Il n’est aujourd’hui un secret pour personne que l’emploi reste une problématique centrale au cœur de tout projet de société. Et c’est dans le but de disposer d’un référentiel en matière de création d’emploi que le gouvernement du Burkina Faso a adopté en 2008, la Politique Nationale de l’Emploi ainsi que son Plan d’actions Opérationnel. Après sept ans de mise en œuvre, il a été demandé sa relecture en vue de prendre en compte les mutations qu’a connues le pays sur divers plans (institutionnel, économique et social) ces dernières années. Cette relecture s’avère de nos jours nécessaire, pour plusieurs raisons : le manque d’intégration transversale de l’emploi dans la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD), la faible prise en compte de l’emploi dans les politiques des ministères sectoriels ayant un rôle important dans la création d’emplois, la faiblesse de l’appropriation de la planification axée sur les résultats au niveau du ministère en charge de l’emploi ainsi que la faible intégration des questions d’emploi dans le budget national. Un autre facteur clé expliquant les résultats mitigés en matière de mise en œuvre de la Politique Nationale de l’Emploi (PNE), réside dans la faible prise en compte de l’emploi des femmes qui représentent plus de la moitié de la population burkinabè. De nombreuses inégalités et disparités existent dans la politique Nationale de l’emploi : le faible accès des femmes à des emplois stables, la ségrégation professionnelle, le travail invisible et l’insertion différenciée par sexe des jeunes sur le marché de l’emploi.
La société burkinabè ne saurait se construire sans la participation de la femme et lui donner tous les atouts pour émerger, c’est construire une nation stable et surtout équitable.
En intégrant ni les disparités de genre, ni les facteurs sexistes d’exclusion, les politiques et programmes en matière d’emploi risquent de ne pas atteindre les effets escomptés et de maintenir les inégalités entre les hommes et les femmes. Et c’est pour rectifier le tir qu’une étude diagnostique a été commanditée par le Bureau International du Travail (BIT). Intitulée « la situation différenciée de l’emploi selon le genre au Burkina Faso », cette étude devrait contribuer à une meilleure connaissance des relations socioéconomique de genre en matière d’emploi dans la perspective de la relecture de la Politique Nationale de l’Emploi.
Placer la femme au cœur de la PNE, une volonté politique
Le Ministère de la Jeunesse, de la Formation Professionnelle et de l’Emploi en organisant du 16 au 18 novembre 2015 un forum intitulé « l’égalité de chance et de traitement entre les hommes et les femmes : une intégration des questions de genre dans la Politique Nationale de l’Emploi » a voulu instaurer un cadre de dialogue social tout en développant une compréhension commune de la situation de l’emploi des femmes au Burkina Faso. Au cours de ce forum, les résultats de l’étude diagnostique ci-dessus citée devraient être restitués aux participants. Il ressort de cette étude que les contraintes de la participation des femmes au marché du travail sont nombreuses. Parmi ces contraintes, on peut retenir : le poids des traditions, l’analphabétisme féminin qui atteint plus de 80 % des femmes de plus de 15 ans, l’ignorance par les femmes de leurs droits, le poids des responsabilités sociales et familiales des femmes, les difficultés d’accès des femmes aux ressources productives….
Quelques statistiques.
• Les jeunes femmes accèdent moins au secteur moderne que les jeunes hommes (3, 8 % contre 9,2%). Cette situation s’explique surtout par le retard accusé par les jeunes femmes en matière d’instruction.
• Près de 80 % des jeunes femmes occupées sont dans le secteur agricole non formel et 5,4 dans l’informel rural non agricole : ces taux sont respectivement de 74,2 et de 3,8 % pour les jeunes hommes ;
• 12,8 % des jeunes hommes et 10,9 % des jeunes femmes sont actifs dans le secteur informel urbain….
Les hommes et les femmes sont inégalement répartis entre les secteurs d’activités économiques et les secteurs institutionnels. Par exemple, 90 % de femmes travaillent dans l’informel contre 80 % des hommes. Ces deux formes d’inégalité horizontale et verticale sont déterminantes pour la persistance des inégalités du genre (énumérations, conditions de travail….). Créer pour tous les hommes et femmes du Burkina Faso des moyens de s’épanouir dignement par le travail, c’est le défi du gouvernent à travers sa volonté de faire relire la Politique Nationale de l’Emploi.
Ministère de la Jeunesse, de la Formation Professionnelle et de l’Emploi