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Burkina Faso: Roch March Christian Kaboré élu président pour tourner la page Compaoré
Publié le mardi 1 decembre 2015  |  AFP
Célébration
© AFP par ISSOUF SANOGO
Célébration des partisans du nouveau président Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, célèbrent au siège du parti
Les partisans du nouveau président Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, célèbrent au siège du parti à Ouagadougou le 1er Décembre 2015, après avoir remporté l`élection présidentielle au Burkina Faso.




Ouagadougou - Roch Marc Christian Kaboré, élu président du Burkina Faso dès le premier tour lundi et dont la victoire a été reconnue par ses principaux adversaires, doit désormais mener sur la voie de la démocratie et du développement un pays à l’histoire marquée par des coups d’Etat.

Le nouveau président, élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois, doit toutefois attendre le résultat des législatives, un scrutin à un tour à la proportionnelle par circonscription, pour savoir quelle sera sa marge de manoeuvre.

La composition de l’Assemblée nationale sera déterminante, notamment le poids du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ancien parti du président déchu Blaise Compaoré, chassé par la rue il y a un an après 27 ans de pouvoir. M. Compaoré est actuellement en exil en Côte d’Ivoire voisine.

Le CDP n’a pas présenté de candidats à la présidentielle car une loi bloque les responsables ayant soutenu la réforme devant permettre au président déchu de briguer un nouveau mandat. Mais aux législatives, il pourrait réaliser un bon score grâce à sa bonne implantation dans les campagnes.

Crédité de 53,49% des suffrages contre près de 30% à son principal adversaire Zéphirin Diabré, M. Kaboré a invité les Burkinabè à se "mettre au travail immédiatement".

"C’est tous ensemble que nous devons servir le pays", a affirmé l’ancien baron du système.

-’Choix de la raison’-

Le président français François Hollande, depuis Paris, s’est dit "très heureux que les élections se soient passées de manière transparente, démocratique et que les résultats ne souffrent aucune contestation".

"On a un nouveau président, nous souhaitons qu’il réussisse sa mission pour le bonheur du peuple insurgé et de tous les burkinabè", estime Harouna Kaboré, porte-parole d’une vingtaine d’organisations de la société civile dont le Balai Citoyen, en pointe lors de l’insurrection d’octobre 2014.

"C’est au président de prouver maintenant (...) que les Burkinabè ne se sont pas trompés, en agissant pour les satisfaire".

"C’est l’une des élections les plus propres que l’Afrique ait organisée", estime le politologue Salam Kassem. "Les Burkinabè ont fait le choix de la raison pour gérer l’après-Compaoré, ils ont opté pour Roch parce qu’ils ne veulent pas une rupture brutale, ils veulent une sortie en douceur du système".

"Là où les attentes sont fortes, c’est la gestion des dossiers judiciaires (liés à l’ancien régime), Kaboré ne doit pas faire l’impasse", ajoute-t-il.

Dr Abdoul Karim Saïdou, politologue du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) reste toutefois sceptique. Le Mouvement du peuple pour le Progrès, parti de Kaboré, "est une machine électorale puissante: ils ont la chefferie traditionnelle, les opérateurs économiques. Ils ont utilisé les mêmes méthodes que lorsqu’ils étaient au CDP: argent, tee-shirts... Une telle machine ne peut que tout écraser et c’est ce qu’on a vu".

A Ouagadougou, l’activité était normale mardi.

"Kaboré était avec Compaoré mais il l’a quitté quand il a compris qu’il fallait changer parce que cela allait mal. Il a l’expérience", assure à l’AFP Abraham Thiombiano, un gardien d’immeuble.

- ’Pas le pouvoir mais l’espoir’ -

"Je n’ai pas le pouvoir mais l’espoir", plaisante Médard Nébié, un serveur qui a voté pour Diabré.

"L’élection a été parfaite. Donc, il (Kaboré) mérite de gagner. Maintenant on attend le travail", poursuit-il.

Cette élection clôt l’année de Transition ouverte à la chute du régime de Compaoré, qui avait été suivie par toute l’Afrique et citée comme un exemple de démocratie.

Prévus le 11 octobre, les scrutins avaient été reportés en raison du putsch raté le 17 septembre. Cette tentative de coup d’Etat, dans un pays qui en a connu beaucoup, avait été mise en échec par la mobilisation de la population et de l’armée loyaliste.

M. Kaboré, ancien banquier, est resté avec M. Compaoré pendant 26 ans, occupant des postes prestigieux avant de tomber en disgrâce et de quitter le régime 10 mois avant sa chute.

Le nouveau président promet de s’attaquer au chômage des jeunes, endémique dans ce pays pauvre de 18 millions d’habitants ou de moderniser le système de santé, promettant notamment la gratuité des soins pour les moins de 6 ans.


roh-pgf/cyj
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