Ouagadougou- Le collectif d’avocats qui défend Djibrill Bassolé, l’ex chef de la diplomatie de Blaise Compaoré, pour son implication présumée dans le putsch manqué du 17 septembre au Burkina Faso, a protesté contre la justice militaire burkinabè qui a exclu les avocats étrangers de l’affaire.
Dans une déclaration conjointe transmise jeudi à l’AFP, six avocats, dont quatre inscrits aux barreaux de Niamey, Paris, Lomé et Dakar, affirment que la décision d’irrecevabilité de la Constitution d’avocats étrangers devant le tribunal militaire "est (...) sans précédent car depuis qu’ont été nouées entre les pays d’Afrique francophone et la France des conventions bilatérales (...) jamais une décision n’avait été prise par un magistrat instructeur en violation de ces conventions", écrivent-ils.
Les défenseurs de Bassolé estiment aussi qu’il s’agit d’une "grave violation" du règlement des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) relatif à la libre circulation et à l’établissement
des avocats ressortissants de l’Union au sein de l’espace communautaire.
Selon le Code de justice militaire du Burkina Faso "les avocats de nationalité étrangère ne sont pas admis devant les tribunaux militaires (...) sous réserves des dispositions particulières prévues par les conventions
internationales".
Outre William Bourdon du barreau de Paris, Rustcio Lawson du Togo, Marc Le Bihan du Niger, Yérim Thiam du Sénégal devaient défendre M. Bassolé aux côtés de leurs confrères burkinabè Me Antoinette Ouédraogo et Dieudonné Bonkoungou.
"Nul ne peut contester le fait que cette décision d’éviction des avocats étrangers témoigne d’un raidissement de l’autorité judiciaire et au-delà, malheureusement, d’une volonté politique d’essayer d’éviter un regard international", dénoncent-ils.
M. Bassolé a été interpellé à son domicile le 29 septembre après l’échec du putsch du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne du président Compaoré chassé du pouvoir par la rue l’an dernier.
Il a été inculpé de six chefs d’accusation dont "haute trahison", "attentat à la sûreté de l’Etat" ou "collusion avec des forces étrangères pour déstabiliser la sécurité intérieure".
Des écoutes téléphoniques non authentifiées jusque-là avec le président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro, ex-chef de la rébellion des Forces nouvelles (FN), soutenu par M. Compaoré, auraient été à l’origine de sa mise en cause.
Selon les transcriptions qui circulent, les deux hommes évoquent la possibilité de soutenir le putsch alors en cours et celle de "frapper" dans le nord du Burkina pour faire "paniquer" l’armée.
Djibrill Bassolé, qui fut un homme clé du régime Compaoré, et Guillaume Soro avaient tous deux immédiatement nié avoir eu ce type d’échange, dénonçant une "manipulation".
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