Le Burkina Faso compatit à la douloureuse épreuve, que traverse le Mali, un pays frère, depuis l’attaque terroriste du 20 novembre 2015 à l’hôtel Radisson Blu de Bamako. Agression qui a fait 22 morts, dont deux assaillants. Ainsi, le président du Faso, Michel Kafando, a dépêché, hier lundi 23 novembre 2015, le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida à Bamako pour exprimer les condoléances et la compassion du peuple burkinabè à son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta. « Je porte un message du président du Faso, Michel Kafando, à son frère Ibrahim Boubacar Keïta, président du Mali, pour lui exprimer les condoléances et le sentiment de profonde tristesse et de compassion du peuple burkinabè tout entier à l’endroit du peuple frère du Mali, après les événements qui se sont passés ici », a indiqué le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, à sa sortie d’audience avec le chef de l’Etat malien au palais de Koulouba. Comment le président du Mali a-t-il réagi à cette marque de solidarité ? La presse n’a pas été en mesure d’arracher un mot à Ibrahim Boubacar Keïta qui, la tristesse au visage, s’est éclipsé après avoir raccompagné le Premier ministre burkinabè. Il devait recevoir par la suite son homologue du Bénin, Yayi Boni. Mais la réaction du peuple malien a été traduite par le Premier ministre du Mali, Modibo Keita. « Je remercie très sincèrement de façon fervente le frère et ami le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, pour avoir effectué ce déplacement au nom du président du Faso et au nom du peuple burkinabè.
C’est une marque extraordinaire de sympathie. C’est un élan de solidarité au moment où le peuple malien est tourmenté », a dit le chef du gouvernement malien, la voix émue. Avant d’ajouter : « C’est réconfortant pour nous de sentir qu’à nos côtés existent des frères et des sœurs qui partagent notre douleur et qui sont engagés avec nous pour vaincre le terrorisme. Ce message du président du Faso s’inscrit dans la tradition d’amitié et de fraternité qui existe entre les deux peuples, et cela présage d’une lueur d’espoir au terme duquel les pays voisins, les pays africains manifestent une telle solidarité pour mutualiser les efforts. C’est un sentiment de gratitude et de reconnaissance qui nous anime et nous remercions nos frères burkinabè ».
A l’image de M. Keita, cette tuerie a affecté la plupart des Maliens. A Bamako, l’ambiance est morose. Tous les drapeaux sont en berne, à cause du deuil national de trois jours décrété par le gouvernement.
Ambiance morose…
La ville est quadrillée par les forces de l’ordre et de sécurité. Pendant que certains éléments sont postés à deux dans des lieux stratégiques, d’autres sont dans des chars de combat à patrouiller dans la ville. Dans cette ambiance mortuaire, une psychose apparente règne. Seules quelques personnes osent s’aventurer dans les artères de Bamako. Les traditionnels embouteillages de Bamako ne sont pas au rendez-vous. L’heure est au recueillement, à la compassion et à la solidarité. Les chefs d’Etat de la sous-région, défilent à Bamako, ces jours-ci, pour manifester leur soutien au peuple malien sous le choc. C’est le cas du président béninois dont l’avion atterrissait quand la délégation burkinabè redécollait pour Ouagadougou aux environs de 13h. Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, le président camerounais, Paul Biya étaient aussi attendus dans la capitale malienne. Avant le déplacement sur Bamako, le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, avait présenté ses condoléances à l’ambassadeur du Mali au Burkina Faso au lendemain de l’attaque terroriste.
L’évènement qui endeuille le peuple est survenu aux environs de 7 heures du matin, le vendredi 20 novembre 2015. L’hôtel Radisson Blu de Bamako, établissement hôtelier cossu du quartier ACI 2000, qui compte 190 chambres, a été investi par des assaillants armés qui seraient arrivés à bord d’un véhicule muni d’une plaque diplomatique. Une fois sur les lieux, les agresseurs ont ouvert le feu et pris en otage 140 clients et 30 employés de l’hôtel dans les étages. Grâce à l’intervention des forces de sécurité maliennes, appuyées par la MINUSMA (forces de l’ONU) et des éléments de la force française « Barkhane », les assaillants ont été délogés. Le bilan de cette attaque terroriste revendiquée par des jihadistes d'al-Mourabitoun, un groupe lié à Al-Qaïda, est lourd : 22 personnes tuées dont deux assaillants. Outre les trois jours de deuil, le gouvernement a décrété l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire pour dix jours, à compter de la nuit de vendredi 20 à samedi 21 novembre 2015. A l’heure actuelle, les services de sécurité maliens sont à la recherche d’au moins trois suspects.
Somborigna Djélika DRABO