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Lutte contre le terrorisme : L’Occident se mobilise, l’Afrique pleure
Publié le jeudi 26 novembre 2015  |  Le Pays
Attentat
© aOuaga.com par Androuicha
Attentat terroriste à l’Hôtel Radisson Blu de Bamako
Après l`attaque de l`Hôtel Radisson, les forces spéciales maliennes mènent une opération de libération des otages.




Les mauvaises langues avaient dépeint l’Homme sous les traits d’une femmelette mais les attentats de Paris l’ont fait sortir de ses gongs. Et c’est aux pas martiaux du gladiateur que Hollande parcourt les places- fortes du monde pour sonner du cor la mobilisation générale contre la pieuvre de l’Etat islamique. Comme quoi la sagesse africaine ne pouvait mieux dire : « Quand on veut savoir s’il y a quelque chose dans un fourré, il faut y lancer un caillou. ». De la Maison Blanche au Kremlin, le maître-mot est : grande coalition internationale pour éradiquer Daesh. En une semaine, ce marathon diplomatique en direction de tous les membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU a poussé un chercheur de l’Institut français de Géopolitique à qualifier le mandat de Hollande de militariste, voire « bushiste ». Mais peut-on faire à Hollande le reproche d’un activisme débordant quand il est dans son rôle régalien de Chef de l’Etat qui a l’obligation constitutionnelle de veiller à la sécurité de son peuple et de sa nation ? Même s’il est vrai que le président du pays des Droits de l’Homme n’a pas toujours montré le même entrain quand la barbarie aveugle des fous d’Allah prive des citoyens d’autres nations du premier des droits, le droit à la vie.

La mobilisation à l’international contraste avec le jeu de scène des têtes couronnées du continent africain

Sans présumer de ce qui sortira de ces concertations tous azimuts, il y a fort à parier que les grands de ce monde se mobiliseront pour donner la réplique appropriée au péril qui menace la sécurité collective et individuelle. Et tant pis ou tant mieux s’ils doivent faire fi de leurs divergences historiques et idéologiques qui ont cristallisé plus d’un siècle durant, les relations internationales pour aller à une alliance qui peut paraître contre nature mais productive. Cette mobilisation à l’international contraste avec le jeu de scène auquel s’adonnent les têtes couronnées du continent africain. Pendant que les Occidentaux s’activent en effet à la recherche de solutions contre le terrorisme, les Africains eux, jouent sur l’émotion en allant faire violence sur leurs glandes lacrymales pour verser à Bamako de chaudes larmes qui ne sont que des gouttes d’eau dans la mer ou plutôt dans le Djoliba. «La raison, disait le poète, est hellène et l’émotion nègre». Le continent ne semble pas encore sorti des tourments de cette offensante vérité qui a provoqué en son temps, l’ire de bien d’Africains et Africanistes. Il est vrai qu’en Afrique, les morts sont plus importants que les vivants, mais le ballet des chefs d’Etat africains aux bords des rives du Djoliba n’a pas la sincérité d’une danse funèbre. C’est plutôt le sacre d’une hypocrisie et d’une iniquité portées en apothéose. Vivement critiqués par les opinions africaines d’enjamber leurs cadavres pour aller verser des larmes de crocodiles dans la Seine, les présidents africains répondent par leur sympathie larmoyante à Bamako. Et pourquoi le Nigeria qui totalise des milliers de cadavres du fait des exactions de Boko Haram, ne bénéficie-t-il pas du même élan de solidarité ? Pire, IBK lui-même n’a jamais versé de larmes quand on égorgeait les soldats maliens au Nord Mali, précisément à Aghelok; mais il ne s’en est pas privé quand Ghislaine Dupont a été passée de façon ignoble à l’arme blanche par les djihadistes. En fait, ces larmes feintes nous infantilisent et contribuent à nous dévaloriser aux yeux des Occidentaux. Au lieu de traduire notre impuissance face à la tragédie de l’humanité en proie à la bestialité, ces larmes reflètent plutôt notre refus d’assumer nos responsabilités face à nos propres problèmes pour toujours compter sur l’Occident.

Les larmes ne gagneront pas la guerre contre les djihadistes

Une image de IBK à l’instar de Hollande avec son bâton de pèlerin dans les cours africaines pour appeler à une forte réaction africaine et pour mobiliser la logistique nécessaire pour contrer le péril djihadiste qui endeuille et rend infréquentable le Sahel, serait plus valorisante que celle des suppliciés de Bamako sur qui les princes règnants viennent déverser leurs larmes. Un IBK debout et prêt au combat serait plus conforme au souvenir de la lutte héroïque de son ancêtre Soundiata Keïta contre l’oppression exercée sur les populations mandingues par Soumahoro Kanté au temps du grand empire du Mali. Et ces pleureurs d’un genre nouveau, qui accourent à la charogne, gagneraient à s’organiser et à se mobiliser véritablement car les larmes ne gagneront pas la guerre contre les djihadistes qui ne sont plus au stade de la sensibilité humaine. On a parfois vite fait de pointer du doigt le manque de moyens pour justifier leur immobilisme, mais c’est plutôt une absence de volonté politique motivée par une absence de vision, de sens de l’Etat et de solidarité africaine qui est en cause. L’argument du manque des moyens ne vaut que dans le mimétisme de l’imitation de l’Occident qui, dans son contexte bien particulier, déploie l’arsenal militaire sophistiqué. L’Afrique dispose d’une logistique beaucoup plus efficace, la population. Elle est au centre du renseignement qui est indispensable pour gagner toute guerre. La grande majorité des populations africaines abhorrent la violence religieuse et subliment le vivre-ensemble. Elles n’attendent que la proximité des dirigeants pour mettre la main à la pâte. Mais cette proximité ne doit pas être circonstancielle et unidimensionnelle, elle doit l’être au quotidien et toucher toutes leurs préoccupations, notamment socioéconomiques. Car dit-on, «il ne faut pas attendre le jour de la battue pour acheter son chien».
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