D’où a bien pu venir le coup cette fois-ci ? Peut-être des pro Gbagbo, eux qu’on a pris l’habitude d’accuser chaque fois que la Côte d’Ivoire connaît une éruption de violence depuis la chute de leur mentor suivie de son transfèrement à Scheveningen. Peut-être aussi de la nébuleuse salafiste qui sème la mort à tout vent dans la sous-région et bien au-delà.
En tout cas, ce mercredi au petit matin, deux postes militaires du village d’Olodio, dans le sud-ouest du pays, aux confins de la frontière ivoiro-libérienne, ont été la cible d’attaques simultanées. Surpris dans leur sommeil, les soldats ont essuyé des tirs nourris avant de répliquer face à des assaillants non identifiés. Bilan après plus d’une heure de combats, onze morts dont sept militaires. Faut-il croire que l’attaque d’Olodio est l’œuvre d’une « force multinationale » ? Toujours est-il que le ratissage et les interpellations qui ont suivi dans les alentours ont permis de ramener dans les filets des enquêteurs huit suspects parmi lesquels des Ivoiriens, des Togolais et des Burkinabè. Des kalachnikovs et de nombreuses munitions ont également été saisies.
La suite des investigations permettra très vite, on l’espère, de connaître le fin mot de cette histoire et surtout d’identifier le ou les commanditaires de cette nouvelle attaque qui frappe la Côte d’Ivoire. En alerte depuis juin, après les attaques terroristes perpétrées au sud du Mali voisin, les autorités, conscientes de la menace terroriste, avaient entrepris de renforcer la sécurité aux frontières de ce pays, mais aussi à certains lieux stratégiques au lendemain de la prise d’otages à l’hôtel Radisson de Bamako.
Il faut dire que ce regain de violence vient montrer que la pacification de la Côte d’Ivoire n’est pas totale. Certes, après la crise postélectorale qui a dégénéré en conflit ouvert entre les partisans d’Alassane Ouattara soutenu par la communauté internationale et ceux du camp Gbagbo, une violence résiduelle persistait encore çà et là. Mais ces derniers temps, les signaux sécuritaires semblaient être passés sinon au vert, du moins à l’orange.
Mais voilà que cette nouvelle attaque vient remettre en question tout échafaudage sécuritaire mis en place par les autorités compétentes. Et pour le président Alassane Ouattara, qui vient d’être confortablement réélu, c’est la preuve sanglante qu’au-delà de la consolidation de la croissance économique et des acquis sociaux, la paix, la sécurité et la réconciliation nationale sont plus que jamais au cœur de son second mandat.
Marie Ouédraogo