Il est peu connu dans le landerneau politique burkinabè. La création de son parti en novembre 2014, suivie de son implantation dans plusieurs localités du pays, fait de plus en plus parler de lui dans le paysage politique. Ce jeune opérateur économique de 33 ans, natif de la province du Loroum, dit être confiant quant au mandat qui lui sera donné à l’issue des élections par les populations du Loroum, pour siéger à l’hémicycle en dépit de la présence des « vieux loups ». Amadou Tall, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est candidat titulaire du Mouvement pour la Démocratie en Afrique (MDA) aux élections législatives du 29 novembre 2015 au Loroum, parti dont il tient le gouvernail depuis sa création. A la faveur de sa pêche aux voix de l’électorat, nous lui avons tendu notre micro le lundi 23 novembre dernier à Ouahigouya.
Le Soir : Pour ceux qui ne vous connaissent pas, qui est Amadou Tall ?
Amadou Tall : Je m’appelle Amadou TALL. Je suis né à Séléguin dans la province du Loroum. Je suis opérateur économique dans la société Spécial Gold and Diamond et président du Mouvement pour la démocratie en Afrique (MDA)
Pourquoi êtes-vous candidat aux élections législatives ?
J’ai choisi de me porter candidat aux législatives du 29 novembre 2015 parce que je veux participer aux votes des lois pour une réelle démocratie au Burkina Faso. Je ne dis pas qu’il n’y a pas la démocratie dans notre pays, mais il faut qu’elle soit renforcée.
Parlant justement du rôle de député, que prévoit votre projet de société pour votre circonscription électorale ?
Outre le vote des lois, le contrôle de l’action gouvernementale et l’impôt, il faut dire qu’il y a des problèmes que rencontrent les populations du Burkina Faso et particulièrement celles de la province du Loroum. Ces préoccupations ne peuvent pas me laisser indifférent. Lorsque nous avons fait le point de nos tournées, il est ressorti que tous les 125 villages de la province n’ont pas suffisamment d’eau potable. Dès que vous arrivez dans un village, la principale préoccupation c’est l’eau potable. Au niveau de la santé, de l’éducation, des infrastructures routières, de la sécurité, ça ne va pas. Est-ce que l’on peut imaginer que de nos jours des femmes allument des torches dans des maternités pour donner vie ? Des écoles qui ne disposent pas de tables-bancs suffisants et où élèves sont assis à même le sol pour travailler, des salles de classes sans logements pour les enseignants, des CSPS sans lits ni système d’éclairage, des postes de police ou de gendarmerie sans moyens de déplacement adéquat, surtout au Loroum, où l’insécurité n’est plus à démontrer... Les routes ne sont pas praticables. On nous a fait savoir que pendant la saisons des pluies, dans certains villages, les centres de santé sont inaccessibles à cause de l’état des routes. Bref, tout cela constitue des problèmes qu’il ne faut pas tarder à résoudre, tant ils constituent le socle de la vie de l’homme. Je m’emploierai, si je suis élu, à travailler pour venir à bout de ses difficultés qui minent ma province. Nous avons résolu certains problèmes très sensibles qu’on ne peut pas attendre d’être élu avant de faire. Au cours de la campagne nous avons fait des promesses aux différentes localités de la province. Les 125 villages dont je viens de parler auront chacun un forage. Les 4 communes du Loroum auront chacune un CMA et la province verra son barrage réhabilité. Nous ne faisons pas de promesses démagogiques.
Vous avez, certes, un projet ambitieux pour votre province, mais il va falloir nous décliner les sources de financement pour la réalisation de tels projets car, à ce qu’on sache, cela relève de la compétence de l’exécutif…
Le Mouvement pour la démocratie en Afrique (MDA) tient à réaliser ses promesses dès qu’il obtient des sièges à l’hémicycle. Nous avons des relations avec des pays d’Asie, du Golfe. Je pense personnellement que cela ne fait que faciliter la tâche du gouvernement. Même mon salaire, je l’utiliserai au service du développement du Loroum. La condition de réalisation de ces projets, c’est sans doute l’obtention de sièges de députés. A ce niveau, je rassure qu’il n’y a même pas de problème.
Quels atouts avez-vous dans votre circonscription électorale pour vous tirer à bon compte quand on voit qu’il y a plusieurs partis politiques en compétition pour les 2 sièges de députés.
Si ce sont les atouts, il y en a. Je me suis rendu compte que les gens ont été trahis pendant plus de 27 ans. Maintenant, ils veulent la vérité. Nous leur avons dit la vérité. D’ailleurs, depuis un certain temps, les Burkinabè de tous les horizons se sont dit que plus rien ne sera comme avant. C’est cela notre atout.
Quel bilan faites-vous de vos rencontres avec l’électorat ?
Je suis satisfait de la mobilisation de nos militants lors des meetings. Les gens ont bien compris qu’il faut qu’ils prennent leur destin en main, car plus rien ne doit être comme avant.
Que pensez-vous d’une loi sur l’homosexualité dans notre pays ?
Les homosexuels sont des malades. C’est une maladie qu’on ne peut pas soigner. Ici en Afrique, il y a les religions qui sont aussi une force morale. Les homosexuels ont leur liberté et les religions aussi ont le droit de dire qu’elles n’aiment pas cette pratique. Mais en temps que parti politique, nous ne sommes pas contre mais au Burkina Faso, c’est difficile.
Quel message avez-vous à l’endroit de vos potentiels électeurs ?
Je remercie les militants du MDA pour leur engagement à soutenir le parti. Je les invite à rester fidèles au parti jusqu’à la victoire. Au niveau des élections présidentielles, le MDA ne soutient personne. Les militants sont libres de choisir le candidat qui leur convient.
Interview réalisée par Ali Konfé