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La création du Sénat fait des gorges chaudes au Burkina Faso
Publié le jeudi 23 mai 2013   |  Xinhua


Assemblée
© aOuaga.com par A.S
Assemblée nationale : vote sur la création du sénat
Ouaga, le 21 mai 2013. Les députés de l`opposition ont déserté la salle en plein vote pour la création du sénat.


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OUAGADOUGOU - L'adoption de la loi organique relative à l'organisation et au fonctionnement du Sénat fait des gorges chaudes au Burkina aussi bien au niveau de l'opposition politique et de la société civile.

L'opposition qui a voté contre (46 voix) le projet de loi estime que la création d'un Sénat en plus de l'Assemblée n'est pas destinée au renforcement de la démocratie, mais plutôt à recompenser des amis politiques avec pour dessein la révision de l'article 37 relatif à la limitation des mandats du chef de l'Etat.

« L'action gouvernementale, à mon sens il manque quelque chose. Parallèlement on veut créer un Sénat qui est en doublon avec l'Assemblée nationale comme pour dire que le Burkina, un pays pauvre a en suffisamment assez avec un seul parlement », a fait remarquer un député de l'opposition, Hama Arba Diallo.

Soulignant que ce pays n'a pas besoin d'en ajouter un deuxième parlement par rapport aux charges de cette nouvelle institution, M. Diallo a laissé entendre que l'opposition a estimé le coût de fonctionnement du Sénat à 6 milliards de F CFA par an.

« Autre raison. Nous ne voyons pas en quoi, ajouter une autre institution peut renforcer la démocratie. La démocratie au Burkina, ce n'est pas le fait de créer le Sénat, mais celui de séparer les pouvoirs en dotant chaque institution de sa capacité autonome de travailler », a dit le député de l'opposition.

Selon M. Diallo, c'est un fait que les 89 postes de sénateurs seront donnés à des amis politiques. « La raison que nous soupçonnons très forte du Sénat, nous n'y avons pas trouvé de raison véritable pour sa création. Si le pouvoir en place n'arrive pas à convaincre le Burkina de l'utilité d'un Sénat, c'est qu'il sera utilisé pour modifier l'article 37 de la constitution », a-t- il prévenu.

Convaincu que l'opposition sera représentée au sein de ce Sénat, le ministre en charge des Réformes politiques, le Dr Arsène Bognessan Yé a, pour sa part, félicité l'ensemble de l'opposition politique pour sa contribution aux débats sur la création du Sénat.

« Le gouvernement se réjouit que le processus pour l'adoption de la loi organique sur l'organisation et le fonctionnement du Sénat ait pu aboutir pour régulariser la situation du parlement burkinabé qui est bicaméral depuis la révision de 2012 », a dit M. Yé.

Pour M. Yé, le choix des sénateurs se fera sur la base des conseillers dans les régions et seuls les partis politiques ayant des conseillers peuvent prétendre obtenir des postes de sénateur.

« Même si l'opposition a voté contre, vous serez surpris qu'ils auront des candidats aux postes de sénateurs », a-t-il fait remarquer, précisant que ce sont les conseils municipaux qui éliront les sénateurs, soit trois par région.

La coalition de la société civile pour les réformes politiques et institutionnelles et du mécanisme proactif, à l'instar de l'opposition politique a, elle aussi, rejeté la création d'un Sénat parce qu'il conduit à l'abaissement encore plus prononcé du pouvoir législatif.

Pour le président de la Rencontre africaine des droits de l'Homme, Mathias Tankoano, si on a plaidé pour la suppression de la Chambre des représentants, ce n'est pas pour créer en lieu et place un Sénat qui sera « aux ordres ».

Pour ce faire, la société civile entend fédérer par la suite ses forces avec l'opposition politique pour faire barrage à cette loi organique qui attend d'ailleurs d'être validée par le Conseil constitutionnel avant d'entrer en application.

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