Paris - Le collectif d’avocats de l’ex-ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé s’est indigné mercredi du fait qu’un enregistrement controversé, présenté comme une "pièce maîtresse" contre leur client écroué pour "haute trahison", ne figure pas dans la procédure.
"Chacun comprendra l’anomalie exceptionnelle que constitue le fait (...) que l’élément présenté comme étant l’élément essentiel à charge, puisse être commenté au plus haut niveau des autorités ainsi que par les médias, sans qu’il ne se soit trouvé ni hier, ni aujourd’hui, dans le seul lieu où il méritait d’être, c’est-à-dire le dossier de procédure", écrivent les avocats dans un communiqué transmis à l’AFP à Paris.
Cet enregistrement controversé est présenté comme étant une conversation entre Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion ivoirienne soutenue par le président burkinabè déchu Blaise Compaoré, et Djibrill Bassolé, accusé de haute trahison et actuellement écroué.
Cet "enregistrement" n’a pas été authentifié mais fait le buzz sur internet et a été largement repris dans les médias au Burkina et en Côte d’Ivoire en raison de propos compromettants qui y sont tenus sur le coup d’Etat manqué de septembre, alors en cours au Burkina.
Selon les transcriptions qui circulent, les deux hommes évoquent la possibilité de soutenir le putsch en cours et celle de "frapper" dans le nord du Burkina pour faire "paniquer" l’armée régulière. Djibrill Bassolé, qui fut un homme clé du régime Compaoré, et Guillaume Soro avaient tous deux immédiatement nié avoir eu ce type d’échange, dénonçant une "manipulation".
Les avocats de M. Bassolé, parmi lesquels le Français William Bourdon et la Burkinabè Antoinette Ouedraogo, ont dénoncé les conditions "particulièrement irrégulières" dans lesquelles "l’existence de cette conversation téléphonique a été brandie par les autorités de la transition au Burkina Faso" et rappelé que leur client avait, "dès le début, protesté de son innocence".
Ils préviennent que "le caractère extraordinairement irrégulier de cette incroyable situation ne manquera pas d’être soumis aux juridictions compétentes" et souhaitent que leur client "soit entendu sur le fond de cette affaire et ce au plus vite".
Des soldats du Régiment de sécurité présidentielle, l’ancienne garde prétorienne de M. Compaoré, avaient pris le gouvernement de transition en otage le 16 septembre puis proclamé le coup d’État le lendemain. La mobilisation de l’armée loyaliste, soutenue par la population, avait conduit à l’échec du putsch une semaine plus tard.
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