Dans quelques jours, le 29 novembre précisément, les Burkinabè seront appelés aux urnes pour élire leur futur président. Une élection qui mettra ainsi fin à la période de Transition enclenchée après l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Avant cette échéance cruciale pour le Burkina Faso, le Mouvement du manifeste pour la liberté a animé un panel, le jeudi 19 novembre dernier au Centre national de presse Norbert Zongo. Lequel panel a permis aux participants de faire le bilan de la Transition et d’attirer l’attention des futurs dirigeants du pays sur les aspirations du peuple. Le Pr Mahamadi Sawadogo, coordonnateur dudit mouvement a, au cours de sa communication, fait noter trois leçons à retenir à l’issue de l’insurrection au Burkina Faso.
« Trois leçons sont à retenir à l’issue de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 qui a abouti au départ de Blaise Compaoré du pouvoir. La première est celle qui consacre le droit à l’insurrection au peuple burkinabè. Si jamais, nous nous retrouvons dans des circonstances similaires, nous avons le droit de nous insurger. La deuxième leçon est la capacité qu’a le peuple burkinabè de se donner des formes d’organisation en dehors de celles conventionnelles. La 3e leçon est la passion pour la chose publique qui s’est emparée de nos citoyens », a expliqué le Pr Mahamadi Sawadogo au cours du panel. Dans son développement et abordant la question des élections, il s’est interrogé sur ce que valent des élections après une insurrection. Précisément, il se demande quels sont les enjeux à venir pour les partis politiques conventionnels. A cette question, il fait d’abord le constat que les partis politiques sont essentiellement reconnus par les institutions et reçoivent même une subvention pour mener leurs activités, avant d’affirmer que l’enjeu principal pour les élections est de faire oublier l’insurrection.
« Les élections seront une occasion pour oublier l’insurrection. Les nouveaux dirigeants doivent faire en sorte que le peuple n’ait plus envie de refaire une insurrection, en fixant clairement les modes de changement acceptables au-delà desquels on ne doit pas aller. Sinon, à chaque fois qu’il y aura abus, il y aura mobilisation », a prévenu le conférencier. Il ajoute que les candidats à l’élection présidentielle ne doivent pas s’attendre à ce que les élections mettent fin à l’esprit insurrectionnel du peuple burkinabè. « Les futurs dirigeants doivent se préparer à travailler sous un contrôle populaire exacerbé », a conclu le coordonnateur du Mouvement du manifeste pour la liberté. Après lui, les participants au panel ont été tenus en haleine par Mamadou Barro, autour de trois thèmes dont «55 ans d’indépendance : néocolonialisme, putschisme et élections» ; «2014, alternance ou alternative révolutionnaire ?» et « Elections actuelles et les acquis de l’insurrection ». Concernant les acquis de l’insurrection, il a fait noter qu’ils sont importants et que le premier acquis majeur était d’avoir mis fin au « régime mafieux de Blaise Compaoré qui était protégé par le Régiment de sécurité présidentielle ». En plus, mentionne-t-il, l’insurrection et le putsch manqué du 16 septembre ont montré l’esprit de sacrifice et d’héroïsme du peuple burkinabè et la prise en main par le peuple de son destin. Les communications ont été suivies avec beaucoup d’attention par les participants qui ont soulevé quelques préoccupations avant de se donner rendez-vous après les élections pour d’autres débats.
Yannick SANKARA