« Burkina-international » (BI), dans sa volonté de contribuer à apporter des solutions aux différentes problématiques qui se posent au Burkina, a organisé un panel le 26 novembre 2015, à Ouagadougou. Placé sous le thème : « Les enjeux de la trêve sociale pour une gouvernance post-transition», ce panel a réuni, entre autres, des universitaires, des journalistes, des organisations de la société civile, qui ont réfléchi sur la nécessité d’ une trêve sociale pour une gouvernance post-transition réussie.
C’est connu, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a été engendrée par les inégalités sociales, la soif de la justice et certaines tares que traînait l’ex-régime. La Transition mise en place pour assurer la continuité de l’Etat tire inexorablement vers sa fin. S’il est vrai qu’elle a œuvré à répondre à certaines attentes des populations, force est de constater que bon nombre de revendications légitimes ne sont pas encore satisfaites. C’est donc certain, la patate chaude sera refilée au gouvernement élu à l’issue de ces élections. Ce gouvernement, s’est demandé, Harouna Kaboré, président de « Burkina international » (BI), pourra-t-il avoir le même argument que celui de la Transition, à savoir, le manque de moyens pour ne pas satisfaire toutes les revendications ? Il a poursuivi en se demandant également si les autorités élues ne vont-elles pas se prévaloir de la légitimité des urnes pour ne pas répondre aux revendications tout azimut. Face à cette légitimité et celle des Organisations de la société civile (OSC) qui continueront certainement à demander que leurs aspirations soient prises en compte, n’y aura-t-il pas conflit ? C’est pour éviter une telle situation que BI, dans le cadre de son programme « Think Tank » qui signifie réservoir d’idées, a initié un panel le 26 novembre dernier. Ce panel a réuni des universitaires, des responsables syndicaux, des journalistes et des responsables d’OSC pour se pencher sur le thème : « Les enjeux de la trêve sociale pour une gouvernance post-transition ». Sur ce sujet central, trois communications ont été faites. La première, « La trêve sociale, facteur de la construction d’une stabilité politique », a été donnée par le Ministre en charge de la Fonction publique, Augustin Loada. Ce dernier a expliqué que la trêve sociale peut être une alternative pour la recherche de solution et elle est facteur de stabilité, toute chose qui est nécessaire pour attirer les investisseurs et, partant, promouvoir le développement.
« Répondre aux revendications sociales sans perturber le fonctionnement de l’Etat »
Lequel développement sera profitable à tous. L’autre secteur où les revendications sont récurrentes est celui de l’éducation. Sur ce point, c’est le Pr Magloire Somé qui a donné une communication sur le thème : « Trêve sociale et renouveau du système éducatif burkinabè ». A ce sujet, le communicateur a reconnu que la crise qui sévit dans le milieu scolaire et estudiantin est profonde. La résolution de cette crise, a-t-il indiqué, peut passer par une trêve sociale. Mais, pour cela, poursuit-il, il faudrait que toutes les composantes du système éducatif s’asseyent pour discuter et trouver des solutions. « Il sera peut-être question de la trêve, mais cette trêve a des conditions. Il s’agira de savoir si l’Etat a la capacité d’aller vers une situation de trêve. Tout est une question d’engagement de l’Etat, mais aussi des acteurs. Ensuite, il y a la question financière, car il faut construire des infrastructures, former le personnel enseignant, et il faut qu’au niveau de toutes les composantes, il y ait un sursaut patriotique. Sans cela, on ne pourra pas résoudre la question de la crise qui sévit actuellement », a expliqué Magloire Somé. Après l’intervention de ce dernier, il est revenu au Pr Séni Ouédraogo de fermer le bal des communications en abordant le sous thème : « La quête de l’autorité de l’Etat dans une société de crise ». Tour à tour, les communicateurs ont reconnu que la trêve sociale peut être une ébauche de solution pour une gouvernance post-insurrection apaisée, mais avant, il faut nécessairement des préalables. « La question de la trêve sociale pourrait constituer une solution où les gouvernants et les responsables syndicaux et de la société civile vont échanger pour voir comment l’on peut répondre aux questions des revendications sans pour autant perturber le fonctionnement de l’Etat et la paix qui nous est si chère », a soutenu, Harouna Kaboré. C’est pourquoi sa structure a réuni l’ensemble des acteurs afin que sur cette question une approche soit trouvée. « Nous allons produire un document que nous allons soumettre aux autorités qui viendront, afin que sur cette question sociale, nous trouvions la bonne approche. Car, le dialogue social est l’un des chantiers que nous devons réussir et éviter que les gens disent qu’ « Il nous faut ça », et qu’en guise de réponse, les gouvernants disent « on ne peut rien » », a-t-il conclu.
Adama SIGUE