina nouveau" par des changements de comportement surtout au niveau de la justice. Notre association souhaite qu’il y ait beaucoup plus de justice et non d’injustice. L’impunité doit aussi être bannie pour ne pas entraver la paix sociale. Notre mission est d’attirer l’attention des uns et des autres sur le désordre, lequel peut avoir des conséquences graves sur l’avenir de ce pays.



On se rappelle que c’est le 23 juin 2012 que "Le Burkina nouveau" a lancé ses activités à l’occasion de l’inauguration de son siège, sis au secteur 16. Au cours de cette cérémonie, vous aviez parlé du lancement d’une pétition intitulée "Un million de signatures" pour la paix. Cet objectif a-t-il été atteint près d’un an après?



• Effectivement, c’est à cette date que nous avions procédé officiellement au lancement de nos activités. Les coparrains étaient le Mogho Naaba Baongho et Mgr Anselme Sanou. Lors de cette cérémonie, les communautés religieuses et les chefs coutumiers avaient fait le déplacement pour nous apporter leur soutien. Je pense que leur présence avait un sens significatif dans la mesure où c’était une façon de nous encourager, pour que la paix et la réconciliation soient une réalité dans ce pays.

"Un million de signatures" pour la paix, il n’y a pas meilleure manière que d’adhérer à notre message. Nous continuons de recueillir des signatures et sur notre site officiel www.leburkinanouveau.org, les gens peuvent se manifester.

L’autre étape de vos activités, c’est l’installation des bureaux régionaux. A ce jour, avez-vous couvert les 13 régions du pays ?

• Justement, parlant de la pétition, nous essayons de mettre en place des coordonnateurs régionaux à la disposition desquels nous avons mis des fascicules pour permettre à ceux qui n’ont pas accès à Internet d’être parmi les pétitionnaires.

Au moment de cet entretien, toutes les régions n’ont pas de coordonnateur. Mais nous le ferons par étapes et croyez-moi, ce sera fait par la grâce de Dieu. En attendant, parallèlement à ces coordonnateurs régionaux, nous avons des coordonnateurs départementaux et provinciaux. La paix n’a pas de prix et nous irons là où se trouve chaque Burkinabè pour lui dire de veiller à ce que le Burkina soit uni pour son développement. Dans des localités telles que Tenkodogo, Zorgho et Kossouka, les coordonnateurs sont présents sur le terrain et accomplissent leurs missions comme des apôtres. L’association ‘’Le Burkina nouveau’’ a conquis les cœurs et l’engouement est réel dans toutes les régions où les bureaux régionaux sont déjà en place. Il ne reste plus qu’à les installer officiellement pour bien faire les choses.



Il était aussi question après le Burkina de mettre en place une représentation de l’association à Abidjan en Côte d’Ivoire. Où en êtes-vous avec ce projet ?


• A l’instar de ce que nous faisons dans les différentes régions, nous sommes en train de faire de même hors du pays. Dans cette optique, il existe déjà des bureaux de l’association "Le Burkina nouveau’’ pour la paix, la réconciliation et le progrès en Guinée Equatoriale, au Gabon, en France (nous enregistrons beaucoup d’adhérents dans les grandes villes de ce pays) et en Côte d’ivoire. Une mission conduite par notre secrétaire général à la communication, Ahmed Ouédraogo, dit Big Ben, a tâté le terrain dans le dernier pays cité et on s’attèle là-bas à asseoir un bureau à Abidjan et dans les autres villes d’ici un mois. Notre délégation a été bien accueillie et j’ai foi que c’est une grande coordination qui sera mise en place en Côte d’Ivoire.

Monsieur le président, croyez-vous que la culture de la paix que vous préconisez est possible dans ce pays où les incompréhensions ne manquent pas ?

• Vous savez bien comme moi que dans tous les pays du monde, il y a des incompréhensions. Même dans l’antiquité, c’était la même chose. Dans nos différentes familles, l’unanimité n’est pas toujours une réalité. Dans toute société, il arrive que nous ne parlions pas tous le même langage et c’est bien pour cela qu’on a édicté des règles à respecter. Je pense qu’au Burkina, nous vivons dans la paix et cela grâce à un homme qui ne ménage aucun effort pour faire avancer son pays. Je veux parler naturellement du président Blaise Compaoré qui, depuis une vingtaine d’années, œuvre à la paix au Burkina.

Les incompréhensions dont vous parlez, nous pouvons les surmonter pour aller de l’avant.

Il y a quelques semaines de cela, une dame a eu sa voiture incendiée par des badauds après un accident de la circulation. Que pensez-vous de tels actes qui démontrent une fois de plus que des gens font ce qu’ils veulent dans la cité ?



• Vous voyez bien que l’association ‘’Le Burkina nouveau’’ pour la paix, la réconciliation et le progrès ne pouvait pas ne pas voir le jour. C’est déplorable ce qui s’est passé et c’est pour cela que nous devons changer de comportement. Ce n’est pas bien et cela n’honore pas les auteurs de ces actes de vandalisme. Un homme ne doit pas agir de la sorte et je suis sûr que des casseurs ont eu des remords après leur acte.



J’ai appris la mésaventure de cette dame avec tristesse et je pense que nous devons lutter ensemble contre l’injustice et l’impunité. Je suis convaincu qu’en le faisant de bonne foi, cela nous amènera à corriger certains travers que nous constatons actuellement.

Quand des badauds incendient des voitures, cela signifie tout simplement qu’ils ne croient plus tellement à notre justice. Mais ce n’est pas une raison non plus pour se faire justice, et profiter de l’occasion pour commettre de menus larcins au passage. Je le répète, c’est en travaillant ensemble que nous parviendrons à bannir de tels actes. Je reste persuadé que nous pouvons faire de la justice une réalité dans ce pays. Il suffit d’y croire et de ne pas tout remettre en cause. Nous devons croire en cette justice qui a une certaine indépendance.


Après le drame à Dassasgho où un militaire a assassiné sa petite amie, "Le Burkina nouveau", à travers un communiqué de presse, avait condamné l’acte et promis de suivre de près cette affaire. Que doit-on entendre par là ?


• L’acte que le militaire a posé est un crime passionnel et cela nous a horrifiés. Il portait certes une tenue militaire, mais il arrive aussi que des civils commettent de tels forfaits avec des coupe-coupe et autres instruments dangereux. L’association "Le Burkina nouveau’’ pour la paix, la réconciliation et le progrès n’est pas resté silencieux et elle a même condamné l’acte non pas parce que c’est un militaire, mais au-delà même du militaire, tout crime passionnel commis par un citoyen ou une citoyenne sera dénoncé comme il se doit. Je crois que la sensibilisation pour un comportement responsable est nécessaire afin que chaque famille mène une existence paisible.



Avant d’être ministre, vous êtes colonel de l’armée. On imagine que vous n’avez pas entrepris cette initiative sans l’aval de la hiérarchie militaire. Avez-vous reçu son feu vert ?


• Effectivement, je suis colonel de l’armée avant d’être ministre. J’appartiens à un corps spécifique et on ne se lance pas dans une entreprise sans se référer à la hiérarchie militaire. Vous savez, pour adhérer à une association, il faut adresser une demande officielle à l’armée. Je ne suis pas le premier officier à faire partie d’une association et je me suis conformé aux principes. Aujourd’hui, beaucoup de militaires sont dans des mouvements associatifs et aussi présents dans des partis politiques. C’est donc pour vous dire qu’ils ont eu l’accord du chef d’état-major général de l’armée qui a aussi donné son assentiment à ma demande.



La réconciliation fait partie des objectifs de votre association. Avez-vous eu à mener des activités dans ce sens ?


• Depuis la création de l’association "Le Burkina nouveau’’ pour la paix, la réconciliation et le progrès, nous ne sommes pas restés inactifs. Des problèmes nous ont parfois amené à nous transporter sur le terrain. A Sapaga, non loin de Pouytenga, des camionneurs avaient bloqué la voie en rendant la circulation difficile. Informée de la situation, l’association a dépêchée sur place son coordonnateur régional à Tenkodogo, le prince Akim, qui a arrangé les choses.

A Guenon, où le problème de la chefferie a occasionné des pertes en vies humaines, nous avions rencontré les différentes familles pour les amener à faire la paix. Quand la situation l’exige, nous menons des négociations en sous-main et elles ne sont pas souvent médiatisées.

Aujourd’hui, il faut que je le dise, mon rêve en tant que président de l’association ‘’Le Burkina nouveau’’ est de réconcilier les familles Sankara et Compaoré. J’y tiens et ce n’est pas un projet impossible à réaliser.


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